Représentant spécial du Secrétaire général de la MINUSMA, Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif
Mesdames et messieurs les journalistes, je voudrais d’abord vous remercier d’être avec nous ce matin pour partager un certain nombre de préoccupations et surtout nous donner l’occasion de vous éclairer sur un certain nombre de sujets.
Vous savez le Mali vit des moments difficiles, la MINUSMA depuis un mois est à la Une de toute la presse internationale ainsi que la presse nationale. Ce qui est souvent mis en exergue pour le Mali, c’est la recrudescence de l’insécurité, c’est le non-avancement de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali mais aussi les attaques répétitives dont sont victimes aussi bien les FAMa que la MINUSMA, surtout la MINUSMA et aussi nos partenaires de la Force Barkhane.
Je crois que ce sont des sujets de préoccupation, nous nous préparons pour aller à New York pour les débats sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA et nous avons estimé nécessaire de nous retrouver avec vous pour un échange autour de toutes ces questions de l’heure qui sont autant de sujets de préoccupation.
Je ne voudrais pas beaucoup m’attarder sur ces mots liminaires, je préfère vous remercier pour le travail immense que vous faites tant pour le Mali que pour la MINUSMA. Je suis à votre disposition pour les questions et pour répondre à vos préoccupations.
Amadou Coulibaly, Journal du Mali
Est-ce qu’on peut savoir si toutes ces violences sont liées au blocage de la mise en œuvre de l’Accord de paix issu du processus d’Alger ?
Daouda Doumbia, Africable Télévision,
Je voudrais savoir si le bilan de l’attaque à Gao a évolué à l’heure actuelle ?
Serge Daniel RFI/AFP
Monsieur le Représentant spécial, au vu de tout ce qui se passe, au vu des derniers développements et vous avez déclaré récemment que la crise s’installe maintenant dans le centre. Est-ce que vous ne pensez pas que nous assistons à des évènements qui devraient peut-être obliger les Nations Unies à renforcer leur mandat ici au Mali pour un mandat plus robuste, plus offensif dont on parle maintenant depuis quelques mois ?
Monsieur Baby, La Caravane
On voit qu’il y a une faiblesse dans la communication entre la MINUSMA et les populations. Il faudrait absolument une synergie dans le travail pour pouvoir au jour le jour identifier tous ceux qui arrivent au nord surtout je parle des grandes villes comme Tombouctou d’où je viens ou Gao. Il y a une faille au niveau de la collaboration des populations qui doivent se donner la main pour vous accompagner. Il faut déclarer toute personne suspecte qui arrive. Je ne parle pas que de la MINUSMA, je lance l’appel à nos populations. Ce n’est une question mais une contribution et je dirai même que c’est un cri de cœur de ma part. Il faut la collaboration et l’engagement de tout le monde.
Représentant spécial du Secrétaire général de la MINUSMA, Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif
La première question porte sur les liens possibles entre ce que nous sommes en train de vivre et le manque de progrès dans le processus de paix. Je crois que ceci est une évidence. Il faut partir du fait que la crise malienne est d’abord une crise de politique. Si tout le tout le monde a placé d’immenses espoirs en l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, c’est qu’aussi bien les maliens que les amis du Mali espèrent que sa mise en œuvre va changer quelque chose.
Or, le constat aujourd’hui est que l’Accord n’avance pas ou avance peu. J’ai toujours répété et dis que la meilleure façon de ramener la paix au Mali, c’est de mettre en œuvre de façon intégrale l’Accord de paix. La meilleure façon de combattre les terroristes, de les isoler c’est la mise en œuvre effective de l’Accord de paix.
Toute minute, tout temps perdu pour la mise en œuvre de cet accord, est autant de temps gagné par les ennemis de la paix. L’insécurité n’est pas un phénomène isolé, il est le résultat d’un certain nombre de choses. Personnellement, je ne cesse de le dire que c’est le retard que connait la mise en œuvre de l’Accord de paix, qui est une dépose fondamentale de cette recrudescence l’insécurité. Il ne faudrait pas qu’on se le cache. Nous avons fêté le premier anniversaire de cet Accord. Aujourd’hui, nous faisons partie de ceux qui disent qu’il y a des avancées sur certains points. Mais quand on discute avec les principaux signataires, qui sont les principaux chargés de sa mise en œuvre, ni le Gouvernement n’est content, moins encore les mouvements signataires. Aujourd’hui, ce n’est pas le moment de se jeter les responsabilités.
