En recevant le rapport, le chef de l’Etat a salué le fait que cette année, le document a mis un accent particulier sur l’instauration de relations confiantes entre les citoyens et l’administration
C’est une tradition bien établie dans l’agenda présidentiel et consacrée par les textes instituant le médiateur de la République. Chaque année, le rapport annuel de l’institution est remis au chef de l’Etat lors d’une cérémonie solennelle. Ibrahim Boubacar Keita a ainsi reçu, hier à Koulouba, le rapport 2015 du médiateur de la République Baba Akhib Haïdara. C’était en présence du Premier ministre Modibo Keita, des membres du gouvernement, des représentants du corps diplomatique, des responsables des institutions de la République et de nombre d’invités de marque.
Cet exercice républicain permet au médiateur de la République de relayer les préoccupations essentielles de nos compatriotes, recensées par son institution. Le rapport annuel 2015 indique que l’institution a accueilli et orienté 2914 personnes contre 1078 l’année précédente, soit une augmentation d’environ 63%. Le médiateur de la République a informé le chef de l’Etat que son institution avait examiné des réclamations. 228 cas ont été jugés recevables selon les critères statutaires et constitués en dossiers réglementaires sur lesquels 160 ont été traités et clos. Les 68 autres sont en cours de traitement. Les différentes réclamations adressées au médiateur de la République par nos concitoyens avaient trait, entre autres, au foncier, à l’éducation, à la justice et à la protection sociale. Le rapport s’est particulièrement intéressé aussi à la situation des demandes adressées aux services publics par des citoyens qui ne reçoivent même pas en retour un simple accusé de réception.
Le médiateur de la République a déploré cet état de fait et expliqué surtout que lorsque ces cas concernent des questions de protection sociale, ils ne manquent pas d’occasionner au demandeur des inconvénients et autres difficultés imméritées. De telles situations sont de nature à affecter négativement la confiance que le citoyen peut avoir dans le service public, a relevé Baba Akhib Haïdara. Pour illustrer son propos, il a cité l’exemple d’un agent de l’Etat à la retraite qui a dû attendre plus de 15 ans, nonobstant de nombreuses relances, pour voir sa demande de liquidation de pension être prise en compte par l’organisme concerné grâce à l’intervention du médiateur de la République.
Le constat dressé par le rapport souligne également la nécessité pour l’institution de chercher à connaître les facteurs objectifs qui pourraient défavoriser le retour de la confiance en l’administration publique. La discontinuité répétée, le mouvement du personnel, la défaillance de mémoire institutionnelle (suivi des dossiers) au niveau des exécutants, ont été incriminés par le rapport comme pouvant prédisposer à des dysfonctionnements qui ne pourraient être imputés à la seule mauvaise volonté potentielle des gestionnaires. Et Baba Akhib Haidara de souligner que les cas de demandes écrites qui ne reçoivent pas de suite dans les délais légaux, ni même raisonnables, relèvent de ces pratiques anormales qui affectent négativement les relations entre l’administration et les usagers des services publics. Il a précisé au chef de l’Etat que l’atelier qu’il avait suggéré l’année dernière sur la question est en cours de préparation.
Le rapport 2015 rappelle que 206 dossiers de l’Espace d’interpellation démocratique (EID) ont été enregistrés dont environ 40% sont issues du District de Bamako, le reste venant des régions. Les départements ministériels les plus sollicités étaient ceux en charge de la Justice et des Droits de l’Homme, des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières et le ministère de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat.
Le chef de l’Etat a salué la qualité du document présenté par le médiateur. Le rapport reflète, de son point de vue, les efforts louables consentis afin de faire face à l’attente légitime de citoyens confrontés à des dysfonctionnements récurrents des administrations publiques. Ibrahim Boubacar Keita a salué le fait que cette année, le médiateur de la République a mis un accent particulier sur l’instauration de relations confiantes entre les citoyens et l’administration, sur la promotion de l’esprit de service public et sur le renforcement d’une culture démocratique. Le président Keita a salué l’effort de synthèse, d’orientation et de discernement de l’institution.
« Aujourd’hui, plus que jamais, à l’heure où le Mali se veut un modèle de démocratie où la préservation d’une atmosphère d’entente et de paix entre tous les fils du pays émerge comme le socle nécessaire à notre développement, vous avez su exercer votre noble fonction, sans jamais vous substituer à l’administration », s’est réjoui le chef de l’Etat. Par ailleurs, Ibrahim Boubacar Keita a rappelé son engagement à soutenir la promotion d’une administration performante.
Le chef de l’Etat s’accorde ainsi avec le médiateur sur la nécessité de voir l’administration et les agents publics entretenir avec les usagers des relations de confiance, des relations apaisées et favorisées par une meilleure capacité d’écoute et par la grande attention portée aux demandes, par l’efficacité et l’efficience du traitement des dossiers, et bien sûr, par la réactivité et la rapidité dans les réponses. Pour le chef de l’Etat, il est clair que ces orientations et actions font du médiateur l’un des réformateurs essentiels de l’Etat.
Pour terminer, le président Ibrahim Boubacar Keïta s’est dit heureux de constater que les citoyens ont une meilleure perception des services du médiateur de la République. Ce qui conduit à mettre l’usager au centre d’un système public évoluant dans un climat apaisé, où règnent la cohésion sociale, la solidarité et l’entente entre tous les fils du pays.
Le président Keita a également assuré le médiateur de son soutien total pour le renforcement de la capacité d’innovation de ses services. « La bonne écoute et la constante disponibilité dont vos services font preuve restent le soubassement du retour de la confiance de la population et un outil précieux de renforcement de la légitimité des actes publics », a-t-il souligné.
B. DOUMBIA