Par manque de moyens lors de la préparation de son équipe pour ce mondial Fiba 2016, l’entraîneur quatre étoiles U17 Filles d’Afrique, Oumarou Sidiya Maïga, affirme que « le Mali ne part pas à arme égale » pour ce quatrième rendez-vous de son histoire. Lisez l’interview qu’il nous a accordée !
Le Prétoire : Parlez-nous de la préparation des filles pour le prochain championnat du monde Fiba U17 d’Espagne 2016.
Oumarou Sidiya Maïga:
Nous sommes dans la dernière partie de la préparation. La préparation de notre équipe s’est déroulée cahin-caha. Nous avons commencé en octobre passé avec un regroupement sous l’égide de la Fédération. Ce regroupement nous a permis de tester trois joueuses venues de l’extérieur. Une seule a été retenue, en la personne de Natacha Traoré. De janvier à mars 2016, nous avons fait une préparation spécifique avec 25 joueuses. Ce stage a été sanctionné par une formation, tenue lors des congés de Noël avec la Fédération. A l’issue de ce stage, nous avons retenu 15 joueuses également, jusqu’à maintenant. Malheureusement, les moyens nous manquent. L’encadrement n’est pas financièrement soutenu. Nos contrats ne sont pas signés jusqu’à présent. Surtout ce contrat étant escamoté, le ministère des Sports ayant refusé de signer un an. Alors que c’est une année de travail que nous faisons. Au niveau des enfants, les moyens tardent à venir aussi. La Fédération, à elle seule, ne peut pas. La dernière phase, où nous aurions dû aller en préparation à l’extérieur, a été plombée puisque les fonds n’ont pas pu être débloqués pour nous amener en Espagne. Les invitations étaient déjà établies. Nous-nous sommes contentés d’une préparation locale de 15 jours d’internat. Ce n’est pas si mal, mais ça ne nous permet pas l’acclimatation. On avait besoin de confronter des équipes de l’extérieur. A défaut, nous-nous sommes contentés de jouer contre des équipes de Bamako.
A ce rythme, est-ce que l’objectif de l’équipe malienne sera atteint lors de ce championnat ?
C’est la plus grande question. Il est difficile de se fixer des objectifs, quand on n’a pas de moyen. Franchement au vu de la préparation, nous sommes moins ambitieux. Les enfants sont engagés, nous sommes engagés à fond. Ce qui va nous arriver pourrait relever de notre travail personnel et de l’accompagnement cahin-caha de la Fédération. C’est vraiment dommage. La Fédération n’ose pas nous fixer des objectifs, puisqu’elle n’a pas pu débloquer les moyens qu’il faut pour nous accompagner. Ces moyens pouvaient nous amener à l’étranger, faire une bonne préparation et bien récupérer physiquement.
Nous-mêmes, nous nous sommes donné un objectif de franchir le cap du premier tour. Donc méritons d’être accompagné par l’Etat, voir même le continent. Quand nous devons participer à une compétition de ce genre, il faut les moyens pour que nous puissions nous battre à arme égale.
Analysez-nous le groupe du Mali à ce championnat du monde Fiba U17 Filles?
Sur le plan de la préparation, physique, technique et tactique, nous avons fait ce qu’on n’a pu. Nous jouons contre le Brésil, vice-champion d’Amérique pour commencer. Ce n’est pas rien. Quand une équipe se classe deuxième devant les USA dans une compétition de basketball, c’est une bonne équipe. Nous jouerons contre l’Espagne (le pays hôte) et nous finirons ces matches de groupe contre le Portugal qui est deuxième d’Europe également. L’Europe a un bon vivier et joue du bon basket. Nous allons tirer notre épingle du jeu. On y croit, mais encore une fois, nous ne partons pas à arme égale.
Comment le voyage de l’équipe malienne va-t-il se passer ?
Nous avons constaté des retards aussi à ce niveau. A ce jour (le 11 juin 2016), l’ordre de mission n’est pas sorti. Hier nous étions obligés d’aller à l’ambassade d’Espagne. Puisque la demande devait être introduite au moins 15 ou 10 jours avant le voyage. Ils sont en train de mettre le paquet pour que nous ayons les visas. Je constate que c’est difficile là aussi. Pas seulement au niveau des documents, mais au niveau des frais à payer: assurances, frais de visa…
Nous pensons être compris par le consulat espagnol et nous espérons obtenir les visas pour ce voyage. L’itinéraire, c’est que nous devons quitter Bamako dans la nuit du 19 au 20 juin pour Madrid, via Casablanca, avant de rallier Saragosse par bus.
Avez-vous un appel avant votre départ ?
Il faut que nous sortions de l’à peu près. Lorsque le président de la République nous a reçus lors de la présentation du 4e trophée d’Afrique des U17 filles, il a donné l’engagement de l’Etat avec tous les moyens qu’il faut pour que nous fassions une bonne préparation. Je crois que nous avons la responsabilité de représenter un pays, il faut une bonne préparation. Les moyens, il y en a. Il faut que les uns et les autres soient de bonne volonté, conjuguent les efforts, déploient les moyens et que nous sortions de cet à peu près-là. Il fallait partir à arme égale pour voir si nous sommes capables ou pas. Le Mali a eu une grosse chance de participer à ce rendez-vous mondial pour la quatrième fois d’affilée. Les moyens pouvaient nous permettre de tirer plus notre épingle du jeu.
Nous n’avons pas oublié l’accueil après le sacre de Madagascar. Le peuple malien mérite d’avoir quelque chose de bien encore.
Réalisée par Yacouba TANGARA