Dans le désert entre Mali et Niger, les forces maliennes et nigériennes appuyées par les troupes françaises lancent une contre-attaque contre la branche régionale d’Al-Qaïda.
Le chef du détachement français Barkhane, Eric, ne nous a donné que son prénom. Il a été rejoint par les soldats du Niger et du Mali, deux anciennes colonnies françaises recouvrant un espace désertique 3 fois la taille de l’Europe de l’Ouest.
ERIC
Chef du détachement français Barkhane
Après la rencontre les 40 soldats français ont traversé la frontière vers le Mali pour continuer leur opération qui répond au nom de code Siham, et qui a pour but de se débarrasser d’Al Qaïda. Les forces locales demeurent de leur propre côté de la frontière, une limite à leur coopération. La frontière qui sépare les deux anciennes colonies françaises le Niger et le Mali fait 800 km entre la région semi-aride du Sahel et le Sahara, une région largement vide de toute présence policière. Avec aussi peu d’obstacles ni de frontière visible, c’est un endroit idéal d’où lancer des attaques en Afrique de l’Ouest pour Al Qaïda au Maghreb Islamique et sa branche Al Morabitoun. Le contrôle du Sahel est donc crucial.
MOHAMED
Lieutenant malien
Les combattants ont kidnappé des dizaines d’Occidentaux et attaqué des unités militaires mais aussi répandu la terreur lors d’attentats au Mali, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, dont deux hôtels fréquentés par des étrangers. Plus au nord, en Libye, ne règne aucun ordre, au sud, c’est Boko Haram qui sème la terreur pour établir un Etat islamique. La France et la Belgique, des Etats riches ayant accès aux renseignements de l’Union européenne, ont connu des problèmes de communication qui ont permis aux combattants islamistes de s’introduire dans leurs frontières et d’y commettre des attentats meurtriers l’an dernier. Quel espoir pourrait donc bien avoir le Mali et le Niger, deux des pays les plus pauvres du monde, grands comme les deux tiers de l’Europe occidentale? Pour répondre à cette question, l’Afrique de l’Ouest tente de mieux se coordonner. Lors de l’opération Siham, environ mille 300 maliens et nigériens se sont déplacés dans les tempêtes de sable pendant deux semaines depuis la fin du mois de mai. Ils ont recueilli des renseignements, suivi des djihadistes et fouillé des lieux suspectés de servir de camps d’entraînement, même s’ils n’abritaient aucun combattant.
MOUSSA
Colonel nigérien
Le Sahara et le Sahel ont longtemps été la chasse gardée de peuples nomades comme les Touaregs qui ont construit dans le passé des empires islamistes sur des routes reliant l’intérieur de l’Afrique et la côte méditerranéenne. Désormais les combattants chassés des centres urbains du nord du Mali par les troupes françaises en 2013 utilisent ces routes du désert pour lancer leurs attaques. Une fréquence de radio a été réactivée par des troupes régionales et une liste de numéros de téléphone utilisés par des officiers militaires à la frontière a été établie. Mais la poursuite des combattants islamistes à travers les frontières demeure un sujet délicat. Les troupes françaises peuvent se déplacer d’un pays à l’autre mais les accords entre pays africains ne le permettent pas. Les permissions sont données au cas par cas, freinant ainsi les efforts de lutte contre le terrorisme.