Dans la cadre de l’accompagnement des victimes dans la recherche de justice au Mali, avec le concours financiers de TrustAfrica, la Coalition Malienne des Défenseurs des Droits de l’Homme (COMADDH), a organisé le 2 juin 2016, à l’Hôtel Radisson Blu, un panel sur l’état de mise en œuvre du droit à la vérité au Mali. L’objectif recherché est de cerner l’état des lieux du droit à la vérité dans le normatif, institutionnel et programmatique régional et international en vue de contribuer à booster la lutte contre l’impunité des violations des droits humains au Mali.
Qu’est ce le droit à la vérité ? Quel est le cadre juridique du droit à la vérité, quel est le cadre institutionnel du droit à la vérité ? Quelles sont les actions menées pour assurer l’effectivité du droit à la vérité depuis le début de la crise multidimensionnelle ? Quels sont les obstacles à l’effectivité du droit à la vérité ? Quelles peuvent être les éléments de propositions pour assurer et promouvoir l’effectivité du droit à la vérité ? Etaient entre autres interrogations auxquelles les panélistes conviés pour la circonstance, ont tenté de répondre à la cinquantaine de participants. Il s’agit de Mme Coulibaly Madeleine Maiga de la Commission, vérité, justice et réconciliation (CVJR), d’Emil Kakolo de la Minusma, de Thierno Amadou Sissoko de la société civile.
Il ressort des discussions que des obstacles existent pour la mise en œuvre effectif du droit à la vérité au Mali. « Du côté de l’Etat, l’on note une manque de volonté politique, d’insuffisance de ressources de la CVJR, le non respect des accords, la mauvaise application des textes, l’insécurité généralisée. Du côté de la société civile, l’on retient la manipulation politique de la société civile, l’intégrisme religieux des diaristes, la non implication des victimes dans le processus », a martelé Mme Coulibaly Madeleine Maiga.
Pour le représentant de la société civile, les défis à relever se résument entre autres, à la lenteur constaté dans l’instruction des dossiers au niveau de la justice, la faible opérationnalité de la CVJR, le relaxe unilatéral et sans jugement de certains prisonniers coupables sur lesquels portent des soupçons graves des violations des droits humains.
Pour Emile Kakolo de la Minusma, le premier défi à relever est celui de la sécurité. « Si on ne prend pas en compte ce volet avec attention, on risque de compromettre tout ce que l’Etat compte entreprendre dans le pays à travers la CVJR », a-t-il dit. Au niveau judiciaire, il a rappelé que le gouvernement doit prendre des disposition pour choisir une juridiction compétente pour prendre en main le dossier du nord pour ne pas avoir de problème dans l’avenir ». Comme propositions de solutions soulignés par les conférenciers, l’on note la mobilisation de tous les acteurs, le renforcement du dialogue intra et extra communautaire, de l’aide juridique et d’assistance judiciaire à l’endroit de victimes, lutter contre l’impunité, opérationnaliser les enquêtes nationales et internationales, etc. Le représentant de la Minusma a indiqué, concernant le concept du droit à la vérité, quatre éléments essentiels: le résultat de l’enquête, les circonstances de la violation des droits humains, l’identité de l’auteur du crime, le sort de la personne disparu. Pour opérationnaliser le droit à la vérité, la représentante de la CVJR a rappelé les lois fixant cela et les agents habilités à le mettre ne œuvre. Les actions de vulgarisation, d’assistance, de formation ont été mentionnées par la société civile.
Hadama B. Fofana