Ces engrais 100% bio et 100% malien permettent de régénérer durablement les sols en augmentant les rendements Les ministres de l’Agriculture, Kassoum Dénon, et du Commerce et de l’Industrie, Abdel Karim Konaté, ont inauguré ce mardi à Ségou, l’usine de production d’engrais organiques d’Éléphant Vert Mali. La cérémonie a regroupé sur le site la directrice d’Éléphant Vert France et celle de la succursale malienne, Christine Levilain et Oumou Sidibé Vanhoore Beke, ainsi que plusieurs officiels maliens dont le maire de Pelengana, Mme Diabaté Oumou Bamba. Cette inauguration survient dans le sillage du lancement officiel de la campagne agricole 2016-2017 par le président de la République.
Cette usine de production « d’engrais 100% bio, 100% malien » ouvre de manière officielle ses portes à un moment où « la fertilité des sols maliens subit de plein fouet les effets conjugués du changement climatique et de l’utilisation intensive et non appropriée de certains produits et intrants chimiques ». Ces phénomènes, précise un communiqué remis à la presse, entrainent une réduction considérable (3,5 à 5 millions d’hectares) des terres cultivées et cultivables avec pour conséquences des pertes annuelles de productivité. Ces pertes sont estimées à 6,5 tonnes à l’hectare et entrainent une utilisation des sols marginaux comme terre de culture, selon le communiqué.
L’usine propose 4 gammes de produits qui sont 100% naturels dont certains riches en matières organiques permettent de régénérer durablement les sols en augmentant les rendements. Au nombre des produits disponibles, une variété à base de micro-organismes (champignon et bactéries) qui améliore la nutrition et la protection des racines permettant ainsi une meilleure croissance et fructification de la plante ; une seconde qui protège les cultures contre les ravageurs et maladies de manière naturelle.
Le groupe propose également trois gammes de services, notamment un accompagnement technique à travers la clinique des plantes et un réseau d’experts sur le terrain. L’accompagnement financier et industriel sont les autres services proposés.
Pour le ministre de l’Agriculture, Kassoum Dénon, « la mise en place de cette usine de production d’engrais organique s’inscrit en droite ligne de la vision du Gouvernement qui est de promouvoir une agriculture durable, moderne et compétitive ». A cet effet, Kassoum Dénon a assuré que le gouvernement accompagnera toute initiative qui vise à développer le monde rural. Il a ainsi rappelé l’importance du secteur agricole qui, grâce à la volonté du Président de la République, bénéficie de 15% du Budget national.
Aux nombreux paysans présents a la cérémonie, le ministre de l’Agriculture a expliqué les grands enjeux de l’utilisation des engrais organiques en soulignant les conséquences de l’usage intensif de produits et intrants chimiques qui sont en train de « fatiguer » nos sols, rendant ainsi problématique leurs capacités de rendement. Il a donc incité les agriculteurs à utiliser des produits qui vont permettre, grâce aux amendements organiques et aux biofertilisants, une agriculture saine et durable.
Pour le ministre du Commerce et de l’Industrie, l’événement est un apport considérable dans l’économie et l’agriculture du pays. Selon Abdel Karim Konaté, « cette unité de production d’engrais organiques faits à partir de matières locales comme la bouse de vache, la fiente de volaille, le contenu de panse, la graine de coton, entre autres, a une capacité de 50 000 tonnes par an, extensibles à 100 000 tonnes. Elle a nécessité un investissement de 5 milliards de Fcfa et a créé 110 emplois permanents et plusieurs milliers d’emplois indirects ». Évoquant l’importance de la qualité des intrants dans la productivité agricole, le ministre Konaté a assuré que le groupe Éléphant Vert a bénéficié et continuera de bénéficier de l’appui et de l’accompagnement du gouvernement afin d’atteindre les objectifs fixés que sont « l’autosuffisance alimentaire et la disponibilité des matières premières d’origine agricole ».
Le ministre du Commerce et de l’Industrie a salué le choix du groupe Éléphant Vert de valoriser les produits locaux maliens en les utilisant comme matière première. Le gouvernement, a-t-il promis, accordera des avantages spécifiques à l’entreprise pour cette option de valorisation des matières premières locales.
En réponse aux préoccupations du maire de Pelengana, Mme Diabaté Mamou Bamba (pour laquelle cette initiative contribue à l’autosuffisance alimentaire), la directrice pays Mali d’Éléphant Vert, Oumou Sidibé Vanhoore Beke, a assuré que 80% des emplois créés par cette unité industrielle sont revenus aux jeunes de Ségou et de ses environs. Pour Oumou Sidibé Vanhoore Beke, la présence des ministres de l’Agriculture et du Commerce et de l’Industrie traduit l’intérêt des pouvoirs publics pour une agriculture saine et durable. Cette cérémonie, estime-t-elle, est symbolique à plus d’un titre.
Évoquant d’abord le choix du Mali pour l’installation de cette usine, elle remarque : « Pendant que l’usine s’installait en 2012, d’autres investisseurs fuyaient le Mali à cause de la crise multidimensionnelle qui frappait de plein fouet le pays ». Le choix du Mali à cette époque « sombre de son histoire » traduit, de son point de vue, la confiance des actionnaires d’Éléphant Vert.
L’autre symbole, pour Oumou Sidibé Vanhoore Beke, réside dans le choix de Ségou. « La région de Ségou est le cœur de la production rizicole, cette région proche de Bamako assiste au départ de sa population active vers la capitale, l’usine leur donnera une activité économique supplémentaire avec des perspectives de création d’emplois directs et indirects », a-t-elle expliqué.
L’usine de production d’engrais organiques Éléphant Vert Mali est située dans la zone industrielle de Ségou. Bâtie sur un site de plus de 6 hectares, elle est le fruit d’un investissement de 5 milliards de Fcfa du groupe commercial suisse, Éléphant Vert, créé par Antenna Technologies, une fondation spécialisée dans la recherche, l’adaptation et le transfert de technologies innovantes permettant de lutter contre la pauvreté et de promouvoir un développement durable.
K. DIAKITE
Source: Essor