Si le Président IBK a un mérite, c’est celui d’avoir fait plus confiance en donnant plus de chance à plus de jeunes d’occuper des postes de responsabilité dans la haute administration publique. Ce fut d’abord le cas avec Oumar Tatam Ly à la Primature, ensuite Moussa Mara au même poste et beaucoup de jeunes ministres tels que Dramane Dembélé à l’Urbanisme et à l’Habitat, Ousseyni Amion Guindo aux Sports, Thierno Hass Diallo aux Affaires Religieuses, Tiéman Hubert Coulibaly à la Défense, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, à la Culture à l’Artisanat et au Tourisme, Boubou Cissé aux Finances, Abdoulaye Diop, aux Affaires Etrangères, pour ne citer que ceux-ci. A cette liste, on aurait pu ajouter tant d’autres qui occupent des postes aussi stratégiques comme celui de Directeur de la Communication du Président de la République en l’Occurrence Racine Thiam ou de Directeur de la Sécurité d’Etat, Moussa Diawara ou de simples illustres comme Amadou Koita. Dans ce lot, nous avons choisi quatre jeunes, qui par leurs parcours ou les responsabilités qu’ils occupent devaient plutôt être des lucioles pour la nouvelle génération plutôt que de cesser d’être des modèles pour la nouvelle génération. Mais faute de vision, d’ambition et de savoir-faire, ils ont jeté l’anathème sur toute une jeunesse.
Ils sont désormais quatre jeunes a défrayé la chronique, tant par leur gestion que par leurs sorties médiatiques. Ces quatre jeunes qui auraient dû montrer la voie à leurs camarades et prouver à la « vieille génération » que le Mali a des ressources compétentes pour assurer la relève, se sont plutôt enivrés des délices du pouvoir en tout oubliant. Par leurs comportements, le doute plane désormais dans le subconscient des aînés quant à la capacité de la nouvelle génération à assurer la relève avec brio autant qu’ils le furent. Le désespoir est telle aujourd’hui que le gouvernement avait pensé, après son controversé décret de réhabilitation monétaire des anciens Premiers ministres, de prendre un autre décret pour rappeler à l’activité tous les anciens retraités de la République. Qui sont alors ces quatre portes drapeaux de la jeunesse qui auraient dû inverser cette tendance ?
L’ancien PM Moussa Mara : Il fut d’abord maire de la commune IV du District de Bamako. En grand visionnaire, il avait su révolutionner avec brio la gestion administrative et financière des affaires municipales, faisant ainsi des jaloux parmi ses collègues maires des autres communes. Ensuite, à la faveur de l’élection d’IBK à la magistrature suprême, M. Mara a été nommé dans le gouvernement dirigé par Oumar Tatam Ly comme ministre en charge des villes. Là également il s’est tiré d’affaires en tant qu’ancien maire. Quelques mois seulement auront suffi à Tatam Ly pour se rendre compte qu’il ne pouvait pas travailler avec le Président IBK. Il rendit ainsi sa démission et fut remplacé par Moussa Mara. Quelle fulgurante ascension pour ce jeune qui n’avait aucune expérience dans la gestion de l’administration publique. Au lieu d’être humble et d’avoir une vision très large, M. Mara a plutôt fait feu de tout bois. Traitant tantôt les dirigeants des dix dernières années des bandits qui ont gouverné ce pays, qualifiant tantôt le Boeing Présidentiel d’avion acquis dans toutes les conditions de transparence, ainsi que les armements y afférents. Mais la goutte d’eau qui fit déborder le vase aura été sans nul doute sa visite controversée à Kidal avec son bilan macabre très lourd aux conséquences incalculables sur le plan politique et économique. Tombé en disgrâce auprès du Président IBK, il sera remercié plus tard. Il fait aujourd’hui l’objet d’une enquête parlementaire sur sa visite à Kidal dont le rapport tarde à être rendu public. Il multiple aujourd’hui les mauvaises sorties médiatiques et les contradictions. Ne doit-il pas rester cohérent pour des raisons d’éthique politique ?
