Dans un article en date du 27 avril 2014, le Mondafrique présente le Président du Haut Conseil Islamique du Mali comme «un homme» faisant «trembler les élites et les toubabs (blancs)». Le média n´a pas tort. D´autant que Daniel Amagouin Tessougué, ce digne fils du Mali, est parti de sob poste dans des conditions peu flatteuses pour la République et la Démocratie. Le disant, je me réfugie, moi-même, auprès de Dieu, Le Tout-Puissant, le Meilleur Maître, le Meilleur Protecteur et le Meilleur Défenseur!
Parce que mon bienveillant père a beau dire: «n’ayez crainte, je ne suis qu’un wahhabite», il «fait» effectivement «trembler». Et, jusqu´à Koulouba dont l´actuel locataire est pourtant un musulman. Lequel, normalement, ne craint que Dieu, Lui et Lui Seul, le Maître du Trône Immense, à Lui Pureté et Louange!
Mais nous savons aussi qu´IBK est homme d’État. Or, Gustave Le Bon dit: «les hommes d’État ont une crainte de l’opinion qui va parfois jusqu’à la terreur et ôte toute fixité à leur ligne de conduite». Et, dans ce pays encore titubant, gouverner c´est aussi et surtout s´exercer à la souplesse au quotidien. Ce que fait d´ailleurs le Président de la République, Sem IBK, particulièrement, dans le cas Mahmoud Dicko. Sauf que trop de souplesse tue le pouvoir, comme nous l´apprend d´ailleurs la chute du régime d´ATT.
Si nous n´en sommes pas encore là, le cas Mahmoud Dicko doit alarmer le pouvoir exécutif. Parce que l´Imam Dicko, depuis un certain temps déjà, sème à tout vent l´idéologie politico-religieuse. Un constat amer qu´illustrent quelques propos mémorables du chef religieux dont ces propos-ci tenus dans le rapport Fafo 2015:« le système politique a échoué. Les gens sont sortis pour demander la démocratie. Qu’est-ce que la démocratie leur a apporté? La corruption. Les gens se révoltent contre les valeurs de la mauvaise gouvernance».
De même, à Mondafrique, l´Imam Dicko soutient: «…il y a toujours un peu de religieux dans le politique. Sarkozy lui-même revendiquait le caractère judéo-chrétien de la République française… Pour le moment, la Constitution du Mali est complètement laïque. Cependant, les partis politiques sont déjà animés par les musulmans». Toujours à Mondafrique lui demandant s´il cherche «à être le représentant du peuple? L´Imam Dicko répond à Mondafrique: «Bien sûr que oui. Je suis là pour représenter la base face à une élite qui ne pense qu’à s’occidentaliser. Le seul souci des dirigeants africains, c’est le regard de l’Europe et des Etats Unis. Le regard du peuple lui, n’a pas d’importance. Comment le Mali a-t-il pu devenir le sanctuaire d’AQMI? A l’origine, il y a une mauvaise gouvernance. Notre Etat a laissé faire sans consulter le peuple.». Et, à la question de savoir si «les Maliens ont peur de voir l’islam entrer en politique», l´Imam Dicko répond: «Ceux qui ont peur, ce sont les élites. Ils ont peur du regard de l’Union Européenne et de la Francophonie. Je crois que nous sommes enfermés dans un carcan occidental. En Afrique nous échouons quand nous renions nos valeurs. On ne peut pas gouverner un pays à 98% musulman sans tenir compte de la religion. Cette séparation n’a pas de sens dans notre pays. Nous voulons une démocratie, mais faut-il exactement les mêmes textes que les Français ? On gère les Maliens sans eux…».
Là, nous sommes en plein «islamo-nationalisme» qu´il «continue à défendre», selon Mondafrique. Et, sa doctrine politico-religieuse le poussera à déclarer que le «djihadisme tel qu’on le vit au Mali est une pure création des Occidentaux, pour recoloniser le pays, à travers une présence militaire permanente».
Auparavant, en janvier 2013, l´Imam s´est confié à Laurent Larcher de La Croix en ces termes: «Nous la soutenons entièrement et sans réserve. Grâce à Dieu, elle est intervenue pour nous protéger de ceux qui voulaient nous conquérir, nous assujettir, nous imposer leur manière de vivre l’islam». Mieux, quand le journaliste lui demande s´il était pour une éventuelle «base militaire française au Mali comme au Tchad», l´Imam Dicko répond:« Pourquoi pas. La sécurité au Nord sera assurée. Sur qui d’autre pouvons-nous compter? La Cédéao? L’Union africaine ? L’Organisation de la coopération islamique (OCI)? Notre armée ? Nos politiciens? Non! Sur personne, sauf la France!».
