Malgré l’accord de paix signé en deux temps, il y a un an, entre le gouvernement, les anciens rebelles touaregs et d’autres groupes armés, l’insécurité est toujours de mise au nord du Mali. Ce qui a engendré une profonde désillusion parmi les habitants de cette contrée qui fait face aux incursions des combattants relevant du groupe terroriste Al-Qaïda, rapporte Reuters. « Rien n’a changé. Les braquages, l’insécurité sur les routes entre Bamako et Gao, c’est vraiment un calvaire (…) Nous sommes pressés de voir les dividendes de l’accord mais on ne voit rien jusqu’à présent », estime Moussa Moctar Maïga, président des chauffeurs de taxi de Gao, la plus grande ville du nord du pays.
Cet accord, qui devrait permettre au gouvernement de se concentrer sur la lutte contre les groupes djihadistes pour le retour de la stabilité du pays, est bloqué, entraînant une impasse politique qui inquiète les Nations unies. « Il y a eu beaucoup de choses qui ont été faites sur le papier et il y a des commissions qui ont été mises en place mais sur le terrain les populations n’ont pas encore bénéficié des retombées de cet accord », estime Mahamoudou Djeri Maïga, vice-président du Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA), signataire de l’accord. Quant à Mahamet Saleh Annadif, chef de la Minusma, il dira avec amertume : « A ce stade, personne n’est satisfait de la mise en œuvre de l’accord. Tout le monde aurait aimé que ça aille plus vite (mais) les différents signataires ne se sont pas engagés comme il le faut. Les parties, certes, ont signé l’accord mais chacun a une vision de ce qu’il veut obtenir à travers cet accord. La confiance s’est énormément améliorée mais elle n’est pas totale ».
Même si la vie a repris à Tombouctou -ville tombée sous la coupe des groupes rebelles touaregs puis terroristes en 2012 avant d’être reprise début 2013 par l’armée malienne appuyée par l’armée française- ses habitants ne peuvent pas oublier cette période marquée par la destruction des temples et les assassinats des civils. « Les occupants ne sont plus là mais on vit toujours la peur au ventre », confie un professeur.
Pour les opposants, cette situation d’insécurité incombe au gouvernement qui n’a prévu sa gravité sur le quotidien des Maliens. « C’est pourquoi ça traîne les pieds, c’est pourquoi ça n’avance pas, c’est pourquoi on est dans l’immobilisme, c’est pourquoi on s’enlise, il faut sortir de cela. Nous avons besoin d’un mouvement d’ensemble, d’une démarche globale qui prenne en compte les graves enjeux auxquels le pays est confronté », estime Tieblé Dramé, président du Parti pour la renaissance nationale (Parena, opposition).
Impact24