Le Bureau de la Conseillère Principale pour la Protection des Femmes de la MINUSMA a organisé, du 24 au 25 mai 2016, à l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin Beye de Bamako, un atelier de renforcement des capacités des officiers de la Police malienne. La formation intitulée « Accueil et orientation des victimes de violences sexuelles » a rassemblé 38 officiers de police venant de tout le Mali. Ainsi, on pouvait compter parmi les participants 19 agents de la ligne verte 80333, 16 provenant des différents Commissariats du district de Bamako ainsi que 3 officiers venus des régions du Nord du Mali, soit un total de 30 femmes et 8 hommes, un ratio inhabituel dans une formation qui trouve sa justification par le fait que les femmes victimes de violences sexuelles sont plus enclines à se confier à un personnel en uniforme de sexe féminin,
Cette formation qui s’inscrit dans le domaine du renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité maliennes sur la gestion des violences sexuelles liées au conflit, combinait cas pratiques et formation théorique. Le point central de la formation de deux jours était axé sur l’accueil et l’orientation des victimes de violences sexuelles. En effet le Bureau de la Conseillère Principale pour la Protection des Femmes a constaté, grâce à des enquêtes de terrain, que l’une des grandes barrières pour les survivantes qui souhaitent reporter les crimes dont elles ont été victimes est la peur d’être confrontées aux forces de Police.
Pour une victime qui vient de subir de tel traumatisme, il est souvent très difficile d’être face à des hommes, de surcroît en uniformes. Ainsi il est nécessaire pour les policiers, qui sont des acteurs clés dans cette lutte d’avoir les capacités et l’approche nécessaire pour réinstaurer une confiance parfois brisée avec les personnes du sexe opposé. En effet, dans un pays où la culture reste majoritairement pudique sur ces sujets sensibles, il est nécessaire de sensibiliser les forces de Police afin d’encourager les victimes à briser le silence.
Banir l’impunité face à de tels traitements inhumains et dégradants
Les participants, qui ont montré un grand intérêt aux sujets abordés tout au long de la formation, ont reçu leurs attestations des mains de M. Moussa Ag Infahi, le Directeur Général de la Police du Mali et de M. Koen Davidse, le Représentant Spécial Adjoint de la MINUSMA en charge du pilier politique, du Colonel Maiga, Représentant du Directeur Général de l’Ecole de Maintien de la Paix et de Mme Bernadette Sene, la Conseillère Principale pour la Protection des Femmes de la MINUSMA.
Le Directeur Général de la Police du Mali s’est ainsi félicité de la collaboration fructueuse qui existe entre l’Unité de Protection des Femmes et la Direction Générale de la Police, qui a déjà formé des dizaines d’officiers sur ces questions. « Les violences sexuelles sont des crimes graves qui doivent être pris très au sérieux et puni sévèrement » a-t-il déclaré à ses 38 subordonnés. Réaffirmant sa volonté d’étendre et élargir cette collaboration avec le Bureau de protection des femmes de la MINUSMA, il s’est engagé à œuvrer pour l’instauration des modules spécifiquement dédiées aux violences sexuelles liées aux conflits dans le curriculum des élèves de l’Ecole de Police.
Depuis le début du conflit au Mali, le sous-cluster Violences Basées sur le Genre a dénombré plus de 700 cas de violences sexuelles liées au conflit qui ont été rapporté par les différents acteurs travaillant sur cette thématique. Cependant, la peur des représailles, la stigmatisation des victimes et le poids de la culture sont les principaux éléments qui empêchent les survivantes de dénoncer ces crimes dont elles sont victimes. Dans ce combat pour mettre un terme à l’impunité des coupables, le renforcement des capacités des forces de sécurité et de défense maliennes sur ces questions spécifiques joue un rôle clé dans l’accès des victimes à la justice et l’instauration d’une paix durable au Mali.