Nous sommes devant un constat qui montre que l’Accord de paix n’avance pas et j’ai bien peur qu’on a n’en arrive à un point de blocage. Et de l’autre côté, les ennemis de la paix évidemment prennent plus de place et j’estime que cette situation doit nous interpeller.
Pour être bref, oui le processus de paix est un élément extrêmement important, le lien et le retard qu’il connait a pour conséquence direct, l’insécurité que nous sommes en train de vivre ces derniers temps.
Concernant le bilan de Gao, il n’y a pas d’éléments nouveaux, il y a eu les premières pertes, nous avons perdu un de nos soldats de la paix, un camarde d’UNMAS, deux civils maliens, deux casques bleus qui ont été évacués à Dakar pour bénéficier des traitements adéquats et une dizaine de blessés sont en train d’être traités à Gao et Bamako. Par conséquent, il n’y a pas d’évolution du bilan de Gao.
Le Correspondant de RFI a parlé du renouvellement du mandat pour savoir s’il n’était pas temps d’avoir un mandat robuste ?
Au-delà du qualificatif « robuste » ou quand d’autres parlent de « posture », je dirai que ce mandant sous le Chapitre 7 est déjà robuste. Mais la question qui se pose automatique est de savoir pourquoi il n’arrive pas à remplir ses missions ?
Il est aujourd’hui pratiquement attaqué, pour ne pas dire chaque jour. Ceci est une question qui nous interpelle. Je pars au Conseil de sécurité avec le constat et quand même un certain nombre de leçons de ce que nous vivons.
Nous évoluons dans un environnement hostile où les ennemis de la paix ou encore les terroristes, je dirai encore plus et leurs complices parce que ce ne sont pas seulement les terroristes qui se pavanent sur les routes et posent des mines. Ils ont surement des complices. Le constat est qu’aujourd’hui, il y a une montée en puissance de ces terroristes. Et comme vous le dites si bien, nous constatons qu’ils descendent de plus en plus vers le sud, tel est le constat. Ils font mal et ils tuent au quotidien. Si ce n’est pas le personnel de la MINUSMA, ce sont les membres de Barkhane, s’ils ne sont pas de Barkhane, ce sont des maliens qu’ils soient FAMa ou qu’ils soient des civils. Le constat est là et que faut-il faire ?
J’estime que nous même au niveau de la MINUSMA, nous devrons faire notre autocritique. Il y a un certain nombre de choses à notre disposition que nous aurions dû mieux exploiter pour qu’on soit plus proactif, plus dissuasif et dans un tel environnement et il faut montrer ce dont on est capable. Est-ce qu’on les a toujours montrées ? Est-ce qu’on les a toujours utilisées ?
Il y a un certain nombre de leçons que nous devons sereinement et la plus froide possible que nous devons tirer. Et dire que cela ne peut plus continuer comme tel. Il est extrêmement important que notre attitude change.
Maintenant, il est vrai qu’il y a certain nombre de choses en matière d’équipements notamment en matière d’engins blindés, d’avions de surveillance et de renseignement qui doivent être renforcées. Certaines à partir de la MINUSMA mais d’autres qui demandent surement d’être prises en compte au niveau de la résolution qui va sortir.
Dans tous les cas, beaucoup d’entre vous ont vu le rapport du Secrétaire général, les propositions de l’équipe de la revue stratégique, autant d’éléments qui ont été inclus dans le rapport du Secrétaire général. Mais comme vous le savez, le mandat de la MINUSMA dépend d’une résolution qui doit être prise par les membres du Conseil de sécurité.
Nous osons croire que les membres du Conseil de sécurité qui ont mandaté la MINUSMA mettront tout à sa disposition en le consignant dans ce nouveau mandat, pour que la MINUSMA puisse accomplir sa mission avec plus d’efficacité mais aussi avec moins de perte que possible. Quand on s’engage dans une telle mission, les pertes font partie des risques que nous devons prendre, elles deviennent importantes, elles sont inadmissibles et elles condamnables. Mais il faudrait nécessairement que le Conseil de sécurité prennent également les dispositions et les mesures pour que ceux qui commettent de tels actes, parce qu’à chaque fois et on l’a répété à plusieurs reprises pour qu’ils soient poursuivis, qu’ils soient susceptibles d’être accusés de crime contre l’humanité, de crime de guerre. Ce sont autant d’engagements forts et il est important que ceci se traduise sur le terrain par des actes concrets. Le Conseil de sécurité saura le moment venu, amener un certain de choses qui nous permettront d’aller de l’avant parce que la MINUSMA doit continuer sa mission.
