Les spécialistes recommandent aux producteurs d’utiliser les variétés résistantes à la sécheresse et ou de cycles courts
L’hivernage s’installe dans notre pays à partir du mois de mai, voire juin selon les isohyètes. Un bon hivernage est synonyme de pluies suffisantes et bien réparties dans le temps et dans l’espace. Mais les hivernages se succèdent et ne se ressemblent pas, surtout depuis quelques temps. Les changements climatiques ont apporté leurs lots de perturbations dans la pluviométrie saisonnière. Ainsi, les pays sahéliens connaissent, selon les années des périodes de pluies abondantes, ou des périodes de sécheresse qui affectent considérablement la production agricole et animale.
Ainsi, à l’approche de chaque hivernage, la science météorologique nous renseigne sur le comportement de la saison. Elle détermine à quelques nuances près les quantités de pluies, les poches de sécheresse et les cas d’inondations qui caractérisent chaque saison. C’est ainsi que l’Agence nationale de la Météorologie a établi une prévision agro-climatique saisonnière pour la période du mois de juin à septembre inclus.
Ainsi, pour la période de juin à août, la météo prévoit des précipitations moyennes à tendance déficitaire sur l’ouest de la région de Kayes, plus particulièrement le sud du cercle de Kita. Par contre pour cette même période, elle prévoit des précipitations excédentaires à tendance normale sur les régions de Koulikoro, Ségou et Mopti, l’est de Kayes, l’ouest de Sikasso et le sud des régions de Tombouctou et de Gao et des précipitations moyennes sur le reste du pays. Par ailleurs, la période de juillet à septembre sera caractérisée par des précipitations excédentaires à tendance normale sur les régions de Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et Gao, et le sud des régions de Tombouctou et de Kidal et des précipitations moyennes sur le reste du pays.
La période optimale de semis étant cruciale pour les paysans, les prévisionnistes estiment que des dates de début de saison normales sont prévues sur la région de Sikasso et le sud de celles de Kayes, Koulikoro et Ségou. Le nord de la région de Kayes et le nord-est de la région de Koulikoro connaîtront des dates de saison normales à tardives. Et des dates de début précoces à normales pourraient être observées sur le reste du pays. Par ailleurs, des dates de fin de saison tardives à normales sont attendues dans les régions de Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti, la majeure partie de Kayes et le sud de Tombouctou. Celles de fin normales pourraient être observées sur l’extrême sud de la région de Kayes.
Privilégier l’exploitation de bas-fonds. Des séquences sèches de durées normales à plus longues sont attendues dans les régions de Kayes, Koulikoro et Sikasso, l’ouest de Ségou et de Mopti et le sud-ouest de Tombouctou. Des séquences sèches relativement plus longues sont prévues sur le sud de Gao, l’est de Ségou et de Mopti et le sud-est de Tombouctou. Des séquences sèches normales à longues sont prévues sur les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et le sud de Tombouctou et de Gao.
Au regard de ces prévisions saisonnières, les météorologues recommandent d’éviter de se presser de semer tôt, afin de réduire les pertes en semences, en fertilisants, en main d’œuvre et en capitaux. Ces différentes interventions occasionnent des dépenses liées à une installation contrastée de la saison. Ils recommandent d’utiliser les variétés résistantes à la sécheresse et ou de cycles courts, de limiter l’utilisation des espèces/variétés exigeant beaucoup d’eau. Les paysans doivent en outre éviter les apports supplémentaires d’engrais, notamment d’azote pendant la période végétative, privilégier les techniques culturales favorisant l’économie de l’eau du sol, l’exploitation des bas-fonds et planifier le recours à l’irrigation d’appoint.
Les spécialistes conseillent de consulter régulièrement les techniciens des services de vulgarisation agricole, de promouvoir l’agroforesterie et d’interagir avec les techniciens de la météo et des services de l’Agriculture pour des informations agro-météorologiques et des conseils sur les variétés à utiliser. Pour les zones, où il est probable d’observer des cumuls pluviométriques normaux à excédentaires, des dates de début de saison précoces et des séquences sèches plus courtes, les producteurs doivent investir davantage dans les semences des variétés améliorées, aussi bien pour les cultures vivrières que pour les cultures de rente. Ils doivent apporter des fertilisants (fumure organique et engrais minéral), renforcer la vigilance contre les adventices et les ravageurs des cultures (criquet pèlerin et autres insectes), mettre en place des dispositifs pour prévenir les risques d’inondations et limiter l’exploitation des zones inondables, investir dans l’aquaculture.
dispositifs de veille et de réponse aux urgences liées au climat. Aux pasteurs et agropasteurs des zones à forte probabilité d’une installation tardive de la saison des pluies, les spécialistes recommandent la mise en place d’aliment bétail, de faciliter aux animaux l’accès aux points d’eau les plus proches afin de les mettre à l’abri de la soif et d’éviter les conflits avec les agriculteurs. Pour les zones à forte probabilité d’excédents pluviométriques, les pasteurs et agropasteurs doivent veiller à éviter aux animaux les risques de noyade, prévenir les épizooties à germes qui prolifèrent dans les bonnes conditions humides. Les pêcheurs et pisciculteurs sont informés que les bassins fluviaux dans leur majorité seront favorables à la pisciculture, d’où l’importance de prendre des dispositions pour maximiser les rendements de la pêche.
En outre les météorologues recommandent aux pouvoirs publics de prendre des dispositions pour doter les services d’agriculture et les producteurs en équipements et moyens pour la pratique de l’irrigation notamment autour des points d’eau utiles, pour résorber les déficits de production potentiels dans les zones à installation tardive et ou à fin précoce de la saison des pluies. Les autorités sont sollicitées pour renforcer les dispositifs de veille et de réponse aux urgences liées au climat, les dispositifs d’encadrement des paysans, de veille et de réponse aux risques liés au climat. Il est, en outre recommandé de prendre des dispositions pour éviter ou réduire les dégâts et les pertes liées aux inondations et aux invasions des ravageurs de cultures dans les zones à risques.
L’Agence nationale de la météorologie rappelle toutefois que ces prévisions sont susceptibles d’évoluer au cours de la saison des pluies et des mises à jour seront faites les mois suivants.
Synthèse
M. COULIBALY