Après le droit de réponse des auteurs du livre « Le Mali sous Moussa Traoré » paru dans L’Aube n°…..en réaction à une publication de l’Association REPERES (L’Aube n°…), celle-ci revient à la charge dans une réplique qui en dit long sur l’intérêt du débat d’idées suscité par ce livre qui n’en finit pas de faire des vagues.
Bonne lecture !
A l’association REPERES, nous croyons participer à un débat franc, constructif et civilisé. Nous ne savions pas que c’est un débat alimentaire .Ce n’est du tout pas un hasard si le collectif qui a écrit le livre a choisi de mettre le Mali sous les pieds de Moussa Traoré qui le piétine. C’est là l’explication du titre de leur livre car pour eux Moussa Traoré est au dessus du Mali.
Aussi nous prenons acte de la réaction pour reconnaissance du ventre de l’émérite professeur Oumar KANOUTE.
Nous constatons que dans sa longue diatribe, le professeur Kanouté n’apporte aucun démenti formel à ce que nous avions écrit dans notre précédent article. Le Professeur Kanouté s’est tout juste contenté d’analyser notre texte comme si c’était un devoir d’écolier qui lui était soumis.
Concernant l’existence du Département de tutelle des Sociétés et Entreprises d’Etat.
Dans sa réaction du 26 Avril 2016 le Professeur Kanouté écrit:
Moussa Traoré résistera longtemps. Pour préserver “les acquis du peuple”, il ira jusqu’à créer le ministère de tutelle des Société et Entreprises d’Etat en nommant sur proposition de l’UNTM comme chef dudit département, le secrétaire général adjoint de la centrale syndicale : Bandiougou Bidia Doucouré.
Quant nous lui avons signifié que le Département existait depuis 1962 avec Lamine Sow comme Ministre et que même avec le CMLN/UDPM il a fonctionné à partir de 1972 et que Bandiougou Bidia Doucouré n’a occupé ce poste qu’en 1982 1984.
L’éminent Professeur Kanouté nous répliquera le 26 mai 2016 comme suit :
Le poste dont il est question a été créé le 15 septembre 1966 sous la dénomination « ministère du contrôle des sociétés et entreprises d’État », avec pour mission d’étudier les possibilités de leur restructuration, voire de leur liquidation.
Le département deviendra, le 7 février 1968, « ministère des Sociétés et Entreprises d’État », au lendemain de la signature des fameux accords monétaires franco-maliens. Voilà une volonté manifeste de travestir l’histoire.
Concernant les fameux accords auxquels vous faites fréquemment allusion, il nous plait de rappeler une fois de plus que ces accords n’étaient pas du tout économiques ; c’est raison pour laquelle les membres de la délégation avaient été interpellés devant les Députés à l’Assemblée.
Le Ministre Louis Nègre membre de la délégation l’a si bien dit lors de la conférence des cadres organisée par le CMLN en 1969 : les accords monétaires franco maliens signés en 1967 n’étaient pas économiques c’était purement politique : il y avait un géant à mettre à genou et c’est chose faite.
D’ailleurs, le Président Modibo Keita était dans une logique de les dénoncer avec la manière. Il a déclaré avant de s’embarquer pour la Conférence économique de Mopti : "les accords de 1967 sont un piège. Il nous faut nous préparer à les rompre".
Quant au rapport de Laïty Kama :
Le professeur Kanouté nous invite à une lecture approfondie dudit rapport, oubliant qu’il a été le premier à le citer dans sa réplique du 26 Avril 2016 et au commentaire n°5, nous nous sommes simplement contentés de rappeler que tout compte commence par UN et c’est la raison pour laquelle nous avons cité le rapport et son commentaire n°1.
A REPERES, nous disons et soutenons qu’il y a bel et bien falsification de l’histoire.
Dire que Fily Dabo Sissoko et Amadou Hampâté Ba sont les premiers Soudanais formés à l’école coloniale, alors comme cité dans notre précédent article, eux sont de 1900 et l’école des otages créée à Kayes au Soudan est de 1902. Mieux avant eux il y a eu des fonctionnaires : entre autres Daba Keita le père du Président Modibo Keita Commis, Mamadou Konaté Instituteur Balobo Maïga Interprète et Moussa Traoré le père de madame Modibo interprète, etc.
Tout homme sensé ne souhaite pas la mort à son prochain, cependant, ce qui est fait est fait.
