Comme l’a si bien dit en si peu de mots : « le Président IBK passe, mais le Mali éternel restera ». Bien sûr, il restera si nous nous inscrivons dans cette dynamique en mettant le Mali au dessus de tout, y compris de nos intérêts personnels ou partisans.
La situation traduit une forte interpellation à l’endroit de tout malien et de tout ami du Mali, afin que les intérêts individuels et collectifs ou partisans convergent infailliblement dans celui global du Mali. C’est plus que jamais le moment pour tout le monde d’inscrire ses intérêts partisans et personnels dans l’intérêt national. Et aussi bien le pouvoir, le gouvernement et le président de la République, sont des acteurs, que les administrés, les partis politiques, même si c’est à des niveaux de responsabilité différents.
Il est déjà tard, mais jamais trop tard, pour que les Maliens se retrouvent et jouent franc jeu, sans lequel il n’y a pas de sécurité ni individuelle ni collective pour les Maliens, encore moins d’intégrité territoriale, d’unité et de cohésion nationales. Au lieu de cette conscience collective du « Mali de Nous Tous », nous assistons à un Mali où ça va dans tous les sens, et où on se tire dans les pattes, pendant que le pays, par lequel tout le monde jure, le grand Mali, lui continue de brûler.
« Le Président IBK passe, mais le Mali éternel restera », c’est ce qui explique la pluralité des candidatures lors des élections présidentielles, IBK sera succédé par quelqu’un, comme il a succédé lui-même. Il sera jugé sur son bilan, sur ce qu’il aura fait du Mali, sur ses bonnes œuvres dans la balance contre ses omissions d’agir et ses actions négatives.
Interpellé, le Président IBK l’a été à plusieurs reprises sur la nécessaire concertation nationale que demande l’application de l’accord de paix, car c’est une possibilité pour mettre d’accord les Maliens divisés sur ce document qui nous vient d’Alger et qui n’est pas jugé inclusif par le plus grand nombre de Maliens. Mais le Président semble lui-même donner raison à ses détracteurs qu’il traite de « petits messieurs » et qui le traitent de « malade d’autisme », parce qu’il ne montre pas une grande capacité d’écoute.
Au contraire, celui qui a été « plébiscité » par les Maliens rate sa sortie en déclarant qu’il n’était pas à la barre, mais le seul capitaine qui garde fermement la baraque. De l’ignorance de l’accord de Ouagadougou au refus de négocier avec les rebelles, jusqu’à la visite catastrophique de du Premier ministre Moussa Mara à Kidal le 17 mai 2014, puis à la dégradation de la situation sécuritaire et l’élargissement de la géographie des attaques terroristes au Mali, le Président IBK n’a montré aucun signe indiquant qu’il a pris l’ampleur de la situation intrigante du Mali.
Qui peut être heureux que le pourrissement de la situation au Mali fasse tâche d’huile chez certains voisins comme le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, comme c’est le triste constat qu’on ne peut s’empêcher de faire, sauf à jouer à enfouir sa tête dans le sable du désert pour refuser de voir que le pays qui a été occupé au 2/3 par les djihadistes demeure toujours le plus gros foyer de ces extrémistes, qui ne connaissent pas de frontière, parce que nos gouvernants tardent à relever l’Etat effondré du Mali ? Ce n’est pas un replâtrage-colmatage qui peut suffire ni jouer à faire l’autruche qui peut être la solution.
Les attaques terroristes contre nos Forces armées et de Sécurité (Fama) et les Forces de la Minusma deviennent quasi quotidiennes, avec ses cortèges de morts. Cela peut-il laisser un Malien indifférent? « La situation sécuritaire se dégrade, trop de sang coule au Mali depuis trop longtemps, les populations au centre et au nord sont terrorisées, nos forces sont harcelées quotidiennement », avait déploré le président du Parena Tiebilé Dramé.
Encore une fois l’opposition démocratique et républicaine à travers Tiebilé Dramé est revenue à la charge lors du congrès du Parena, le 28 mai en interpellant IBK sur la nécessité d’une concertation-réconciliation avec à la clé une dynamique participative des prédécesseurs d’IBK que sont les anciens présidents Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, le soldat de la démocratie.
« L'Accord d'Alger est une autre occasion à ne pas rater. La Conférence d'entente nationale dont l'objet doit être revu est une occasion à ne pas rater. Monsieur le président de la République, le défi de la réconciliation nous interpelle tous, il vous interpelle plus directement: c'est à vous de créer les conditions des retrouvailles avec ceux qui vous ont précédés à la tête de l'État. Créez les conditions afin que le président Moussa Traoré apporte une contribution de qualité au renforcement de la cohésion nationale en présentant ses excuses aux victimes de mars 1991 et au peuple malien. Créez les conditions du retour du président ATT. Créez les conditions afin que votre compagnon et frère AOK apporte sa contribution à la résolution des problèmes du pays », a proposé l’opposant malien Tiebilé Dramé.
Est-ce cette proposition de Tiebilé Dramé, ayant fait écho chez IBK, ce 28 mai, lors de la journée du paysan à Baguineda, qui fait mal à certains ?
A suivre.
B. Daou