Par rapport à la quatrième question, la Résolution 2227 assigne à la MINUSMA un certain nombre d’obligations à savoir le maintien du cessez-le-feu entre les groupes signataires et le Gouvernement mais parmi tant d’autres objectifs c’est la protection des populations civiles, garantir et promouvoir les notions de droits de l’homme et faciliter l’accès à l’aide humanitaire.
Ces populations civiles que la MINUSMA doit protéger, il est également dit dans la même Résolution que cette population que leur coopération et collaboration sont nécessaires et indispensables. Parce que ces terroristes évoluent dans un environnement. Cet environnement est malien et j’ai toujours dis qu’il faut que la population malienne sente que la MINUSMA est là pour elle et qu’elle doit l’aider en matière de collaboration, en matière de renseignement. Le dernier intervenant qui a posé la question, c’est vrai que la MINUSMA a des droits et des devoirs, le Gouvernement malien a des droits et des devoirs, tout comme les groupes signataires mais la population également a des droits et des devoirs. Est-ce que chacun d’entre nous joue sa partition ? De ce point de vue, il y a beaucoup de choses à faire. Les médias et particulièrement les médias maliens nationaux ont le devoir de faire passer le message que la MINUSMA est là pour les maliens, pour les populations maliennes et qu’il faut coopérer avec elle pour que ces terroristes ne puissent pas nous ramener à la situation de 2012.
Donc oui, je suis vraiment pour la coopération avec les populations maliennes. Nous avons le droit et le devoir de les protéger. Nous demandons également qu’elles coopèrent de leur côté, qu’elle aide les forces de défense et de sécurité de la MINUSMA, qu’elles aident également les FAMa pour qu’on puisse réellement atteindre l’objectif final de notre mission, à savoir la paix et la stabilité au Mali. Voilà à peu près les réponses aux quatre questions qui été posées.
Abdoulaye Traoré, radio Calumet Tombouctou
Bonjour Monsieur, bonjour Mme, en fait ma question est relative à l’attaque de Gao: la première attaque a été perpétrée par un véhicule piégé et la deuxième attaque par des hommes armés qui sont rentrés à pied. Après l’attaque ces hommes armés se sont volatilisés dans la nature pendant que la MINUSMA existe à Gao, Barkhane à Gao, les FAMa aussi à Gao. Comment peut-on justifier une telle faille ?
Mohamed Sala Koirakoi, journaliste radio Lafia Tombouctou
Dernièrement nous assistons à une montée en puissance des terroristes au nord aussi bien qu’au sud, et dans cette situation la MINUSMA, la Force Barkhane et les FAMa sont toutes des cibles potentielles. J’aimerai savoir dans cette situation qui doit faire quoi, c’est à dire qui doit assurer la sécurité de qui ? Est-ce que la MINUSMA doit assurer la sécurité des FAMa, est que les FAMa doivent assurer la sécurité de la MINUSMA, ainsi de suite ? Merci
Boubacar Bablen Touré, ORTM Gao
Moi ma question est de savoir après toutes ces attaques contre les camps de la MINUSMA, quelles vont être les nouvelles dispositions que la MINUSMA va prendre pour contrecarrer ces attaques-là ?
Boubacar Alfousseyni, radio Naneye, Gao
J’aimerai qu’on nous fasse une description exhaustive de l’attaque de Gao. Comment l’attaque de Gao a eu lieu concrètement ?
