Le saviez-vous ? Le blocage actuel que connait le processus de mise en œuvre de l’accord de paix est lié fondamentalement à la question de mise en place des autorités intérimaires. Les groupes armés et le gouvernement n’arrivent pas à souffler dans la même trompette sur cette question. Et pourtant l’opposition malienne avait largement décrié la loi relative à la mise en place de ces autorités intérimaires. Le Ciel l’a finalement donné raison, du moins, c’est ce que l’on murmure dans le milieu politique.
Pour les groupes armés, à savoir la CMA et la plateforme, le gouvernement du Mali manque de volonté pour « l’application des dispositions essentielles et pertinentes de l'Accord ».Ils (les groupes armés) l’ont fait savoir dans le communiqué qui a sanctionné courant semaine dernière la réunion d'Alger; laquelle réunion avait pour but de relever le blocage qui se trouve autour de l’accord de paix et de la réconciliation nationale. Au nombre de ces dispositions essentielles, toujours selon le communiqué, les groupes armés soulignent au premier plan la question des autorités intérimaires dont la mise en place est toujours considérée comme un grand pas dans la mise en œuvre de l’accord.
En clair, et selon des indiscrétions, les groupes armés souhaitent l’installation des autorités intérimaires dans toutes les régions nord du Mali, notamment dans cette zone qu’ils appellent « Azawad/Nord du Mali ». Une idée rejetée en bloc par le gouvernement malien qui, de son coté, souligne que « la mise en place des autorités intérimaires concerne en premier lieu les communes où existent des dysfonctionnements dans les conseils communaux » et que « les groupes armés font une mauvaise interprétation du contenu de l’accord» (source studio Tamani).
Et si l’opposition avait raison ?
Visiblement le régime s’inscrit dans la dynamique de l’opposition à propos de la mise en place des autorités intérimaires. Elle (l’opposition) avait fait cas de plusieurs craintes avant et après l’adoption de la loi en question le 31 mars dernier. La cour constitutionnelle avait même été saisie sans succès par l’opposition en vue d’une annulation de la dite loi. Soumaila Cissé chef de file de l’opposition, cité par le journal du MALI, avait évoqué une situation qui pourrait amener des tensions, voire une reprise des hostilités dans les localités concernées où l’État est absent depuis plus de quatre ans : « on va enlever les élus de certaines localités pour les remplacer par les gens désignés par la CMA », s’inquiétait le chef de file de l’opposition dans les colonnes du journal du Mali.
A la date d’aujourd’hui, et pour cause des difficultés liées à la mise en place des autorités intérimaires, l’accord de paix est bloqué. La Plateforme et la CMA ont annoncé la suspension de leur participation au comité de suivi de l’accord dont la 9ème réunion devait se tenir les 3 et 4 juin derniers. Par conséquent les groupes armés (Plateforme et CMA) « suggèrent à la Médiation Internationale dans un souci de préserver le Processus aujourd’hui menacé la mise en place d’un Comité Ad hoc comprenant toutes les parties afin de faire prendre en charge par le Gouvernement ces questions essentielles et y apporter des réponses diligentes conformément à l'Accord ». Ce, selon le communiqué final de la réunion d’Alger.
Ce blocage intervient à quelques semaines de l’an I de la signature de l’accord de paix, le 20 juin. Triste anniversaire !
Dily Kane