Le secrétaire général des Nations unies préconise de renforcer les capacités opérationnelles et de repenser le déploiement des effectifs militaires et civils
Le secrétaire général des Nations unies vient de déposer sur la table du Conseil de sécurité son rapport trimestriel en vue du renouvellement, en fin juin, du mandat de la Minusma dans notre pays. Dans son document, Ban Ki-Moon ne se contente pas de proposer des ajustements du mandat de la mission onusienne en termes de capacités opérationnelles, il se prononce aussi sur la nécessité de revoir la configuration et de repenser le déploiement des effectifs des personnels militaires et civils.
Le contenu de ce rapport qui couvre la période allant du 19 mars au 18 mai, est largement influencé par les récents développements sécuritaires : multiplication des attaques contres les civils, les Famas, la force Barkhane et surtout la Minusma.
Sur le plan politique, le rapport évoque aussi la lenteur dans le processus de paix. Accusé d’être à l’origine de la lenteur, le gouvernement se défend en expliquant qu’il respecte ses engagements. Les groupes armés ont suspendu récemment leur participation au Comité de suivi de l’accord arguant que l’installation des autorités intérimaires accuse trop de retard.
Dans le cadre de la poursuite du processus de paix, le patron de l’Onu souligne la nécessité de la restauration et l’extension de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire. C’est ainsi qu’il demande à la mission de continuer à apporter son appui au gouvernement pour « la restauration et l’extension graduelles et effectives de l’autorité de l’Etat, y compris à travers l’établissement des administrations intérimaires et l’opérationnalisation des deux régions de Ménaka et Taoudéni ».
FORCE D’INTERVENTION RAPIDE. Sur la base d’une évaluation des menaces existantes, des tâches prescrites et des ressources disponibles, Ban Ki-Moon propose de transférer à la Minusma la force d’intervention rapide composée de 650 éléments, qui est actuellement déployée dans l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), après son retrait en mars 2017. Cette force sera appuyée par une unité d’aviation de 85 agents.
Estimant que les effectifs actuels ne sont pas suffisants pour faire face à la situation sur le terrain, le secrétaire général de l’ONU demande le déploiement de quelques 2000 militaires supplémentaires. Ce qui élèverait le total des effectifs militaires autorisés à 13.289 personnes. A ce sujet, des observateurs estiment que le problème réside plus dans le mandat que dans l’effectif. « Du moment où les Casques bleus ne traquent pas l’ennemi, ils sont vulnérables », soutient ainsi Fahad Ag Elmahmoud de la Plateforme.
Ban Ki-Moon recommande aussi le déploiement d’une force spéciale de 150 personnes à Tombouctou pour la collecte de renseignements et étendre le champ des opérations de la Minusma. Il est prévu aussi une compagnie d’élimination d’engins explosifs de 140 personnes toujours dans la Cité mystérieuse pour renforcer la capacité de protection. Et une compagnie de renseignement et de surveillance de 115 personnes sera positionnée à Kidal.
Le rapport suggère aussi le déploiement de 135 personnes pour renforcer les secteurs et le commandement de la Force ainsi que les unités existantes de renseignement, de surveillance et de reconnaissance. Il préconise également 200 hommes pour renforcer le bataillon de combat pour la protection des convois et 20 officiers d’état-major dans un nouveau poste de commandement à Mopti aux fins de mobilité tactique et d’intervention d’urgence, y compris l’évacuation.
PLUS DE POLICIERS. Afin d’améliorer la capacité de renseignement de la mission, tout le personnel militaire et les unités engagées dans la gestion du renseignement et de l’information seront renforcés et simplifiés en une structure placée directement sous l’autorité du commandant de la Force.
Les améliorations touchent également la police dont l’effectif est jugé insuffisant pour mettre pleinement en œuvre le mandat. C’est pourquoi le patron de l’ONU demande un accroissement des effectifs de la force de police pour les porter à 1.920 personnes. Le rapport recommande de déployer une unité de police constituée à Ménaka et une autre à Mopti. Et la 3è unité sera positionnée à Bamako pour servir de réserve de déploiement rapide dans les régions, tout en étant également disponible pour des patrouilles conjointes avec la police nationale dans la capitale, à la demande des autorités maliennes.
Le secrétaire général estime que la Mission a également besoin d’améliorer sa capacité de mener des évacuations médicales d’urgence de jour comme de nuit. Ce qui nécessite deux hélicoptères spécialisés supplémentaires avec une capacité de vision nocturne ; des équipes médicales d’urgence aéroportées à Mopti et Tessalit ; et quatre équipes médicales à Aguelhok, Douentza et Léré.
Ces recommandations seront examinées par le Conseil de sécurité lors de sa réunion prévue le 16 juin prochain sur le mandat de la Minusma. Le Conseil de sécurité se prononcera dans une résolution qui devrait être adoptée le 29 juin prochain, soit un jour avant l’expiration du mandat actuel de la Mission.
A. M. CISSE