Aliou Arboncana Maiga, radio Adaar Fm koima, 101.7 Gao
Moi ma question est ce que des évènements qui se sont passés de la semaine du 25 jusqu’au 31, est ce que la MINUSMA peut expliquer, s’ils ont vraiment pris des dispositions pour la population, parce que là où est, elle a vraiment peur ? Merci
Moussa Traoré, de la radio Kounary, Mopti, correspondant de Studio Tamani
Vous me permettrez tout d’abord de vous dire merci que nous sommes très contents ici au niveau de la région de prendre la parole avec le leadership de la MINUSMA. Nous avons beaucoup de choses certainement dans la région et nous aimerions que cela soit une continuité. Ceci étant dit j’ai une question à poser, c’est de savoir est ce que l’effectif des soldats disponibles de la MINUSMA dans la région de Mopti peut aujourd’hui réellement jouer son rôle de stabilisation dans la région, vue l’étendue et la spécificité de la région, notamment le Delta intérieur du Niger ?
Mamadou Bocoum, radio Kawral, Mopti
Ce qui m’amène à rappeler l’embuscade tendue aux soldats de la MINUSMA tombés il y a quelques jours. Alors est ce que vous pouvez nous donner des explications précises par rapport à cette embuscade ? Qui l’a fait, comment ces véhicules ont été pris dans cette embuscade?
Représentant spécial du Secrétaire général de la MINUSMA, Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Salet Annadif
Merci beaucoup, de mon côté également, je salue un peu le travail qui se fait au niveau de nos bureaux régionaux.
Il y a trois types de questions que j’ai notées. Gao et Tombouctou : est-ce que l’attaque de Gao n’y a-t-il pas eu des failles ? Quelles sont les nouvelles dispositions pour contrecarrer ce genre d’attaques ou d’action ? Une question subsidiaire : description de l’attaque.
Je n’oublie pas la question qui veut savoir la différence entre la mission de Barkhane, la mission des FAMa, la mission de la MINUSMA : qui fait quoi ?
Je vais revenir sur Mopti ; je veux dire juste Tombouctou, Gao, donc je me permettrai tout simplement de dire : par rapport aux failles, par rapport aux nouvelles dispositions, par rapport aux descriptions, je crois que tout ça se résume à travers ce que j’avais dit dans mon mot introductif à savoir : est-ce que le temps n’est pas venu pour que la MINUSMA également fasse son autocritique ; est-ce que le temps n’est pas venu pour que la MINUSMA tire, un certain nombre de leçons également de ce qui s’est passé. Je crois que ça se résume en cela et, nous devrons le faire pour en tirer des leçons et faire en sorte que ça ne revienne pas. Je ne voudrais pas à ce stade me permettre de dire qu’il y a des failles, il y a des insuffisances, mais dans tous les cas, nous sommes en train de travailler pour essayer de déceler qu’est-ce qui n’a pas marché, parce que le plus important dans ce genre de choses et, c’est une leçon de toute la vie. Connaitre une situation est une chose, en tirer des leçons pour ne pas commettre les mêmes erreurs ou pour que ça ne se répète pas est une chose. Je crois que le temps est venu pour que nous nous arrêtions et que nous nous disions : « qu’est-ce qui n’a pas marché et que faut-il faire ».
Maintenant les missions des FAMa, MINUSMA, Barkhane, je crois que vous êtes de la presse, je ne voudrais pas m’attarder sur la mission des uns et des autres, dans tous les cas nous collaborons pour la même cause, à savoir la paix, la stabilité au niveau du Mali, chacun joue sa partition et je crois que jusqu’à présent chacun la joue de façon correcte et nous coordonnons bien nos actions.
Par rapport à Mopti : est-ce que l’effectif actuel est suffisant, c’est une question qui se discute, je crois que l’équipe de la revue stratégique a fait un constat, elle l’a partagé avec les membres du Conseil de Sécurité ; nous sommes en discussion avec le Gouvernement : que faut-il faire ; est ce que le dispositif dans sa forme actuelle répond a Mopti ou faut-il l’augmenter, c’est une question qui est à l’ordre du jour.
