Dans l’islam, les confréries sont des communautés d’initiation hiérarchisées qui reposent sur une conception mystique de la religion. Elles existent dans l’ensemble du monde musulman.
C’est un Mystique (en arable Soufi) qui est au point de départ d’une confrérie. Comme dans les autres religions, le Mystique cherche à se rapprocher de Dieu. Il pratique cette recherche d’abord en solitaire puis avec des disciples qui veulent vivre la même expérience. Ces groupes de disciples finissent par devenir des communautés et, en fin de parcours, s’organisent en confréries.
Les grandes confréries que l’on trouve au Mali sont la suivante
– La Kadiriyya, qui se réfère à Abd-el-Kadir al-Jilânî (1077-1166). Elle est présente au Mali depuis le 15ème siècle et reste majoritaire dans le Sahel, en bordure du Sahara. Elle a imprégné des générations de musulmans africains d’un esprit de tolérance et de rectitude morale.
– La Tijaniyya a été fondée dans le Nord de l’Afrique par Ahmed al-Tijânî (1737-1818) vers la fin du 18ème siècle. Elle s’est très vite répandue dans le monde musulman. En Afrique de l’Ouest, grâce au jihad d’Al-Hajj Umar Tall vers le milieu du 19ème siècle, la Tijaniyya est devenue dominante. Elle s’est divisée en plusieurs branches, sans qu’il y ait vraiment de séparation entre elles (et même charnels) du conquérant toucouleur, ainsi que la Tarbiyya (éducation) venue de Kaolack au Sénégal et la Hamalliyya, mais cette branche est devenue en fait une véritable confrérie, différente de la Tijaniyya. Nous la voyons donc maintenant, à part.
– la Hamalliyya se veut la vraie Tijaniyya originelle. Elle est désignée du nom du principal propagateur de la confrérie, le Checkh Hamâ’ullah (mort en France en 1940). Ses membres sont aussi appelés les « onze grains », parce qu’ils récitent onze fois la prière nommée « la perle de la perfection », alors que les Tijaniyya le récitent douze fois. Le centre de la Hamalliyya se trouve à Nioro du Sahel et elle est répandue dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Au Mali, les confréries restent assez discrètes. Elles se manifestent surtout au moment de la ziyara (visite), le pèlerinage que font les membres de la confrérie à la Zawiyya, c’est-à-dire au centre de la confrérie. On parlera ainsi de la ziyara de Bandiagara ou de Nioro.
La wahhabiyya (appelée aussi Wahhabisme)
C’est un courant qui n’a rien à voir avec les confréries. Il s’agit d’un mouvement de réforme unité en Arabie Centrale au 18ème siècle (il y a environ 250 ans !) par Mohammed ibn Abd-al- Wahhab (1703- 1791. Ce dernier voulait purifier l’islam, le débarrasser de toutes les pratiques ajoutées au cours des siècles (il fit abattre les arbres sacrés et détruire les tombes des Saints). Il s’agissait de recréer la pratique religieuse et la situation politique qui prévalaient à l’époque du prophète Mohammed, considérée comme un âge d’or.
On peut donc dire que la doctrine d’Ibn Abd-al- Wahhab constitue un modèle pour les formes de fondamentalisme islamique d’aujourd’hui.
Pour mener à bien son entreprise, Ibn Abd-al- Wahhab s’est allié à Mohammed ibn Sa’ud, l’émir du Najd (Arabie Centrale) et ancêtre de la dynastie saoudienne. Cette alliance tient jusqu’à aujourd’hui, et le Royaume d’Arabie Saoudite reste le bastion de la Wahhabiyya (forte influence sur l’ensemble du monde musulman, grâce au pèlerinage et aussi, plus récemment, grâce aux pétrodollars).
Au Mali, les premières infiltrations de la Wahhabiyya remontent à la période coloniale. C’est un malien d’origine, Abd-al-Rahmân al-Ifrîqî (1908-1957) qui fut le premier grand propagateur de la Wahhabiyya. Il résidait en Arabie Saoudite et c’est là qu’il a formé de nombreux disciples venus en pèlerinage.
Nous savons aussi que les Wahhabiyya tiennent à se démarquer des autres musulmans : ils prient à part, ils construisent leurs propres mosquées, ils s’habillent « à la saoudienne », ils prient les bras croisés, et ainsi de suite. Nous n’insistons pas non plus sur le lien entre la Wahhabiyya et le grand commerce.
