Le Premier ministre Modibo Keita a présidé hier après-midi un conseil de cabinet dans la salle de réunion de la Primature. Au menu de la rencontre gouvernementale, figuraient deux projets de loi sur le pèlerinage musulman. Le gouvernement entend mettre de l’ordre dans ce domaine où on constate une prolifération des agences de voyage. Une certaine pagaille s’est installée dans le transport et l’hébergement des pèlerins parmi lesquels beaucoup de se plaignent, chaque année, de la mauvaise organisation de leur séjour en terre sainte.
Bien que le drame de Mina en 2015 ne soit pas directement lié aux conditions d’organisation du Hadj chez nous, il n’en demeure pas moins un appel à une plus grande vigilance des pouvoirs publics. Pour rappel, notre pays fut le plus touché, après l’Iran, en terme de décès des pèlerins dans l’hécatombe de l’an dernier.
On se rappelle qu’après le drame, le gouvernement s’est mobilisé et a mis la main à la poche pour assister les agences de voyage et les familles endeuillées. Le comité de crise des agences se réunissait chaque soir pour établir le recensement des victimes grâce à des émissaires qui faisaient le tour des hôpitaux et des morgues de la Mecque. Un centre de bénévoles a été mis en place à Bamako pour servir d’intermédiaire entre le comité de crise des agences en Arabie Saoudite et les parents des victimes.
C’est justement en gardant en mémoire ces moments difficiles de deuil national et de grand stress que le gouvernement a préparé une série de lois portant organisation du pèlerinage et fixant un cahier de charge rigoureux pour les agences de voyage. Selon le ministre de l’Economie numérique et de la Communication, porte-parole du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga, le conseil de cabinet a étudié les deux projets de loi mais le travail d’approfondissement n’est pas terminé. Il a précisé qu’une commission restreinte est mise en place par le chef du gouvernement à cet effet pour apporter des améliorations aux textes.
Le ministre Maïga a rappelé le triste souvenir de la tragédie de Mina en 2015 pour expliquer l’intérêt que les pouvoirs publics accordent à ce domaine. Les réflexions sont engagées, a-t-il ajouté, en annonçant la création d’une entité technique dédiée à cette activité. Il s’agit de la Délégation nationale au pèlerinage qui verra le jour sitôt, après l’adoption définitive des projets de loi présentés par le ministère des Affaires religieuses et du Culte.
Le débat, en vérité, était lancé depuis la tenue des États généraux qui ont identifié beaucoup de difficultés dans l’organisation du Hadj. Les agences de voyage seront donc soumises à de critères rigoureux, a prévenu Choguel Kokalla Maïga. L’objectif est de mettre les pèlerins à l’abri des désagréments. « Désormais, l’Etat aura un œil sur les conditions d’organisation du pèlerinage pour faire du rituel un acte religieux et non un parcours du combattant », a assuré le porte-parole du gouvernement, ajoutant que le président de la République a instruit au gouvernement de prendre des dispositions dans ce sens.
A. M. CISSE