L’embuscade de Mopti : là également je ne voudrais pas m’attarder sur le descriptif, mais quand même, on s’est rendu hier à Mopti. On est partis à Mopti, on est partis à Douentza pour rencontrer nos frères du bataillon togolais qui a connu cette tragédie. Nous avons eu un échange assez riche. Je crois que là aussi, ça nous réconforte dans notre tête, où est-ce qu’il y a eu des failles et comment faut-il faire pour les rectifier. Dans nos échanges hier à Mopti, quelqu’un m’a posé une question. Il a dit : « Lorsque nous avons quitté Sévaré pour partir pour cette opération, on voyait des gens suspects de part et d’autre de la route ; quelques-uns était aussi armés, mais nous n’avons pas franchis le pas pour aller les interroger, encore moins de pouvoir aller les interroger, encore moins les attraper, parce que vraiment nous de la MINUSMA on nous dit de ne tirer sur personne, de n’attraper personne. J’avoue que ça nous a interpellé, on en avait parlé». Je leur ai dit : « Vous avez tort si vous vous êtes comporté comme cela. La MINUSMA au Mali n’est pas venue pour se bunkeriser et se protéger seulement. Non Elle a une mission. Cette mission découle d’un certain nombre de principes des Nations Unies. Et je lui ai répété les principes des Nations Unies. Je lui ai dit que si nous sommes venus ici, c’est parce qu’il y a consentement des parties, à savoir que les maliens ont accepté que nous soyons ici. Je lui ai dit également le deuxième principe c’est notre impartialité, à savoir l’impartialité des Nations Unies, quand des maliens, comme ceux de Ténenkou et environs qui ont eu des conflits et que vous êtes en train de partir pour les réconcilier, pour les aider à surmonter ces conflits, c’est que vous devraient être impartiales : deuxième principe. Ça ne veut pas dire que nous sommes neutres. Nous sommes impartiales. Troisième principe : on nous dit que nous ne devons pas utiliser la force. Mais il y a une parenthèse qui dit : sauf en cas de légitime défense ou pour défendre son mandat. Je pense que ça veut dire tout et si on constate quelqu’un qui est suspect, nous avons le droit de l’interroger et s’il s’attaque à nous on a le droit de se défendre, mais en respectant toujours un certain nombre de principes. La nature humaine est sacrée. Nous devrions être les garants des droits de l’homme, pas de brutalité, mais nous ne devrons pas tout simplement rester les bras croisés et attendre faire de nous ce qu’ils veulent : non. Donc ça c’est une mal compréhension des principes. En plus de cela il y a un certain nombre de règles d’engagement qui ne doivent pas être dans la rue, mais dont tous nos détenteurs, tous les chefs des opérations sur le terrain. Ces règles d’engagement également fixent les conditions et si quelqu’un les respecte, il respecte les droits et les principes des Nations Unies, mais en même temps il protège la population civile. Il ne doit pas atteindre à l’intégrité des populations civiles. Il doit respecter les droits de l’homme. Il doit protéger les civils, mais quand il est attaqué il a aussi le droit de se défendre. C’est autant de choses que vous ai dit que nous avons expliqué hier. Je crois que nous allons les affiner. Le Commandant de la Force est sur ce genre de questions et je dis une fois de plus que nous sommes en train de tirer les leçons et le moment venu, j’espère qu’elles seront à la portée de vous tous, journalistes, pour vous dire qu’est-ce que la MINUSMA a pris comme nouvelles dispositions pour faire face à la nouvelle situation. Voilà un peu ce que je peux dire à ce stade. Je vous remercie.
Alima Touré, Correspondante de Sika TV au Mali
J’aimerais avoir le nombre exact des Casques bleus tombés au front durant ces derniers trois mois. Un chiffre exact.
Représentant spécial du Secrétaire général de la MINUSMA, Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif
En général je dis toujours que je n’aime pas me soumettre à cet exercice macabre de compter le nombre de mes morts, mais ce n’est pas difficile de le savoir. Je crois que l’Hôtel de l’Amitié est malheureusement témoin de beaucoup de ce genre de cérémonies. Vous avez vu que le 12 février nous avons perdu 7 guinéens ; j’avais dit que parmi ces guinéens il y a une guinéenne. Vous avez vu que le 18 mai nous avons perdu sur place 5 tchadiens et le 6ème est décédé à Dakar. Depuis se sont ajoutés six autres : l’attaque du 29, qui est le jour de la célébration de la Journée internationale des Casques bleus nous avons perdu 5 togolais ; avant-hier nous avons perdu un Casque bleu chinois. Je vous laisse au moins faire l’addition. Il y a d’autres soldats des Nations Unies qui pour les uns sont morts par accident, d’autres sont morts par mort naturelle, mais toujours en mission commandée. En tous cas le nombre est assez important et pour nous, nous disons toujours que la mort d’un seul soldat des Nations Unies est une tragédie et nous le prenons comme tel. Voilà un peu ce que je peux vous donner comme réponse. Merci.
