Dans un rapport d’enquête adressé, le 22 avril 2016 au Ministre de la Défense, le directeur de la Sécurité Militaire revient dans le détail sur les circonstances du cambriolage du magasin d’armes du GMO, le vol de 26 armes et l’arrestation de 6 gardes. Voici le rapport.
« Dans le cadre de la surveillance des casernes et particulièrement du suivi des matériels de guerre armées, j’ai l’honneur de vous rendre compte de ce qui suit. Dans la nuit du mardi 19 au mercredi 20 avril 2016, le magasin d’armement du Groupement de maintien d’Ordre (GMO) de la Garde nationale à Bamako, sis au camp de gardes à N’Tomikorobougou, a été cambriolé et 26 armes, dont 18 pistolets mitrailleurs et 8 carabines chinoises, ont été volées.
A travers les premières auditions de l’enquête, il ressort trois éléments présumés complices ou tout au moins liés à ce cambriolage. En effet, le magasin d’armement contenait des armes et matériels de maintien d’ordre du GMO. Il était triplement fermé avec trois cadenas dont l’un directement sur la porte et les deux autres sur les deux barres de fer croisées servant de block de sûreté. Chaque cadenas disposait de trois clés. Le magasin était tenu par le caporal Mamadou A. Camara assisté de deux gardes: Mama Diassana et Modibo Traoré. Il y a six mois, le même poste était tenu précédemment par le sergent-chef Douba Mounkoro, qui a été relevé. A sa relève, il a passé les consignes au caporal Camara avec neuf clés, dit-il. Dès lors, le magasinier ravitaillait les hommes en armes et matériels de maintien d’ordre et, après chaque mission, les réintégrait sans problème particulier jusque dans la nuit du 19 au 20 avril 2016. Cette nuit-là, le caporal Camara, après avoir servi aux hommes de patrouille leur dotation quotidienne, appela le garde Mama Diassana pour lui remettre le trousseau des trois clés du magasin dont une pour chaque cadenas. Il lui dit qu’il ne viendra pas tôt au travail le lendemain matin, c’est-à-dire le mercredi 20 avril 2016, parce qu’il accompagnera sa femme à la maternité dudit camp, située seulement à une vingtaine de mètres du magasin, tout en lui précisant de venir tôt pour les servitudes du GMO. En plus de cette situation, l’attention se porte sur le comportement douteux du garde Aboubacar Coulibaly, chef de poste « parking » se trouvant à quelque dix mètres du magasin, chargé de veiller sur les bureaux du GMO, les véhicules et le magasin d’armement. Il était accompagné par les gardes Broulaye Berthé matricule 13762 et Moussa Kéïta matricule 14294. Le garde Coulibaly, au cours de la nuit, a libéré ses deux compagnons, l’un pour rentrer chez lui, à Kati, vers 19 heures, parce qu’il avait assuré le service de la journée et le second pour dormir dans le bâtiment des gardes, vers 1 heure, pour revenir à l’aube. Il assura seul le service de garde et de veille sur le parking et les bureaux du GMO pendant le reste de la nuit.
Enfin, le comportement de l’adjudant-chef du Groupement, l’adjudant-chef Daoulé Mariko, reste douteux dans cette affaire. Celui-ci reste habituellement tard au service. Ainsi dit-il avoir quitté le service vers 1 heure du matin, cette nuit, pour rentrer chez lui. Il est logé dans le même camp. Sa version a été confirmée par le garde Coulibaly qui a affirmé que l’adjudant-chef Mariko lui a rendu visite avant de rentrer chez lui. Seulement, d’autres personnes ont démenti cette version et affirmé l’avoir vu près du container servant de dortoir aux adjudants de compagnie de Groupement. Elles ont été confirmé par l’adjudant-chef Mariko a passé la nuit dans le dit container. Et le lendemain, il a été réveillé par le caporal Camara.
Conclusion : Le cambriolage du magasin d’armement du GMO et le vol des armes ont été minutieusement planifiés et exécutés avec une certaine complicité, d’où leur réussite. Les trois cadenas ont été ouverts avec des duplicatas des clés originales. Après le forfait, l’auteur a refermé la porte, sans mettre les cadenas. Il plaça deux gris-gris et un cadenas, avec une clé insérée dedans, sous la porte. Dans le cadre de l’enquête, pour situer les responsabilités de ce vol, le commandant de la Garde Nationale a mis sous les verrous, dans le local disciplinaire, le caporal Camara et les gardes Coulibaly, Berthé, Keïta, Traoré et Diassana. De leurs auditions, il ressort que ni le magasinier d’armement, ni les locaux du GMO ne font partie de la surveillance des hommes de garde qui sont chargés uniquement de veiller sur le parc automobiles et motos des éléments en mission de maintien de l’ordre. A ce stade de l’enquête, aucun de ces éléments ne peut être retenu comme auteur de cet acte. Cependant, il n’est pas impossible que certains d’entre eux soient impliqués. De ce fait, le garde Kéïta peut être écarté des accusations car, étant rentré à Kati, il ne saurait participer à quelque activité que ce soit. Toutefois, quant au caporal Camara et aux gardes Coulibaly, Berthé, Traoré et Diassana, autant que l’adjudant-chef Mariko, ainsi que le sergent-chef Mounkoro, ils sont tous suspects. En définitive, compte tenu des propos mensongers de l’adjudant-chef Mariko et de la manière douteuse de passation de consignes du magasin par le sergent-chef Mounkoro déclarant avoir remis toutes les clés au caporal Camara qui l’a démenti fortement, il serait impératif d’associer les deux éléments à l’enquête afin de situer les responsabilités et les degrés d’implication de chacun d’eux. Les enquêtes continuent. Par ailleurs, après vérification, il n’y a aucun lien entre les armes saisies à Tombouctou et celles volées au GMO. »
Signé le Directeur de la Sécurité Militaire
Colonel-major Boubacar Kéita