On reconnait la valeur des peuples pendant les grands jours de danger. Le président de la République son excellence El Hadj Ibrahim Boubacar Keita du Mali sachant bien cela a décidé d’aller à la rencontre de l’ancien président de la République le Général de corps d’armée Amadou Toumani Touré. Il a donné la bonne nouvelle à la faveur du lancement de la 12eme journée du paysan le samedi dernier dans la sous-préfecture de Baguineda.
« Je ne suis pas un égoïste, la journée du paysan est une initiative du président ATT, d’ailleurs je le rencontrerai prochainement » sous un tonnerre d’applaudissement. En disant cela le président IBK surprend ceux qui ont toujours cru qu’il voulait la peau de celui que les Maliens réclament à corps et à cri.
Accusé d’avoir démantelé l’outil de défense et d’avoir ouvert la boite à pandore pour permettre aux rebelles apatrides du MNLA et autres djihadistes de s’installer au nord du Mali, il sera victime d’un coup de force qui va plonger le Mali dans les moments les plus sombres de sa glorieuse histoire avec à la clé l’occupation des trois régions septentrionales du pays.
Pour éviter un bain de sang il décide de jeter l’éponge et prend la route de l’exil à l’image de Sogolan Djata qui a du quitter le Mandé pour préserver ses enfants de la furie de la reine mère Sassouma Bereté . Pendant plus de deux ans il sera traité de tous les noms d’oiseaux. Avant que le président IBK ne lui rende un premier hommage lors de l’inauguration de l’hôpital Sominé Dolo de Mopti. Avec ce premier mea culpa l’Assemblée Nationale qui a voté la mise en place de la haute cour de justice pour statuer sur le sort du père du multipartisme intégral au Mali commence elle aussi à émettre des doutes sur le bien fondé d’une éventuelle extradition d’ATT pour qu’il s’explique sur les raisons de la défaite de l’armée nationale face aux bandits du MNLA et aux narco djihadistes qui ont largement profité de la crise de la Grande Jamahiria Arabe Libyenne Socialiste et Populaire provoquée par l’ancien président français Nicolas Sarkozy .
Durant la campagne présidentielle IBK avait promis de ramener l’ancien président pour qu’il rende compte de sa haute trahison au peuple.
Après la conquête de Koulouba le président face à l’amère réalité de l’exercice du pouvoir commence à mettre de l’eau dans son vin. D’ailleurs du côté du palais de Ndiourane le président Macky Sall fait monter l’adrénaline en soulignant que le président ATT est venu à Dakar sur demande de la CEDEAO et du Gouvernement de la République du Mali.
Le Ministre sénégalais des affaires étrangères invitera Bamako à réfléchir deux fois avant de prendre à la hussarde des décisions susceptibles de compromettre le régime en place.
Avec la visite maladroite du premier Ministre Mara à Kidal les données changent. De plus en plus on commence à donner raison à ATT quand il disait en 2012 que ceux qui soutiennent les rebelles sont plus forts que nous.
La prise de Kidal le 21 mai par les rebelles et leur allié djihadiste pousse enfin le pouvoir à se rendre compte de l’amère réalité qu’il faut une Union Sacrée pour que Kidal la ville rebelle regagne la mère patrie.
C’est dire que la tournure des événements ne laisseront pas le choix à IBK. Déjà proche d l’ancien président Moussa Traoré il tentera selon certains de prendre langue avec le président Alpha pour bénéficier de son expérience du pouvoir pour pouvoir enfin gérer le cas Kidal qui est devenu un caillou dans la chaussure du Mali. Mais ce dernier aurait posé comme condition qu’il se réconcilie d’abord avec le président ATT.
La situation difficile que traverse le Mali aussi a imposé au parti majoritaire d’initier un meeting qui s’est tenu le 21 mai 2016 au palais de la culture au sein d’un mouvement appelé en bambara « An ka ben » pour demander le retour et la réhabilitation du président ATT pour une réconciliation de tous les courants politiques. Si IBK parvient à mettre ensemble tous les anciens chefs d’Etat en vie il sera considéré comme celui qui a réussi le pari de la réconciliation. Il rejoindra dans les annales de l’histoire John Dramani Mahama qui est parvenu à assoir à la même table les anciens présidents Jerry Rwalings et John Kuffor.
Badou S. Koba