De là à ne parler avec insistance et d’une manière répétitive et sans cesse ce qui semble être le seul fait reproché au régime de l’US RDA de 1960 à 1968, la mort de Fily Dabo Sissoko, Kassoum Touré et Hamadoun Dicko, arrêtés pour avoir organisé une manifestation au cours de laquelle le Drapeau et le Franc Maliens ont été piétinés et déchirés devant l’Ambassade de la France aux cris de vive la France à bas le Mali à bas le Franc Malien et taire volontairement la mort de Jules Travélé, de David Coulibaly, Mamadou Diarrah, du capitaine Diby Sylas Diarra, Bakary Camara, Tiékoura Sogodogo, Jean Bolon Samaké, Mamy Ouattara, Boubacar Traoré , Kissima Doukara, Tiécoro Bagayoko, le Président du Gouvernement Yoro Diakité, des membres du CMLN, morts à Taoudéni ou à Kidal et Tombouctou ; les Abdoul Karim Camara dit Cabral, Tiocary et Tangara arrachés à la fleur de l’âge ; n’est-ce pas là une flagrante falsification de l’histoire.
L’arrestation du groupe de Diby Sylas Diarra est due à la position suivante prise face au coup d’état de 1968. Il s’agit de :
a) ne pas remettre l’option socialiste en cause
b) conserver les structures du parti, quitte à entreprendre une épuration en profondeur
c) créer dans les plus brefs délais les conditions d’un retour à une vie constitutionnelle normale
d) assurer le retour de l’armée à sa vocation traditionnelle (elle demeurera toutefois cette indispensable épée de Damoclès)
e) rétablir la hiérarchie et renforcer la discipline dans l’armée.
Le groupe avait usé de tous les moyens afin de rencontrer le Président du CMLN et lui faire ces suggestions, sans succès. C’est ce qui a été assimilé à une tentative de coup d’état.
Ils seront arrêtés au nombre 33, jugés et condamnés par une cour spéciale créée pour ce faire et 6 d’entre eux mourront à Taoudénit. Il faut lire l’ouvrage intitulé : « Dix ans au bagne mouroir de Taoudénit » de Samba Sangaré pour mesurer l’ampleur des cruautés, tortures et sévices dont les plus atroces sont dictés par Moussa Traoré en personne.
JUGEMENT BACLE
Au bout de six jours, tout était fini. Les dossiers instruits tant bien que mal furent remis à juge d’instruction. Ce dernier qui avait reçu l’ordre d’activer, remit à son tour le dossier au comité.
Il s’agissait maintenant de savoir à quelle juridiction confier cette affaire. Après quelques consultations par-ci par-là, ils obtinrent d’un démagogue en quête de place la suggestion de créer une «Cour spéciale de sûreté de l’Etat ».
L’ordonnance fut prise au nom du peuple malien. (Voir« Le chemin de l’honneur » pages 19-20 de l’adjudant Guédiouma Samaké).
Ils seront jugés par la cour ainsi composée :
ORDONNANCE N° 49/CMLIN portant création d’une cour de sureté de l’Etat
Le Président du Comité Militaire de Libération Nationale ordonne :
Article 1er : Il est créé en République du Mali une cour de sureté de l’Etat ayant son siège à Bamako.
Article 2 : La cour est compétente pour connaître des crimes et délits contre la sureté intérieure et extérieure de l’Etat.
Bamako, le 18 Septembre 1969
Le Président du Comité Militaire de Libération Nationale
Lieutenant Moussa Traoré
Décret d’application
PRESIENCE DU GOUVERNEMENT
Ministère de la justice République
DECRET N°163/CMLN
Portant nomination des membres de la cour de sûreté de l’Etat.
Vu l’ordonnance N°49/CMLN du 18/9/1969 portant création de la cour de sûreté de l’Etat
Vu les nécessités :
DECRETE
Article 1er : Sont nommés membres de la cour de sûreté de l’Etat, les personnalités ci-après :
Chambre de Jugement
Président : Lassana Koïta, magistrat de 1ère classe
JUGE :
Chef de bataillon Tiémoko Konaté
Capitaine Baba Maïga
Capitaine Amara Danfaga
Capitaine Sory Keita
Capitaine Bougary Sangaré
Capitaine de gendarmerie Abdoulaye Diallo
Lieutenant Mamadou Coulibaly
Lieutenant de gendarmerie Tidiani Bal
Bamako, le 18 Septembre 1969
LE PRESIDENT DU COMITE MILITAIRE
DE LIBERATION NATIONALE
Signé : Lieutenant Moussa Traoré
Le procès initialement prévu pour le 30 Décembre eut lieu le 10 Décembre. Quelle injure à a Déclaration Universelle des Droits de l’Homme !
