Le ministre français de la défense se dit préoccupé et agacé par le double jeu du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA). Dissidence du mouvement terroriste Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali, ce groupe armé, avec à sa tête les frères Intallah, continue de saboter le processus de paix sur instruction, dit-on, de leur mentor. Lequel avait juré, le lendemain de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, qu’il n’y aura pas de paix sans lui.
En déclarant, la semaine dernière, que le HCUA est manipulée par le chef d’Ansar Dine, le mouvement terroriste d’Iyad Ag Ghali dont la tête a été mise à prix par le gouvernement américain, Jean-Yves le Drian, ministre français de la Défense, n’a fait que confirmer ce que tout le monde sait déjà.
Le HCUA, la face cachée d’Ansar Dine
Déclaré « mouvement terroriste », tour à tour, par la France et les Etats-Unis d’Amérique, Iyad Ag Ghali tenait à participer aux négociations d’Alger. Alors, il crée un mouvement armé parallèle dénommé Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA). Avant de confier sa direction à ses cousins directs : les frères Intallah. Pour ceux qui l’ignorent, la mère d’Iyad et le père des Intallah sont du même père et de la même mère.
Au lendemain de la signature de l’accord de paix et de réconciliation nationale issu du processus d’Alger, le chef du groupe terroriste Ansar Dine avait juré, dans un communiqué rendu public, qu’il n’y aura pas de paix, au nord du Mali, sans lui. Du moins, tant qu’il ne serait pas amnistié de tous les crimes commis par son groupe dans le septentrion malien.
Aux négociations d’Alger, ses cousins ont remis la question de l’amnistie d’Iyad sur la table. Refus de la communauté internationale de discuter avec un mouvement terroriste, dont le jeu favori était de couper les pieds et les mains des présumés coupables de vol. Ou de flageller, publiquement, des couples soupçonnés d’adultère.
Las d’attendre son amnistie qu’il ne voit point venir, le chef d’Ansar Dine décide alors de tripatouiller le processus de paix. Les blocages, pour un oui ou pour un non, c’est lui. Les suspensions de la participation de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), dont le HCUA est membre, c’est encore lui. Les mines anti-personnelles , qui font des dizaines de victimes, tant au sein des forces armées maliennes qu’au sein des troupes françaises et de la Minusma, c’est toujours Iyad, chef d’Ansar Dine ; mais aussi du HCUA.
D’où la colère de la France par la voix de son ministre de la défense.
Les raisons de la colère des Gaulois
Jean-Yves Le Drian se dit « agacé et préoccupé par le double jeu du HCUA ». Selon lui, il existe une proximité évidente entre le HCUA et le groupe djihadiste Ansar Dine, dirigé par le terroriste Iyad Ag Ghali. Et de poursuivre, avec un ton ferme : « Si on devait tolérer trop longtemps ce type de double jeu, aller vers une solution sera compliquée ».
Mais la réaction du HCUA ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué rendu public, le HCUA dit avoir pris ses distances avec le Groupe terroriste Ansar Dine, depuis que son leader, Iyad Ag Ghali, s’est fixé de nouveaux objectifs. Avant d’inviter les autorités françaises à se cantonner à leur rôle de médiateur.
De sources concordantes, le retard pris dans la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation nationale s’explique, en grande partie, par le boycott du travail des commissions mises en place. Boycott dicté, selon nos sources, par Iyad Ag Ghali, depuis les montagnes de Tégharghar où il se terre.
« Le gouvernement malien a respecté tous ses engagements pour la mise en œuvre diligente de l’accord de paix. Ce qui n’est pas le cas de certains groupes armés, qui font tout pour mettre un frein au processus de paix », indique une source gouvernementale qui a requis l’anonymat.
Le ministre français de la défense n’est pas le seul à dénoncer la proximité entre certains groupes signataires de l’accord de paix et le Groupe terroriste Ansar Dine. Bien avant lui, le président de la République avait martelé, devant les représentants de la communauté internationale à Bamako, que « l’ennemi de la paix a un visage et un nom : Iyad Ag Ghali. Et tant que le cas Iyad n’est pas réglé, les efforts pour une paix durable, au nord, seront vains ».
Pour le chef militaire de la Minusma au nord, Hervé Gomart, les accointances entre certains groupes armés et le Groupe terroriste Ansar Dine n’est que secret de polichinelle : « Je ne peux croire qu’au Mali, aujourd’hui, personne ne soit au courant de rien avec tout ce qui se passe ».
Et de conclure : « Il y a des gens parmi la population ou les groupes signataires, qui ont des informations et qui ne partagent pas ces informations. Ils savent qui pose les mines et les IED, où elles sont fabriquées et par qui ».
Oumar Babi