Autant de propos très caractéristiques de la propagande politico-religieuse du Président du Haut Conseil Islamique qui doivent alarmer! Surtout que règne désormais un talibannisme ambiant, le climat internationnal infect sur fond d´indicible n´arrageant rien!
Et, l´exécutif malien doit d´autant plus s´alarmer que parmi les cibles de l´idéologue, on compte les foules, surtout les foules. Celles-ci étant, depuis Gustave le bon, connues pour «l’impulsivité, l’irritabilité, l’incapacité de raisonner, l’absence de jugement et d’esprit critique, l’exagération des sentiments…etc.» les caractérisant. Et, le psycholoque des foules ajoute: «Dans les foules, c’est la bêtise et non l’esprit, qui s’accumule»!
Qu´à cela ne tienne, notre pays reste un terrain très fertile à l´amalgame, en raison de la misère, de l´analphabétisme, de l´illétrisme et de l´inculture qui y règnent. Et, la méconnaissance de la politique et de nos cultures- dont la culture islamique- est telle qu´il suffit de deux ou trois glissements sémantiques pour «rendre le pay ingouvernable». Surtout si quelques associations politico-religieuses à visage caritatif ou humanitaire peuvent aider, avec quelques prébendes. Inutile d´ajouter que dans notre pays où 90 à 95% de la population se réclament de l´Islam, l´Imam est au début, au milieu et à la fin de la vie de l´Homme. Si bien que l´Imam fait plus peur que le Président de la République et est donc mieux écouté que lui. Là-dessus, l´Imam Dicko surfe!
Mais «le leadership religieux n’est pas à confondre avec la politique», avertit le Chérif Ousmane Madani Haïdara. Et le Chérif précise: «le chef religieux est en mission de Dieu, son rôle consiste à appeler les gens sur le chemin de Dieu et non chercher à accéder à un poste politique; celui qui le fait peut perdre à la fois le respect des hommes politiques et la confiance de Dieu. Or, on perd tout dès lors qu’on perd la confiance de Dieu…. ». C´est dire que «Politique et religion ne font pas bon ménage», clarifie le Chérif de Bamako. Ce confirme d´ailleurs le Dr Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris et ancien président du Conseil français du culte musulman (CFCM) en ces termes: «non, l’Islam n’est pas une politique». Maître Asif Arif du Barreau de Paris, membre de l’Association Musulmane Ahmadiyya de France, lui, soutient: «l’islam n’est pas un régime politique mais une religion avant tout, une spiritualité».
Partant, le respectable Mahmoud Dicko ne peut plus s´abriter derrière la religion pour propager l´idéologie politico-religieuse. Sur ce point, le Chérif de Bamako, Ousmane Madani Haïdara est clair lorsqu´il affirme: «le chef religieux musulman qui veut faire la politique doit s’assumer en officialisant son option». Ce que doit faire Mahmoud Dicko, en démissionnant, par conséquent, de la tête du Haut Conseil Islamique.
Cependant, même «en officialisant son option» et en démissionnant, Mahmoud Dicko ne rend pas service au Mali. Puisque l´homme, depuis 2009 qui a revélé le politicien au religieux, ne cesse de tisser sa toile. Un activisme politico-religieux qui suscite interrogations et réprobations, Et jusque dans les rangs des autres chefs religieux! A juste raison d´ailleurs! Parce que, dans un pays déjà instable, la politique mêlée à la religion, même à dose savante, le conduira à sa perte. Et, les risques fort élevés de collision avec la tendance chérifienne, depuis les dernières élections présidentielles du HCIM n´augurent rien de bon pour notre pays. A ce sujet, Chérif Ousmane Madani Haïdara n´a d´ailleurs pas manqué d´avertir nos Gouvernants.
A vrai dire, la seule alternative rédible qui s´offre à l´Imam Dicko c´est de prendre ses distances avec la politique. Alternative que l´Imam Dicko choisira difficilement. L´homme étant désormais versé dans l´idéologie politico-religieuse. Le saint homme va-t-il endosser la lourde responbilité de précipiter son pays dans l´abime?
En tout cas, l´heure ne doit plus être à l´hésitation. Le pouvoir doit s´assumer en prenant de sérieuses mesures contre la propagation de l´idéologie polico-religieuse. Laquelle est très corrosive pour l´unité républicaine et la paix déjà fort chancelantes.
Est-ce qu´IBK du peuple peut comprendre cela?
Certes, le Président de la République n´est pas au mieux de sa forme. Mais il peut faire l´effort d´écouter davantage ce peuple. C´est d´ailleurs le minimum qu´il puisse faire pour ce grand, brave et digne peuple. Lequel l´a tant comblé, le long de sa riche carrière d´homme politique.
De toute façon, lui, IBK, brillant homme d´État, sait à quel point les peuples peuvent être versatiles!
Hawa DIALLO