Depuis l’arrivée de Me Mountaga Tall, à la tête du Ministère de l’Enseignement Supérieur et la nomination par ses soins de Modi Sall, comme Directeur des Finances et du Matériel (DFM), rien ne va plus. Tout est sens dessus-dessous. Au point que la magouille, l’affairisme et bien d’autres phénomènes jugés diffus sont courants au niveau du département de l’Enseignement Supérieur, avec la bénédiction du ministre Tall et de son complice de DFM, Modibo Sall.
Le Ministère de l’Enseignement Supérieur n’a pas fait l’objet d’un appel d’offres, en vue de sa privatisation. Du moins, pas à notre connaissance. Mais tout porte à croire qu’il est victime, depuis des ans, d’une OPA (Offre Publique d’Achat) qui ne dit pas son nom : il est au service exclusif du Ministre Tall et de son DFM, Modi Sall : gestion clanique des ressources humaines et financières, détournement à la pelle, achat de conscience et de silence, magouille et affairisme à ciel ouvert… Tout y passe sans que cela n’offusque personne. Décidément, le secteur de l’Enseignement Supérieur dans notre pays porte les germes de sa propre destruction.
Magouille à ciel ouvert
Face à la gabegie ambiante au ministère de l’Enseignement Supérieur et à l’affairisme du clan qui le dirige, doit-on s’emmurer dans un silence pour éviter les foudres de sa colère ? Heureux, ceux qui se posent, encore, ces questions. Car, il y a longtemps que l’oligarchie du cabinet du ministère de l’Enseignement Supérieur a anesthésié les convictions. Avec espèces qui sonnent en trébuchant. Et partout, le même constat, l’amer constat : motus et bouche cousus. Personne pour dénoncer ces détournements à la pelle. On reste de marbre, face à la gestion clanique du ministère de l’Enseignement Supérieur, face à cette gabegie ambiante qui hypothèque l’avenir des facultés.
Partout, le même silence assourdissant. Parce que le tout-puissant ministre de l’Enseignement Supérieur, Me Tall et son DFM, Modi Sall versent des liasses dans leur escarcelle. Donc, il faut applaudir leurs faiblesses, tolérer leurs fantasmes.
Le Ministère de l’Enseignement Supérieur n’a pas seulement perdu de sa superbe. Il a été vidé de son âme, vendu au diable. Et jusqu’aujourd’hui, le ministre Tall et son DFM, Modi Sall, n’affichent qu’une image de ruine et de désolation. Et pour cause : jamais, les gaffes au sein de ce ministère n’ont atteint un tel degré.
Jugé, pourtant, stratégique dans la politique universitaire du gouvernement, le Ministère de l’Enseignement Supérieur n’a pas échappé à l’appétit vorace de ses responsables. Par petite touche, ils ont « sucé » les caisses, érigés le népotisme en mode de gestion. L’espoir tant suscité auprès des universités, a viré au cauchemar. Un flop magistral.
Réputée comme la veine névralgique des Universités du Mali, le Ministère de l’Enseignement Supérieur a vite fait de taire ses ambitions. Raison invoquée: l’utilisation des fonds et des recettes du département à d’autres fins. Et ce n’est pas tout. Loin s’en faut.
En ce qui concerne la gestion du budget des Universités du Mali, le DFM de l’Enseignement Supérieur, Modi Tall, a instauré un système d’accaparement et de privatisation des maigres ressources de l’État mis à sa disposition pour la gestion de l’Enseignement Supérieur. Ce système est mis en marche par la bénédiction du ministre, selon le DFM lui-même. Il clame, à qui veut l’entendre, qu’il fait ce qu’il veut et n’a de compte à rendre à personne. Un seul exemple : tout comme en 2014-2015, lors de la rentrée solennelle des établissements d’enseignement supérieur, au titre de l’année universitaire 2015-2016, le DFM Modi Sall, sous les ordres de son ministre a encaissé une somme total de 21.500.000 FCFA auprès des structures du ministère de l’Enseignement Supérieur.
