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Bamako: Entre islam et fétichisme
Publié le mercredi 15 juin 2016  |  Le Canard Déchaîné
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© Autre presse
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93% de la population au Mali sont musulmanes. Dans les carrefours pourtant et sur les espaces publics, des pratiques apparentées au fétichisme indignent certains. D’autres, par contre, approuvent. L’histoire d’une pratique qui divise notre « pays musulman » !

Une calebasse, parfois un canaris rempli de mil, de maïs, de riz ou de haricot posé à côté de quelques œufs ou entre les plumes de poulets noirs ou blancs. Des pièces de monnaie, des cauris, la noix de cola ou un billet de banque accompagnent l’offrande quelques fois. Cette scène est visible partout à Bamako. Avec le mois de Ramadan et ses opportunités d’affaire pour des marabouts, ces pratiques redoublent d’intensité.



Il est 21h dimanche dernier, sur une radio privée, un marabout promet des miracles aux auditeurs. Pas besoin de se déplacer, indique Professeur, à partir du téléphone, il peut guérir n’importe quel mal. Mieux, par le même moyen, ajoute-t-il, il conjure le sort et prédit la fortune. Après dix minutes de prêche, la ligne téléphonique est ouverte.

Un premier auditeur, au bout du fil, veut « connaitre son étoile ». La conversation se passe en bambara. «Tu as une bonne étoile, lui répond le Professeur. Ton étoile est dans l’eau, c’est pourquoi tout ce que tu entreprends est trouble ». « Pour conjurer le mauvais sort, il faut chercher ‘’djoun’’, ‘’ngaba blé’’ et ‘’mogo yiri’’.Tu fais bouillir ces trois plantes ensemble et te laver dans un coin en hauteur pendant dix sept jours. Puis tu sacrifieras un mouton-lion (wara-saga) ensuite tu jetteras les détritus sur une place publique.

Un second auditeur, au bout du fil, annonce qu’il souffre du pied. « Pose ta main sur la partie qui te fait mal sans raccrocher le téléphone», ordonne celui qu’il appelle Professeur. Après dix à quinze secondes de silence sur fond de musique religieuse, le guérisseur interroge: « comment te sens-tu? ». « Bien, ça va mieux !», réplique l’auditeur, au bout du fil.

A l’image de ‘’Professeur’’, ils sont nombreux ces « Cheick » ou « Grand marabout international » autoproclamés, à acheter des temps d’antenne sur les radios privées pour vendre leur ‘’connaissance’’ ou étaler leur savoir. Les clients ne manquent pas en ce moment. Outre les pères de familles qui tirent le diable par la queue, des jeunes à la recherche de la fortune rapide, des femmes en quête de potions magiques, des ministres ou directeurs voulant se maintenir à leur poste, les élèves sont des cibles privilégiées de ‘’ces faiseurs de miracle’’ en cette période d’examens de fin d’année.

Controverse et contradiction

Cette pratique ne fait pas l’unanimité. Communément appelés les « wahhabites », une partie de la communauté musulmane la condamne. Pour eux, c’est de l’idolâtrie. Par contre, l’autre partie des musulmans affirme que ces pratiques ne sont condamnées nulle part dans le Coran. Des contradictions qui prêtent à controverse.

L’imam de la mosquée Ousmane ibn Fan de Kalaban-coura en commune V du District de Bamako est catégorique: « cette pratique, sous toutes ses formes, est contraire à l’Islam », déclare-t-il. Et l’imam Maïga d’ajouter: « admettre que les dits d’un marabout sont vrais, c’est renier le prophète Mohamed (PSL). Quiconque consulte un voyant, ses prières ainsi que son jeûne ne sont pas exaucés pendant 40 jours », prêche l’imam.

Imam suppléant à Garantibougou, Ousmane Traoré affirme que le maraboutage n’est condamné que lorsqu’il vise à faire du mal à autrui. « Dans trois cas, le musulman est autorisé à consulter un voyant: se marier, bâtir une nouvelle maison, ou s’acheter un cheval (moyen de déplacement). Dieu ne se manifeste pas directement à l’être humain. Il (Dieu) lui montre des chemins qui lui permettent de s’accomplir en tant qu’être humain. Qui par définition est imparfait. C’est pourquoi on dit: « Aides-toi et le Ciel t’aidera », Argumente l’imam Traoré.

Pendant que le débat autour de la question fait rage, le fond du fleuve Niger, les espaces publics et les rues à Bamako sont inondés d’objet sacrificiels. Au grand dam des agents d’Ozone-Mali.

Mamadou TOGOLA
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