En plus des canaux que nous avons déjà signalés (pèlerinage et commerce), l’influence de la Wahhabiyya se fait sentir par la « Ligue du Monde Musulman », organisation fondée en 1962 et qui pris pour cible prioritaire le continent africain pour y contrecarrer notamment le mouvement de christianisation. La 11ème conférence mondiale de la Ligue, en 1982, affirme que « l’Afrique est le continent de l’islam, qu’il s’agisse du passé ou du présent ».
Il existe tout un programme de construction de mosquées et de centres islamiques, de formation de prêcheurs, d’installation de stations islamiques, de construction de centres de santé…
Les activités de la Ligue passent en bonne partie par des ONG locales islamiques qui lancent des actions d’aide et de développement au nom de l’islam et en vue de son expansion.
Ansar dine
Cette association figure à part dans le paysage associatif du Mali probablement à cause de la personnalité de son chef. Jusqu’à l’apparition du mouvement Ansar Dine dans le Nord du Mali, elle était surtout connue comme une association musulmane capable de mobiliser les foules, en particulier à l’occasion des grandes fêtes. Elle ne date pas d’aujourd’hui puisqu’elle a obtenu son récépissé le 19 août 1991, après avoir connu bien des vicissitudes sous le régime précédent.
Dans une interview datée du 10 novembre 1997, le chérif Haïdara se présente et informe sur ses faits et gestes, en particulier sur ses relations avec les Wahhabiyya et l’AMUPI. En voici un extrait : « les Wahhabiyya on donné trop d’importance à l’apparence dans l’islam. Ils pensent que l’islam se résume au fait d’avoir une barbe proéminente et de porter des pantalons qui s’arrêtent au genou. Je leur ai dit que l’islam c’est d’abord dans les cœurs et non dans les apparences ».
Le mouvement armé du nom d’Ansar Dine sera présenté ultérieurement. Il n’a bien sûr rien à avoir avec l’association dont nous venons de parler. En fait, le mot ansar, en arabe, désigne les Médinois qui se sont ralliés à la communauté musulmane venu de la Mecque, après l’avoir bien accueillie. Le mot dine en arabe veut dire religion.
Donc, Ansar Dine veut dire les ralliés de la religion ou encore des auxiliaires de la religion.
Les soufis
La CMS Mali :
La Communauté Musulman des Soufis du Mali.
Elle regroupe de nombreux musulmans du Mali et de plusieurs autre pays. Elle a pour guide spirituel le Cheikh Soufi Bilal Diallo. Elle se rattache à la Tijaniyya et s’adonne à certaines pratiques comme celles qui ont lieu le premier vendredi de chaque mois lunaire (répétition d’invocations comme astafirullah un million de fois, ou encore la illaha illa Allah soixante mille fois, puis prêches et bénédiction).
La CMS Mali prône la pureté intérieure et la paix universelle. Elle a son siège à Bamako à Djicoroni Para.
Soufi Adama Yalcouyé
Il est né en 1960. Son père était originaire d’un village près de Bandiangara ; sa mère, elle, était originaire du Bélédougou. Il a eu là l’occasion de fréquenter des chrétiens catholiques.
Devenu adulte, il s’installe avec sa famille au bord du Niger, près de la chaussée submersible de Sotuba. A la différence de Soufi Bilal, il ne se rattache à aucune des confréries présentes au Mali. Il exige de ses disciples une conduite morale irréprochable et prêche en faveur de l’unité de toutes les religions.
Il a adopté les dreadlocks (tresses), porte des chapelets autour du cou et une grande croix où est inscrit le nom de Mohammed en arabe. Certains de ses disciples portent des sortes de mitres. Le drapeau du Mali fait partie des emblèmes du groupe. On y trouve aussi les symboles dogons comme le kanaga.
Chaque vendredi, beaucoup de gens affluent au bord du Niger pour y recevoir des bénédictions du Soufi Adama. Les membres de ce groupe restent musulmans ; ils font les cinq prières, par exemple.
La conclusion c’est que le dialogue, l’ouverture aux autres et la communication sont plus que nécessaires. La situation actuelle peut être l’occasion d’un rapprochement entre croyants pour un changement à tous les niveaux, dans notre vie sociale, notre vie religieuse, notre vie politique….
Dans le Coran (sourate13, le tonnerre), il est écrit nous citons « Dieu ne modifie rien en un peuple avant que celui-ci ne change ce qui est en lui ». Cette citation se rapproche du vieil adage qui dit que: « Aide-toi, le ciel t’aidera ». Dans l’éditorial de l’Essor du 5 juin 2012 qui se termine ainsi : « Changeons-nous nous-mêmes avant d’avoir la prétention de changer les choses ».
Une analyse qui a été approfondit par le Père Jean BEVAND lors des Journées Diocésaines de Bamako qui s’est tenu du 12 au 14 juin 2012.
Pierre Poudiougo