Lors de la présentation de son rapport 2015, le Médiateur de la République, Baba Akhib Haïdara, dans son exposé, a fait un constat inquiétant sur le comportement de l’administration vis-à-vis des usagers. A ce jour, le Médiateur pense que les citoyens ont beaucoup perdu confiance en l’administration.
Après avoir présenté le rapport annuel 2015 au Président de la République, le Médiateur de la République était hier mercredi 8 juin 2016 face à la presse pour parachever les exigences de la loi qui impose à l’institution de partager ledit rapport avec le public. C’était en présence de ses collaborateurs, dans les locaux de son institution.
Le but de cette rencontre, selon lui, est de mettre les informations à la disposition des professionnelles de media afin d’informer l’opinion publique.
Une administration sourde aux correspondances des usagers
A en croire Baba Akhib Haïdara, le travail du bureau du Médiateur consiste à essayer de bien comprendre comment fonctionnent l’administration publique et comprendre la nature des relations entre l’administration et ses usagers. C’est pour cela qu’il a mis l’accent sur les relations entre les citoyens et l’Etat. Baba Akhib Haïdara dresse dans son rapport 2015 un tableau très sombre du comportement de l’administration vis-à-vis des usagers. De son point de vue, le grand problème c’est que les citoyens ont perdu beaucoup de leur confiance en l’administration. Mais qu’à cela ne tienne, il affirme que ce n’est pas toujours la faute des agents de l’administration. Mais ce n’est pas aussi, selon lui, toujours la faute ou la faiblesse des usagers du fait que beaucoup sont encore analphabètes. Il est à ses yeux important de construire une relation de confiance. A ce titre, Baba Akhib Haïdara pense qu’il faut surtout commencer par la loi de 1998 qui règle les relations entre les citoyens et l’administration. A l’en croire, cette loi fait obligation aux agents de l’Etat d’avoir un certain nombre d’attitudes lorsque le citoyen s’adresse à eux. La première des choses est que lorsqu’un usager écrit à l’administration pour poser un problème, celle-ci est tenue par la loi de lui répondre par écrit dans un délai de 30 jours. Le triste constat est que ça ne se passe pas correctement. « C’est fort de ce constat que nous avons jugé d’organiser une assise (atelier, symposium) avec l’administration pour savoir les raisons pour lesquelles l’administration ne répond pas aux usagers dans les délais réglementaires», a rappelé Baba Akhib Haïdara.
Pour le Médiateur, l’administration doit répondre quelle que soit la nature de la demande ou quel que soit l’auteur de la demande. Car, la confiance, de son point de vue, commence d’abord par la considération de l’autre. «Dans le rapport pour 2015, parmi les cas significatifs, j’ai tenu à mentionner, à titre d’illustration, celui d’un usager, agent de l’Etat, qui a dû attendre plus de 15 ans, malgré de nombreuses relances, pour voir sa demande de liquidation de pension être prise en compte par l’organisme concerné et ce, sur intervention du Médiateur de la République», déplore Haïdara. Ainsi, tout en se posant la question de savoir comment l’administration peut retrouver sa crédibilité et sa confiance vis-à-vis des usagers, le Médiateur pense qu’il est important de développer au niveau du service de l’Etat «l’esprit de service public».
Cette rencontre a été l’occasion pour le Médiateur de faire le point sur les tenants et les aboutissants de l’EID dont l’objectif est de dénoncer les disfonctionnements de l’Etat. En clair, en ce qui concerne aussi bien les réclamations que les interpellations, il dira que la plupart des dossiers traités concerne les secteurs habituels qui vont des affaires domaniales et foncières à l’éducation. A cela s’ajoute, entre autres, la protection sociale, l’exécution des décisions de justice, la gestion de carrière, etc.
On constate dans ledit rapport que du 1er janvier au 31 décembre 2015, les services du Médiateur de la République ont accueilli et orienté 2914 personnes contre 1078 en 2014, soit une augmentation d’environ 63%. En ce qui concerne les réclamations sur l’ensemble du territoire national, 228 cas ont été jugés recevables. Sur ces dossiers, 160 ont été entièrement traités et clos, les 68 restants sont en cours de traitement.
Ibrahim M.GUEYE