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Projet de rencontre IBK-ATT à Dakar Un coup de pétard mouillé
Publié le samedi 11 juin 2016  |  Le Sphinx
Amadou
© Autre presse
Amadou Toumani Toure
Le président déchu du mali




Le projet de rencontre IBK-ATT à Dakar annoncé avec tambours et trompettes n’a finalement pas eu lieu et les émissaires envoyés à ATT ont buté sur des préalables qui ont fait de leur mission un fiasco.



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L’annonce a été faite en grandes pompes à Bamako et le chef de l’Etat avait préparé l’opinion nationale, notamment à travers sa sortie publique lors de la journée du paysan à Baguinéda, au cours de laquelle il ne tarissait pas d’éloges envers l’ancien président de la République, ATT. En effet, il se disait qu’en marge de la tenue à Dakar de la 49è session de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao à Dakar, suivie immédiatement du sommet de l’Uemoa au plus haut niveau, le Président IBK devait rencontrer ATT afin de prouver aux Maliens que le processus de réconciliation nationale est bien en marche.

Depuis lors, tout le monde avait l’oreille tendue vers la capitale sénégalaise pour guetter le moindre frémissement capable de confirmer que cette rencontre a bien eu lieu. Mais en vain ! Pourquoi donc pour un sujet aussi important on garde le silence du côté de Koulouba ?

C’est parce qu’en réalité, ce projet de rencontre entre IBK et ATT à Dakar a été un véritable coup de pétard mouillé. En termes plus simples : elle n’a pas eu lieu. Pourtant, l’actuel locataire du Palais de Koulouba a dépêché deux émissaires pour lui déblayer le terrain, mais ils n’ont pas réussi dans cette mission et IBK a dû renoncer.

C’est dommage pour la stratégie mise en place depuis Bamako pour exploiter au plan politique cette rencontre, si elle avait lieu. En effet, les déclarations du Président IBK à Baguinéda entrent dans ce cadre car à l’heure actuelle, ce qui hante les cercles du pouvoir, c’est de pouvoir réussir un vaste rassemblement derrière IBK en vue de la présidentielle de 2018.

S’il parvenait à rencontrer ATT à Dakar, IBK allait réaliser ainsi un grand coup politique et embarquer de ce fait une bonne partie de l’opinion nationale et internationale quant à ses bonnes intentions vis-à-vis de l’ancien président de la République, alors que la procédure judiciaire enclenchée contre ATT est toujours en cours. C’est là où réside d’ailleurs l’une des raisons de l’échec de ce projet de rencontrer ATT à Dakar car cela fait partie des préalables auxquels les émissaires ont buté.

En effet, si IBK est réellement engagé dans le processus de réhabilitation du Président ATT, au nom de la réconciliation nationale, il doit d’abord, entre autres actes à poser, mettre un terme aux poursuites judiciaires contre ATT suite à la saisine de la Haute cour de justice par le gouvernement et aussi régulariser la situation du logement d’ATT en tant qu’ancien chef de l’Etat. Il se trouve en effet que le logement préparé par ATT à la Base aérienne B a été tout simplement récupéré par IBK pour le réaffecter à un autre usage : la Villa des hôtes.

Après un pareil acharnement, il n’est pas facile pour IBK de se retourner vers ATT sous le prétexte qu’il lui tend la main, sans s’occuper de ses préalables qui constituent de véritables goulots d’étranglement aux retrouvailles entre les deux hommes.

La situation est d’autant plus compliquée que le Président IBK a du mal à justifier qu’il n’était pas derrière cette procédure de saisine de la Haute cour de justice afin de faire juger ATT pour, dit-on, «haute trahison». En effet, c’est le gouvernement qui a saisi l’Assemblée nationale où siège la haute cour de justice et la plainte a été lue intégralement sur les ondes de l’Ortm. Ce qui prouve que rien dans cette affaire n’a été faite en catimini.

En plus, lorsque la Commission ad hoc chargée de la mise en accusation a fait un premier rapport qui prônait qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre ATT, l’occasion était belle pour IBK de saisir la balle au rebond et de sortir de cette affaire, s’il est vrai qu’il y a été embarquée. Mais au contraire, par des manœuvres discrètes, on a demandé à la Commission ad hoc de reprendre le travail dans le seul but de trouver des griefs pour que l’ancien président soit inculpé.

Par ailleurs, l’ancien ministre et député, Lancéni Balla Keïta, a bien rappelé dans une contribution publiée par voie de presse que les poursuites que l’on tente d’activer actuellement contre ATT font partie des promesses de campagne d’IBK. Et Lancéni de rappeler les propos tenus par IBK dans leur exactitude.

Curieux de voir que c’est ce même IBK qui se retourne subitement pour clamer sa fraternité avec ATT et tente de bousculer le cours des événements pour accélérer le processus de réconciliation avec ATT. Pour beaucoup d’observateurs, il y a anguille sous roche, s’ils ne prennent pas tout simplement au sérieux les déclarations de réconciliation avec ATT qu’ils classent au chapitre des effets de manche… politiques.

La réalité est que le Président IBK paye aujourd’hui la rançon de son entêtement car des chefs d’Etat lui avaient conseillé de ne pas s’engager dans cette voie aux allures de règlement de comptes et dont les conséquences pourraient le rattraper lui-même. En quelque sorte, ils lui conseillaient de ne pas ouvrir la boîte de pandores, mais il était resté de marbre.

A.D.

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