En somme, Modi Sall a perçu un montant total de 43 millions FCFA sur le budget de ces structures, au titre de la rentrée solennelle des établissements d’enseignement supérieur pendant les années universitaires 2014-2015 et 2015-2016 (regardez l’image d’illustration). Et comme si cela ne suffisait pas, dans le cadre de la même rentrée universitaire, le Régisseur du département, Mahatigué dit Raphael Diakité (avec l’aval du DFM Modi Sall) a perçu un montant de 11.500.000F (le même jour du lundi 21 décembre 2015), la somme de 3.500.000 FCFA puis 8 millions, soit au total, un chiffre de 11.500.000F.
Comme en témoigne les mandats et les bordereaux d’émission dont nous avons des copies. Mais le hic qui tilt, c’est que ces montants ont servi à renflouer les caisses du CNID-Faso Yiriwaton et à éponger les ardoises du parti, lors du congrès, tenu les samedi 19 et dimanche 20 décembre 2015 à Ségou.
Un cabinet de mafieux
Le système mafieux mis en place par Modi Sall, avec l’aval de son ministre Me Tall, gangrène tous les services du département qui gèrent des ressources financières. Le mode de fonctionnement est le suivant : création de plusieurs entreprises par le DFM, d’octobre à aujourd’hui, pour s’accaparer de la majeure partie des contrats simplifiés. Pour cela il utilise sa belle-famille comme écran. Les sociétés telles que Man Service et autres illustrent cette situation.
La création par l’attaché de cabinet –qui n’est autre que le neveu et homonyme du ministre Tall –de plusieurs sociétés qui récupèrent les contrats annuels et les appels d’offre à la même personne est la preuve de la fraude et de la magouille, à ciel ouvert au ministère de l’Enseignement Supérieur. Du coup, on assiste impuissant, à une tentative de faire passer des contrats fictifs. Les agents s’y opposant sont menacés d’être relevés. Et pire, le DFM réussi son coup de maître en mettant à l’écart les agents récalcitrants sur des dossiers relevant pourtant de leur compétence.
S’y greffent, l’achat massif de carburant avec une revente ultérieure pour se faire les poches, des malversations avec les heures supplémentaires des agents. Détournement de gros sous avec la transformation des bourses en crédit de fonctionnement. Du jamais vu au Mali! Alerté le ministre Mountaga Tall est resté muet. Comme une carpe. Sans la moindre réaction.
Et pour cela, le syndicat du département a déposé une correspondance dans plusieurs institutions, mais le DFM, Modi Sall, en grand maître ne cesse de vilipender les activités du service en continuant les détournements massifs. Et toujours est-il que l’homme bénéficie du soutient indéfectible de son « sinistre », Me Tall.
Par ailleurs, le puissant DFM n’a pas lésiné sur les moyens de détourner la contribution de l’association des établissements privés d’enseignement supérieur, à l’effort de guerre. Des millions auraient été déposés dans le compte du ministre pour pouvoir passer des bonnes vacances gouvernementales. Gardez votre souffle, nous y reviendrons dans nos prochaines parutions sur ces frasques en série.
Décidemment, le Ministère de l’Enseignement Supérieur dans son histoire, n’a jamais connu une telle gestion. Pire, il n’a jamais été confié à des personnalités, aussi controversées que le « sinistre » Tall et ses sbires tapis dans les dédales du cabinet : de 2015 à nos jours, les caisses ont coulé. Comme le fleuve Niger dans son lit. Et la fraude au sein du département dépasse l’entendement.
En réalité, cette mauvaise gestion est le fruit d’un système bien huilé, mis en place par les bonzes du parti du soleil levant. Selon ce système, les responsables du cabinet veillent aux « bons soins » du parti CNID et de leur propre personne: enveloppes de fin du mois, marché de gré à gré, bon de carburant à gogo, voyages et autres cadeaux en nature. Du moins, s’ils veulent éviter les « ennuis ».
Mais quels sont les marchés frauduleux exécutés par le DFM, Modi Sall? Quelles sont les séries de surfacturations qu’il a opéré et quelles sont les montants octroyer par le Secrétaire général du département, le Pr Bréhima Kaména, aux membres du Comité de suivi et de la commission de gestion du projet d’appui au développement de l’enseignement supérieur de l’École Nationale d’Ingénieur (ENI) ? Des questions auxquelles nous donnerons des réponses dans notre prochaine édition.
Cyrille Coulibaly
Source: Nouveau Réveil