L’appel de Ban Ki-moon à renforcer les troupes de la mission onusienne au Mali est un signe fort du danger qui guette la paix dans ce pays du Sahel, transformé en un sanctuaire des terroristes et une zone de non-droit pour des trafics en tous genres.
Le nord du Mali bouillonne. L’insécurité regagne du terrain sur fond de blocages politiques qui persistent entre les signataires de l’accord de paix, dont le comité de suivi a ouvert, hier, sa neuvième session à Bamako. Ainsi, dans la nuit de dimanche à hier, des hommes armés ont mené une attaque à Tombouctou dans la partie ouest de la ville, a rapporté la presse locale. Au même moment, un autre groupe à l’identité non encore établie a occupé momentanément cette partie ouest de la ville, échangeant des tirs avec les services de sécurité, avant de disparaître dans la nature. La veille, une dizaine de personnes ont été tuées et d’autres ont été grièvement blessées lors d’affrontements intercommunautaires qui ont opposé des membres du groupe d’autodéfense des Touareg de l’Imghad et alliés (Gatia) et une milice peule, près de Douentza (Centre-Nord), ont rapporté des sources locales, citées par les médias. Des responsables de Gatia ont accusé la milice peule de vouloir installer une base militaire dans la commune de Gandmia. “Une milice peule voulait installer une base militaire dans la commune de Gandamia, non loin de la ville de Douentza”, a déclaré à l'AFP Ali Ag Bako, un combattant du Gatia joint par téléphone dans la région. “Nous avons été obligés d'intervenir militairement. Au cours des affrontements, nous avons tué une dizaine d'ennemis et nous avons aussi des prisonniers”, a-t-il affirmé. Mais cette version a été “catégoriquement” démentie par un responsable local. “Nos éléments étaient en campagne de sensibilisation près de Douentza dans le cadre du désarmement. Le Gatia a tendu une embuscade et a froidement tué nos éléments, emportant notre bétail. Il y a eu aussi 10 prisonniers et des blessés dont le président du Ganda Izo, Mohamed Attaïb Sidibé”. Outre ces affrontements, les groupes terroristes Al-Qaïda au Maghreb islamique et Ansar Eddine ont multiplié leurs attaques contre les positions de l’armée malienne et les forces onusiennes de maintien de la paix (Minusma), suscitant ainsi de sérieuses inquiétudes chez le secrétaire général de l’ONU qui a réclamé un renforcement des effectifs de cette mission et de ses moyens matériels. “En mai, la Minusma a perdu 12 Casques bleus, 6 Tchadiens, 5 Togolais et 1 Chinois, dans trois attaques terroristes”, selon le dernier rapport trimestriel de l'ONU. “Les attaques sont de plus en plus complexes et sophistiquées, combinant des dispositifs explosifs placés en bord de route et des embuscades”, a indiqué M. Ban, insistant sur le fait que “la Minusma est devenue la première cible des groupes extrémistes violents”. Ses demandes, portant notamment sur 2500 militaires et policiers supplémentaires, pour un effectif actuel d'environ 12 000, seront examinées par le Conseil de sécurité le 16 juin. Par ailleurs, les mouvements signataires de l’Accord d’Alger se sont rendus hier à Bamako pour participer à la 9e session du comité de suivi de ce texte. À l’ordre du jour, la problématique de la mise en place des autorités intérimaires dans le nord du Mali et l’opération de démobilisation-désarmement-réintégration (DDR) des ex-rebelles.
Lyès Menacer