Kaourou Magassa, AFP TV
Vous déclariez hier dans une interview parue hier par Jeune Afrique que la MINUSMA faisait face à un manque de moyens. Hier le Secrétaire Général de l’ONU a promis un renforcement des capacités des positions de la MINUSMA : est à dire que la situation est si critique qu’il faut réagir plus encore ?
Représentant spécial du Secrétaire général de la MINUSMA, Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif
Vous savez, je l’ai décrit tout à l’heure, j’avais dit que la situation est difficile. Nous devrons faire quelque chose. Les problèmes sont nombreux. Le Conseil des Sécurité a toutes les informations, il va se pencher sur le renouvellement du mandat. Je crois que la question de renforcement en matériel, en équipement, en autres choses est inscrite à l’ordre du jour et nous attendons la résolution qui va sortir le 29 juin, avec l’espoir qu’il y aura renforcement de la MINUSMA sur un certain nombre de choses que nous avons relevé et qui sont indispensables pour la poursuite de la mission, mais il faut d’abord aussi optimiser ce que nous avons, également.
Baba Ahmed, Associé de Presse Jeune Afrique
Je voudrais savoir, est-ce que vous vous voulez quelque chose en particulier qui sera voté lors des prochaines résolutions qui vont renouveler le mandat de la MINUSMA ? Merci.
Représentant spécial du Secrétaire général de la MINUSMA, Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif
Est-ce que je veux quelque chose de précis ? Non, je crois que je l’avais dit tout à l’heure. Il y avait eu une équipe de revue stratégique qui est venue ici, qui a relevé un certain nombre de nos doléances. Les membres du Conseil de Sécurité sont venus ici et j’avais dit tout à l’heure que nous avons un besoin réel au niveau de la surveillance aérienne, nous avons un besoin réel au niveau des blindés, étant entendu que, la majorité des blindés font partie de ce que le tout pays contributeur des troupes doit fournir à ces éléments sur le terrain. Également, nous sommes en discussion avec les pays contributeurs des troupes, pour qu’ils puissent être au standard onusien, conformément au mémorandum que chacun d’entre eux a signé. Donc il vaut mieux attendre la sortie de la résolution pour voir réellement si toutes nos demandes ont été acceptées ou pas.
Radhia Achouri, Porte-parole de la MINUSMA
Merci M. Annadif. Malheureusement on n’est toujours pas en liaison avec les bureaux régionaux. De toutes les façons, pour enchainer sur ce que M. Annadif vous a dit au sujet du rapport du Secrétaire général, dès qu’il est disponible en version française, comme la coutume veut, on va le partager avec vous et, avec mon équipe, pour vous faciliter encore plus la tâche, on vous donnera un résumé des points saillants qui figurent dans le rapport du Secrétaire général en termes de recommandations sur le mandat de la MINUSMA, sachant pertinemment bien, comme M. Annadif l’a bien dit, ce sont des recommandations du Secrétaire General et c’est au Conseil de Sécurité, dans son autorité en tant que l’organe principal en termes de tout ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationale, de surseoir, de décider sur ces recommandations, de décider au niveau du mandat de la MINUSMA. Bien entendu on la partagera également le moment venu, quand elle est adoptée dans les versions linguistiques, surtout française et ceux qui utilisent en anglais, bien entendu l’anglais.
Je crois qu’on a conclu cette conférence de presse. Permettez-moi de dire un grand merci aux journalistes des régions qui se sont déplacés pour se joindre à nous aujourd’hui, à tous ceux et celles qui se sont joints à nous aujourd’hui à Bamako et bien entendu un grand merci à M. Annadif et à M. Davidse, qui malgré un agenda très surchargé ont tenu à vous rencontrer pendant ces moments très importants, aussi bien pour le Mali que pour la MINUSMA. De toutes les façons, ce qui est important pour vous est important pour nous. Vous êtes la raison d’être pour notre présence ici. De toutes les façons alors, merci beaucoup et on restera en contact et on vous tiendra informés de tout ce qui va se passer dans les jours à venir. Merci encore.