Le 24 mai dernier s’est tenue, au Motel de Sévaré dans la région de Mopti, une conférence-débat sur le thème : ‘’journée internationale de la femme : femme, paix et sécurité ‘’. Organisée par l’Unité Genre de la MINUSMA, cette conférence avait pour but d’informer et de sensibiliser les femmes sur la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies, mais également sur les opportunités d’accompagnement de leur autonomisation.
Dès l’entrée du Motel de Sévaré, un délicat parfum d’encens saisi les visiteurs et pour cause, dans la salle de conférence, une centaine de femmes sont réunies. Très bien vêtues, ces femmes ne sont pourtant pas venues festoyer à un baptême et encore moins à un mariage. Jeunes et moins jeunes, issues de la société civile de la région de Mopti, elles sont venues participer à une conférence-débat sur des sujets de la plus haute importance, les concernant directement.
100 femmes pour discuter de quoi ?
Le contenu de cette conférence débat était relatif à l’égalité de genre et l’autonomisation de la femme ; la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité des Nations Unies sur ‘’femmes, paix et sécurité’’ ainsi que l’opportunité que représente le Fonds d’appui à l’Autonomisation de la Femme et à l’épanouissement de l’enfant (FaFe). Ce fonds, logé au niveau du Ministère malien de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille permet de financer des projets soumis par des femmes. L’objectif au final étant d’obtenir l’implication pleine et entière des femmes dans le processus de paix au Mali, tout en les informant des outils disponibles pouvant contribuer à leur épanouissement. ‘
’On a choisi le thème ‘’Femmes, paix et sécurités’’, pour informer les femmes de l’importance de leur participation à tout ce qui se passe, au processus de paix et de réconciliation au Mali. L’autre thème qui est ‘’l’autonomisation de la femme’’, rejoint un peu la participation de la femme parce que pour participer à des activités de réconciliation et autres, il faut avoir une certaine autonomie. Donc, nous les avons informées sur ce fonds pour qu’elles puissent postuler et avoir des financements pour leurs activités et ainsi, contribuer à leur autonomisation’’, explique Koné Djénéba Diarra de l’Unité genre de la MINUSMA.
Cette conférence débat fait partie d’une série de trois conférences similaires dont les deux autres se sont tenues à Tombouctou et Gao. Dans chacun des trois chefs-lieux de région, des points focaux ont participé à la réalisation des rencontres. Il s’agit de l’antenne REPSFECO de Tombouctou, des Bureaux ODEF de Gao et de Mopti ainsi que les Directions régionales de la promotion de la femme, comme partenaires de terrain.
Des difficultés qui persistent
Pour les femmes de Mopti, il est important que la question du genre soit plus largement traitée et diffusée. La coordinatrice régionale de la CAFO (Coordination des Associations et Organisations Féminines) estime l’initiative louable mais, pour garantir l’atteinte des objectifs elle recommande que les hommes soient sensibilisés sur la question : « Il faut convaincre d’abord les hommes, ils nous font handicap. Vous savez que nous les femmes sommes sous pesanteur sociale, donc il faut sensibiliser les hommes pour que cet idéal soit réel » a déclaré Mme Aminata Kanta. Toutefois, Mme Kanta admet que d’autres obstacles demeurent, il y a « le manque d’information des femmes et la non responsabilité des femmes. Les femmes, on ne les rend pas responsables, elles non plus ne vont pas vers l’information et ne sont pas sûres d’elles-mêmes », ajoute la Coordinatrice régionale de la CAFO.
L’autre point central de cette rencontre est l’autonomisation des femmes. Pour ce faire, depuis deux ans, un fonds dit d’appui à l’Autonomisation de la Femme et à l’épanouissement de l’enfant (FaFe) a été mis en place pour permettre aux femmes de mobiliser des fonds afin de financer leurs activités génératrices de revenus. Problème : dans la région de Mopti, comme ailleurs au Mali, le taux d’éligibilité aux financements peine à augmenter. L’année dernière, dans la région de Mopti, sur 88 projets soumis pour financement au FaFe seulement un a bénéficié de financement. Une situation essentiellement due à une contrainte qu’explique Achimi Madougou, le chef de la division Promotion de la femme à la direction Régionale de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la famille à Mopti : « Pour accéder aux financements de ce fonds, les associations féminines et les femmes entrepreneurs doivent monter un projet » explique-t-il. C’est bien le montage de ce projet qui selon Amina Kanta, pose problème : « Quand on veut que les femmes gagnent, qu’on ne lie pas ces projets à des montages de projets. Les femmes sont en majorité analphabètes, il faut payer pour que le projet soit monté. Une fois monté, celui-ci ne vas même pas dans le sens que l’on souhaite » s’indigne Mme Kanta, avant de proposer : « Il y a d’autres critères, possibles, toutes les associations ont des récépissés, toutes les associations ont des domaines d’intervention. Qu’on vise ces domaines d’intervention et qu’on identifie les associations qui peuvent mériter ces projets là, au lieu de lier cela aux montages de projets. » Un plaidoyer on ne peut plus clair, en faveur de la prise en compte des difficultés des femmes, dans la gestion de l’attribution des financements du FaFe et qui ne demande qu’à être entendu en haut lieu.
Des perspectives de solutions
Ces rencontres auront permis à l’Unité Genre de la MINUSMA, de sensibiliser sur la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité des Nations et sur le rôle que les femmes ont à jouer dans le processus de paix et de réconciliation au Mali. Il aura aussi permis à l’Unité de mieux prendre la mesure de tous les obstacles qui ralentissent l’effectivité de cette implication. Des informations qui, à coup sûr, permettront de rendre plus efficace l’action de la MINUSMA dans le domaine.
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