Il y a quelques semaines, le climat était très tendu au niveau des frontières mauritanienne et sénégalaise. Les transporteurs qui y chargent les articles au niveau des ports de ces deux pays en destination du Mali étaient bloqués. Toujours les dispositions règlementaires dans le domaine du transport routier dans l’espace UEMOA en question.
Cette tension n’est pas la première après l’entrée en vigueur de la nouvelle mesure de régulation du transport routier dans l’espace UEMOA. Elle a d’abord commencé en Côte d’Ivoire il y a quelques mois. Début mars 2016, des camions maliens étaient stationnés à Pogo pendant plus de vingt jours pour la simple raison que cette nouvelle mesure de peser contre poids les frappait presque tous. Les camions avaient en plus ou en moins le poids chargé au port. Cela exigeait une sanction pécuniaire de 300.000 f cfa.
Impuissants face à cette nouvelle vision dite applicable dans l’espace UEMOA, les transporteurs maliens avaient pris d’autres destinations où certainement la loi ne portait encore effet. Ainsi, les ports de la Mauritanie et le Sénégal avaient remplacé celui de la Côte d’Ivoire.
Quelques temps après, la même tension se manifeste au niveau des frontières de ces pays dessus cités. Les transporteurs face aux mêmes causes que celles de la Côte d’Ivoire entrent en colère.
Le Conseil Malien des Chargeurs, à travers son Président BabalayeDaou, est vite entré en contact avec les pays concernés, les transporteurs et le département de tutelle afin de trouver un accord.
Cette médiation du Président du CMC, selon son entourage, est d’éviter le pire. Sans dispositions idoines, les prix des produits de première nécessité risqueront de prendre l’ascenseur si la disposition venait à frapper les transporteurs. Un coût imprévu dans leurs dépenses qui aura un impact sur les prix au marché. En cette période de ramadan, cette flambée sera mal interprétée, surtout après la sortie du ministre AMPE pour rassurer les maliens.
Ce que certains transporteurs déplorent dans cette nouvelle mesure est qu’elle traite les pays de l’espace UEMOA au même pied d’égalité sans tenir compte du côté ‘’enclavé’’ de certains.
‘’ Nous nous chargeons dans les pays où il y a le port, nous parcourons des milliers de kilomètre (à l’aller et au retour). Il y a ces frais et d’autres dépenses indirectes. Et après on nous exige un poids. Si tu prenais 60 ou 70 tonnes et qu’on t’exige à ne pas dépasser 40 ou 50 tonnes, imaginez la différence. Malgré tout, les dépenses sont les mêmes. Dans ces conditions, forcément, il y aura une flambée des prix car personne n’aime perdre dans les affaires.
Les transporteurs et opérateurs économiques de ces pays portuaires n’ont pas toutes ces contraintes et on veut nous mettre sous réserve de la même disposition.
Cela est difficile à admettre et il est nécessaire de la revoir’’. Nous confiait un opérateur économique rencontré dans le ministère de l’équipement et des transports.
Dans cette nouvelle politique, l’on avance la préservation de l’état des routes. Les pays portuaires se plaignaient tout en accusant les camions des pays enclavés d’être à l’origine de l’état de dégradation de leurs routes.
« Même si cela s’avère vrai, la mesure est trop sévère en termes pécuniaire et occulte d’autres remarques à débattre », a précisé notre interlocuteur.
L’Etat malien s’investit beaucoup pour rendre accessible au moindre coût divers articles. Pour preuve, le sucre, le pétrole etc. sont moins chers au Mali que dans des pays portuaires.
Joint au téléphone hier soir, le Président du Conseil Malien des Chargeurs nous a confirmé le report de la mise en application de l’article 14 autour duquel la discussion se situe. Cela afin de trouver une solution aux disfonctionnements source de la tension.
Boubacar Yalkoué
Source: Le Pays