Le Ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Dramane Dembélé : Affectueusement appelé Dra par les siens, le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat a été le porte étendard de l’un des trois plus grands partis du Mali en l’occurrence l’ADEMA-PASJ. Cette promotion politique n’est pas donnée à tout le monde. Même si au 25e anniversaire de l’ADEMA aucun intervenant n’a fait cas de ce pan important de l’histoire de l’ADEMA à savoir la candidature de Dramane Dembélé. Cette grande promotion politique qui devait être le début de son ascension est en passe de sonner le glas de sa carrière. D’abord, entre les deux tours des élections présidentielles, après avoir signé la convention avec les partis du FDR pour un éventuel soutien au candidat de cette mouvance qui arriverait au second tour, M. Dembélé a viré à 180° comme une ruée vers l’or du camp d’IBK, créant une terrible confusion dans les esprits des militants ADEMA. Sa seconde grosse bourde aura été sa mauvaise gestion des logements sociaux. De mémoire de postulants, le désordre et le favoritisme qui ont sanctionné l’octroi de ces logements sociaux sous DRA n’ont de comparable à nulle autre époque. Quelqu’un qui prétendait gérer toute une République n’est pas parvenu à gérer de façon transparente seulement quelques logements sociaux. La troisième et plus grave bourde est sans nul doute sa rocambolesque affaire de 700 millions qu’il a lui-même reconnus et qui seraient les émoluments dus à des consultations antérieures à sa charge de ministre. Ces affaires ne font pas honneur à la jeunesse et jettent même l’anathème sur toute une génération.
Le Directeur de la cellule de Communication d’IBK, M. Racine Seydou Thiam : M. Thiam est surtout connu pour avoir été un bon cadre d’Orange-Mali et qui a fait son baptême de feu politique lors des élections présidentielles de 2013. Il s’est surtout distingué du lot par son discours de rupture avec la vieille garde. Recalé au premier tour, il apportera son soutien à IBK. Ce dernier élu, M. Thiam attendra longtemps avant d’être nommé au poste stratégique de Directeur de la communication du Président de la République. Ce qui aurait précipité sa nomination serait ses actions sur les réseaux sociaux en faveur du Président. Surtout quand il créa un groupe de jeunes internautes formatés à tirer sur tous ceux qui rament à contre-courant du Président. A son poste son seul mérite est d’avoir créé l’espace d’échanges intitulé « Rendez-vous avec Koulouba », à la Maison de la Presse, où il s’égosille à défendre et à justifier tout acte de l’Exécutif fut-il aux antipodes de la bienpensance. Les mois s’écoulent et se ressemblent tous. Aucune information fiable qui réponde aux vraies questions que les maliens se posent, pire, il crée même de la confusion du genre, l’avion de l’ancien président Amadou Toumani Touré est en bon état et il appartient à l’Etat malien quand le contraire fut soutenu par IBK et Moussa Mara.
Le Président du PS YELEN KURA, M. Amadou Koita : S’il y avait le Prix Nobel de la transhumance politique, il aurait pu en être primé tant il a paradé entre les camps politiques souvent antagonistes. L’ancien leader estudiantin et bouillant porte-parole du FDR, le Front anti putsch, est loin d’être méconnu de la scène politique. Du PDES de Ahmed Diané Sèmega, à l’Union des mouvements et alliances pour le Mali (UMAM) de Jeamille Bittar, en passant par le PS YELEN KURA, il aura posé ses valises partout, de l’Opposition pure et dure à un virage à 180° degré vers la majorité. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si IBK a trouvé des réponses aux multiples questions qu’Amadou Koita lui posaient ? La réponse est sans ambages NON, car le Mali et les maliens sont toujours dans le creux de la vague et les problèmes restent entiers. La crise au nord est loin de connaitre son épilogue, la corruption est toujours à ciel ouvert, les services sociaux de base sont déficitaires, l’emploi des jeunes est devenu une denrée rare et le front social est loin d’être apaisé. Malgré ces griefs que l’Opposition a toujours reprochés à IBK, M. Koita et son équipe ont rallié la Majorité à l’appel, dit-il, du Président de la République. Où est la conviction ? Où est l’idéal ?
En définitive, les leaders que furent ces jeunes qui se sont battus au lendemain du coup d’Etat du 22 mars 2012 dont certains au prix de leur vie n’inspirent plus la nouvelle génération. Aujourd’hui, le gain facile est devenu la nouvelle religion foulant aux pieds, au grand désespoir des ainés qui leur ont fait confiance parce qu’ils étaient des jeunes, la morale et l’éthique politique.
Vivement donc une nouvelle génération de jeunes conscients et moralement prêts à se sacrifier à l’autel du sacerdoce de l’intérêt général comme le fit Thomas Sankara pour l’émergence d’un pays indépendant et prospère.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com