On ne cessera jamais de le rappeler que la lutte contre les prétendus jihadistes, terme employé à tort pour stigmatiser les adeptes de la religion musulmane qui ont fait le dur choix des armes pour se faire entendre, n’est rien d’autre qu’une guerre de civilisation entre l’Occident chrétien et l’Arabie musulmane autour des intérêts géo stratégiques du monde. L’Afrique en général et la bande sahélo saharienne en particulier n’est qu’une victime collatérale dépiécée et écartelée. Les véritables enjeux de cette guerre ne sont en réalité qu’économico-financiers. Ainsi, face à cette chienlit généralisée et compte tenu du blocage savamment orchestré par ceux qui ne vivent que de désordre, les Maliens doivent maintenant se réveiller. Ils doivent rentrer dans leur laboratoire pour sortir avec une solution « Made in Mali » à cette crise qui annihile tout progrès socio-économique. Pourrions-nous mettre sous veilleuse nos querelles intestines pour envisager une solution de sortie de crise purement malienne comme ce le fut cas en 1992 ? La véritable réconciliation ne passera-telle pas par l’intégration de toutes les filles et de tous les fils dans la République ? Et si ATT avait raison ?
L’on se rappelle encore comme si c’était hier du cri de cœur lancé par l’ancien Président Amadou Toumani Touré à l’endroit de ses homologues de la sous-région à qui il demandait de voler à son secours pour lutter efficacement contre le « terrorisme ». Il soutenait que la guerre qui sévit au nord Mali n’était pas la guerre du seul Mali et que le combat contre le terrorisme était un combat de longue haleine. Il n’avait pas été bien compris ce jour, mais aujourd’hui tous les pays africains se sont rendus à l’évidence que sans une synergie d’actions aucun pays seul ne peut endiguer ce fléau mondial. Le Président ATT, en soutenant également le Guide de la révolution libyenne Mouammar Kadhafi contre les frappes occidentales s’était attiré la foudre de la France de Sarkozy et de ses laquais africains. Il ne le faisait pas pour un quelconque intérêt particulier, mais parce que seulement Kadhafi par son panafricanisme exacerbé était, à ses yeux, le dernier rempart contre la déferlante Jihadiste. L’histoire lui a donné raison. Après la chute du Guide, le dernier verrou a sauté et tous les pays en ont appris à leurs dépens y compris les grandes puissances. Face à ce phénomène mondial, le Mali doit pourtant trouver sa solution locale. Le pays ayant connu l’Islam très tôt et avec plus de 95%, dit-on, de musulmans ne devrait pas avoir autant de souci à parler avec certains de ses fils qui ont pris les armes pour imposer la charia. Là également, l’histoire a donné raison à ATT qui face à une armée démoralisée, sous équipée et démobilisée contre la puissance de feu des différents groupes armés avait fait le choix de la négociation plutôt que de la guerre contre les indépendantistes du MNLA et leurs alliés jihadistes. Il était persuadé en tant que Général d’Armée que la guerre n’était pas la solution et qu’on pouvait aboutir à une résolution malienne de la crise.
La solution à la crise malienne c’est aussi la mise en parenthèses de l’Occident et de toute la communauté internationale qui ont des agendas différents de celui des maliens. Ils défendent avant tout les intérêts de leur peuple et malheur à nos politiques qui ont pensé à tort, que l’Occident était engagé dans cette guerre par philanthropie ou par amour du Mali et des maliens. Le maintien de la Paix est devenu une grosse entreprise de survie pour bien des nations occidentales qui ne vivent que de la guerre des autres.
En définitive, cette vieille terre de civilisations millénaires qu’est le Mali ne peut et ne doit pas tomber, qu’à Dieu ne plaise. Ce peuple a beaucoup de ressorts pour rebondir pourvu qu’on le mette en branle. Vivement ce sentiment de patriotisme qui jadis, singularisa ce pays et ses dirigeants qui savaient si bien montrer la voie à l’Afrique et au monde.
Youssouf Sissoko
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