En l’espace d’une semaine, le bureau des douanes de Kourémalé a saisi 1,3 tonne de foie boeuf, 490 kg de poulets et plusieurs cartons de poissons, tous impropres à la consommation. Il y a peu les mêmes agents avaient empêché l’introduction d’animaux sauvages guinéens
Avant même que notre pays ne se remettre des épisodes scandaleux de découverte de véritables industries d’abattage clandestin d’ânes à Bamako et environs, d’autres nouvelles du genre nous parviennent de Kourémalé. Cette fois, ce n’est pas l’espèce asine qui est en vedette mais plutôt le bœuf, le poulet et le poisson. Les services des douanes viennent de mettre hors circuit une importante quantité de foie de bœuf, de poulet et de poisson avariée au point d’être malodorante.
On imagine aisément les conséquences sur la santé des consommateurs. Le bureau secondaire des douanes de Kourémalé, à la frontière entre la Guinée et notre pays, a fait cette prouesse dans la journée du 4 juin dernier. Pendant que les agents étaient au poste frontalier, une camionnette s’immobilise dans le but d’entamer rapidement une procédure de dédouanement de sa cargaison. Celle-ci n’est autre que du foie en voie de putréfaction. Une odeur écœurante s’échappe de la camionnette.
Une vérification éclair permit de découvrir une importante quantité de foie de bœuf, embarquée depuis la Guinée voisine par deux femmes de nationalité malienne. Les abats étaient emballés dans des cartons et rangés dans une fourgonnette, en provenance de la Guinée. Quelques poissons avaient été placés juste à l’entrée du véhicule. Histoire de dissimuler les vraies «marchandises» : 49 cartons contenant chacun 10 kg de chair de poulets et 52 cartons contenant chacun 25 kg de foie, soit 1, 3 tonne. Les poulets, selon les renseignements lus sur les emballages, proviennent du Brésil pendant que les cartons de foies sont d’origine irlandaise et française.
Après une analyse approfondie d’échantillons prélevés, les services vétérinaires ont conclu en fin de la semaine dernière que la marchandise était tout à fait avariée, donc impropres à la consommation. Il suffit d’imaginer que L’infecte cargaison était destinée à la consommation humaine, autant dire dans nos assiettes de rupture de jeûne. Selon le commandant Harouna Traoré, chef du bureau frontalier, les origines douteuses de la marchandise et les conditions de conservation expliquent la décomposition du produit sous l’action d’agents microbiens.
Le samedi 4 juin, tôt le matin, le commandant Traoré et son équipe ont acheminé la camionnette dans la cour des services vétérinaires à Dibida. Le même jour, les produits saisis, ont été déclarés impropres à la consommation des carnivores du parc national et incinérés.
Le bureau des douanes de Kourémalé n’est à son premier coup en la matière. En effet, deux jours avant la saisie du foie, le chef de brigade de Kourémalé, le commandant Harouna Traoré et ses hommes, avaient mis le grappin sur une de nos compatriotes qui tentait d’introduire sur le territoire national des cartons de poulets, sans aucune garantie sanitaire.
« Curieusement, les délinquants font toujours mine de ne pas comprendre l’enjeu de la situation. Nous sortons progressivement de la période Ebola. Nous, agents des douanes, avons le devoir d’empêcher l’entrée de ces produits dont l’origine est douteuse et les conditions de conservation ne répondant à aucune exigence sanitaire», explique pédagogiquement le patron des douanes de Kourémalé qui a également saisi à cette frontière des produits pharmaceutiques en quantité importante, mais aussi de l’or et du diamant de contrebande.
Au delà de la mission régalienne des services des douanes, il fonde sa légitimité sur l’arrêté inter ministériel « 535 » du 5 juin 2015, qui interdit toute importante de viande bovine au Mali. « Il est vrai que les moyens humains et matériels ne sont pas suffisants. Mais les douanes de Kourémalé restent vigilantes » a-t-il indiqué, tout en appelant la population à « faire attention aux produits sur le marché ».
Avant même de finir avec cette procédure, un autre commerçant s’est présenté au bureau des douanes de Kourémalé avec plusieurs têtes de buffles, comme si de rien était. Muni de documents guinéens, il s’est heurté à un refus catégorique d’introduire les animaux sauvages sur le territoire malien. Le commandant Traoré a été conforté dans sa décision par l’avis défavorable du Pr. Samba Sow, coordinateur des actions de lutte contre l’épidémie Ebola.
A. M. CISSE
Source: Essor