Décidemment, certains membres du personnel soignant de l’hôpital Gabriel Touré sont déterminés à faire voir de toutes les couleurs aux patients qui se hasardent à solliciter leurs soins. Eh oui, à côté des dysfonctionnements de cette structure de santé, lesquels font bien plus de mal que de bien aux malades, voilà que ces derniers sont aussi victimes de vol.
Et cette fois-ci, ce n’est pas du fait des évadés de la Maison d’arrêt de Bamako qui échappent encore aux mailles du filet du ministère de l’Intérieur, mais bien de certains membres du personnel médical du CHU Gabriel Touré. Un personnel médical qui, comme on le constate, souffre encore du manque à gagner occasionné par la politique de gratuité de soins, qui, en réalité, coûte très cher aux malades. Et c’est sur les pauvres patients que ce personnel-là a décidé de se rattraper. Quelle horreur ! Mais, il fallait s’y attendre, non ? Mercredi 8 juin 2016, un petit tour au CHU Gabriel Touré pour visiter une amie malade et nous voilà dans une de ses chambres pour les hospitalisés, un lit sur lequel elle était étendue depuis le dimanche 5 juin. On y trouve son époux répondant aux initiales A.D criant son indignation. Et pour cause. Tous les médicaments qu’il a achetés pour son épouse qui souffre de fortes douleurs abdominales et de forte fièvre ont disparu. Comme par enchantement ! En effet, si A.D est très remonté, c’est qu’en seulement quatre jours d’hospitalisation, il venait d’acheter tous les médicaments des dix (10) ordonnances tendues par les infirmiers. Et dire que A.D s’était permis d’interroger ces hommes en blouse blanche qui lui tendaient ces ordonnances sur lesquelles figuraient pratiquement les mêmes médicaments. Petite interrogation bien vite dissipée d’ailleurs par une réponse routinière: ‘’C’est comme ça, avaient répliqué les soigneurs’’. Soit. Mais la quantité des médicaments pour quatre jours d’hospitalisation en cachait beaucoup sur la réelle motivation des prescripteurs. Allez, un petit jeu de calcul. Du dimanche 5 juin à 16h10mn au mercredi 8 juin, A.D, pour sauver sa femme, avait payé 11 quantités de valium injectable, 16 quantités de Sphasfon injectable, 12 quantités de HTV, 16 quantités de Palujet, 5 quantités de SCI 500mg, 4 quantités de SGU, 1 quantité de Scptilum, 5 quantités d’Intranul, 2 quantités de perfuseur, 9 Seringues, 2 thermomètres, 6 gants propres, 2 bouteilles d’alcool et autres sparadrap et coton. Tout ça à mettre dans le corps d’une malade ? Ou juste une petite stratégie pour renflouer la boite à pharmacie ambulante de ces infirmiers. Qui, comme on le sait tous, les revendent après, dans les couloirs du CHU à d’autres malades et à vil prix, (comme c’est le cas pour tous les médicaments volés). Et c’est seulement le petit matériel (gants, seringues, coton, alcool) que ces mystérieux voleurs ont bien voulu laisser à l’époux de la malade. On ne peut que les remercier pour cet acte d’humanisme ! Et lorsque l’époux A.D s’en est vigoureusement plaint à des médecins après le constat de la disparition de ses médicaments, ils ont vite compris que ce monsieur-là, un Enseignant d’ Université de surcroit, savait de quoi il parlait. Alors très vite, pour calmer les esprits, ils font sortir les doux mots de leur lexique du genre : ‘’Nous vous présentons nos excuses’’. C’est en effet un conseil fort réconfortant !
Paul N’GUESSAN