Maître Demba Diallo intervient pour récuser trois des jurés tous Gouverneurs de Régions, donc membres du Gouvernement, donc juges et parties à la fois. Mais cette requête fut rejetée. (cf. Le chemin de l’honneur page 22 G. Samaké). Ce tribunal est-il régulier Professeur Kanouté ? Et comment le qualifierez-vous ?
Gloser longuement sur le tribunal populaire concernant le jugement de Fily Dabo Sissoko, Kassoum Touré et Hamadoun Dicko ; taire volontairement toute allusion à cet autre tribunal qui a jugé le groupe de Diby Sylas Diarra est pour le moins une aberration !
Que dire des compagnons de Modibo Keita qui auront séjourné en détention pendant 10 ans sans jugement et ceux qui n’ont pas été arrêtés mais qui ont été constitutionnellement (sic) privés de leurs droits civiques ?
PROCES ECONOMIQUE A TOMBOUCTOU
Après un premier procès qui a condamné la bande dite des trois (Tiécoro, Kissima, Karim, etc.), un procès économique est organisé et délocalisé à Tombouctou pour des raisons inavouées. Ce qui occasionnera un mécontentement général de la population. Raison pour laquelle le Bureau Exécutif National de l'U.N.J.M. (l’organisation de jeunesse mise en place par Moussa lui-même) dirigée par feu Sada Samaké comme Secrétaire Général a protesté contre la délocalisation du procès et a fait un appel à une grève générale de 48 heures des jeunes pour compter du 25 Février 1979. Il est à noter que l’éminent professeur Oumar Kanouté n’a jamais songé à prendre une telle position face aux violations du Droit par Moussa Traoré pendant tout le temps qu’il fut secrétaire général alimentaire de l’UNJM.
Le procès délocalisé enregistre la mort mystérieuse à Tombouctou le 27 février 1979 de Maitre Chevrier (avocat français au barreau de Bamako, chargé de la défense des accusés, après avoir obtenu le report du procès ce même jour sur la base de sa démonstration d'un vice de procédure juridique)
DE L’ASSASSINAT DU PRESIDENT MODIBO KEITA :
Modibo Keita était certes Instituteur, Instituteur d’élite selon ses professeurs à William Ponty, mais il a été aussi Député à l’Assemblée Nationale Française, Conseiller de l’Union Française, Maire de Bamako, Président du Grand Conseil de l’AOF, deux fois Secrétaire d’Etat dans le Gouvernement Français, chef du Gouvernement de la Fédération Mali, père de l’indépendance du Mali et Président de la République du Mali indépendant de 1960 à 1968.
Après son assassinat, un communiqué laconique annonce la mort d’un instituteur à la retraite. C’est tout simplement diabolique, d’une mauvaise foi inqualifiable et une grossière falsification de l’histoire.
Aussi, bien de Maliens seront soit arrêtés et jetés en prison sans inculpation ni jugement et torturés, soit relevés de leur fonction pour simplement avoir assisté à l’enterrement du Président Modibo Keita.
LE CENTRE DE TAOUDENIT
C’est après l’arrestation du groupe de Diby que le Bagne-mouroir de Taoudénit désigné frauduleusement et cyniquement « Centre d’internement » est créé dans le but d’y envoyer mourir, suite à des atrocités innommables et dans des conditions affreuses, tous les opposants et ceux supposés l’être au régime militaro-fascite du CMLN/UDPM.
Ironie du sort, de nombreux membres du CMLN, initiateurs de ce « Centre » y seront envoyés par Moussa et la plupart d’entre eux y trouveront la mort.
Le texte créant le «Centre d’internement» de Taoudénit
PRESIDENCE DU GOUVERNEMENT
DECRET N° 132/PGP-RM
Vu
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Statuant en conseil des ministres :
DECRETE
Article 1er : Il est créé à Taoudénit, un centre spécial de rééducation où sont internés tous les détenus condamnés pour atteinte aux biens publics à l’exception de ceux du sexe féminin.
Article 2 : Dans ce centre les détenus sont employés :
1) à des travaux d’extraction de sel dans les mines
2) à des travaux artisanaux
3) à des travaux d’aménagement et d’entretien du centre
Le Ministre de la défense, de l’intérieur et de la sécurité
Charles Samba Sissoko
Le Ministre de la justice Le Ministre des finances et du commerce
Hamaciré NDouré Louis nègre
Le secrétaire d’Etat aux affaires sociales
Inna Cissé
Koulouba, le 14 Aout 1969
Le président du Gouvernement provisoire
Capitaine Yoro Diakité
I.G. MAIGA
ASSOCIATION REPERES