Le 3 Juin restera à jamais gravée dans la mémoire des élèves-maitres, du corps professoral de l’IFM, mais aussi des agents de l’ORTM Mopti ainsi que des reporters de votre bimensuel Le Canard de la Venise, comme une grande date. Et pour cause, les élèves-maitres sortants de l’Institut de Formation des Maîtres de Sévaré (IFM-YAB) ont baptisé leur promotion ‘’Bourama Coulibaly’’. Cet acte honore ainsi leur désormais collègue, mais aussi le monde de la presse et communication, et le met dans la cour des immortels. La cérémonie de baptême, qui a vu du grand monde, a eu lieu dans l’enceinte de l’IFM de Sévaré et bien sûr, l’émotion était au rendez-vous.
Qui est Bourama Coulibaly ?
Né en 1961 à Gonikoro (Commune rurale de Djidjéni, Cercle de Kolokani) de feu Bouatou et de Gouampèrè Coulibaly, Bourama Coulibaly fréquenta l’école fondamentale de Djidjéni dans les années 70. Il obtint le CEP en 1977, puis le DEF, en 1980. Après le cycle fondamental, il est orienté à l’Ecole Normale Secondaire de San, section : Lettres – Histoire – Géographie.
Dès son jeune âge, il a connu des moments très difficiles, comme la perte successive de ses deux parents, en 1980. Aîné qu’il est, Bourama devait subvenir aux besoins de la famille avec la modique bourse de 13 250 FCF/mois qu’il percevait. Malgré ces difficultés, il décrocha le diplôme d’instituteur, en 1985. La même année, il est admis au concours d’entrée à la fonction publique et sa première mutation tombée, il s’aperçoit qu’il débutera sa carrière professionnelle dans la région de Mopti, à Korientzé.
Appelé sous les couleurs du Service National des Jeunes (SNJ), en Juillet 1985, il passa deux ans au camp militaire (Base aérienne de Djicoroni-Para). Ici, il a appris le métier des armes et obtint son brevet militaire à la suite d’un examen de sortie.
En 1988, il posa ses valises à Sévaré pour fonder avec Adama Samassékou, l’Ecole Fondamentale de Banguétaba, où il enseigna des années durant.
En 2002, il est nommé Conseiller pédagogique au Centre d’Animation Pédagogique de Mopti (CAP). Pour des raisons évidentes, il démissionna du poste de conseiller au profit de l’Académie d’enseignement de Mopti. Pédagogue confirmé, expérimenté et vacciné, après ce bref passage à l’Académie, et sur la demande du premier Directeur Général de l’Institut de Formation des Maîtres de Mopti, Tiona Berthé, il débarqua dans ledit institut en sa qualité de surveillant ce, grâce à une note de service de Feu Cheick Oumar Dicko, Directeur de l’Académie d’enseignement de Mopti de l’époque.
Bourama Coulibaly est un homme-orchestre. Outre l’école, ses talents d’orateur lui ont permis de franchir les portes de l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM), antenne de Mopti, à la suite d’un test et en qualité de speaker bambara. Animateur-producteur, l’ORTM Mopti lui doit « Ladamou Kènè », « Le monde de l’éducation », les avis et communiqués, etc. et cela, de 1992 à nos jours. De là, date sa gloire grâce aux multiples stages et formations.
Véritable unificateur, il est membre de plusieurs associations : l’Amical des anciens du SNJ, l’Association malienne des Droits de l’Homme (AMDH) et l’Association à cœur ouvert de Docteur Oumar Traoré.
Ecrivain et poète de son état, M. Coulibaly fait des publications dans votre bimensuel « Le Canard de la Venise », dans sa rubrique ‘’Culture et société’’. Polyglotte, l’enfant du Bélédougou parle Bambara, français et Bomou. Il déteste le mensonge et la trahison. Il adore la lecture et le voyage. Bourama Coulibaly est marié avec Madame Konimba Traoré et est père de 3 enfants.
La cérémonie
Après les discours des de plusieurs officiels qui ont salué le talent de Bourama Coulibaly, et qui lui ont rendu un vibrant hommage bien mérité, et félicité chaleureusement les futurs maîtres, l’homme le plus célèbre du jour a tenu un discours phénoménal que nous vous proposons in extenso.
Allocution de Bourama Coulibaly
Mesdames et Messieurs
C’est avec beaucoup d’humilité et un cœur chargé d’émotion que je me tiens là, devant vous, pour prendre la parole à l’occasion de cette cérémonie de baptême de la promotion 2016 de l’IFM-YAB de Mopti.
Je tiens, en cette solennelle circonstance, à saluer l’énergie, le courage, l’abnégation et le goût du défi de mes chers et valeureux collègues qui se sont toujours montrés à la hauteur de la tâche.
Je salue également les personnalités qui, leur présence rehausse l’éclat de cette cérémonie d’une portée culturelle, académique et surtout en ce qui me concerne historique.
Par cet acte, vous immortalisez, au-delà de ma modeste personne l’ensemble de tous les encadreurs, qu’ils soient ici ou ailleurs, en activité ou en repos bien mérité.
Mesdames, messieurs
Mère Theresa chantait ceci :
La vie est une chance, saisie-la.
La vie est une beauté, admire-la.
La vie est un rêve, fais-en une réalité.
La vie est un défi, fais-lui face.
La vie est un jeu, joue-le.
La vie est précieuse, prends-en soin.
La vie est la vie, défends-la.
Aujourd’hui, vous m’avez fait vivre en grande partie une belle vie que Mère Theresa a chantée. Vous m’avez fait rêver, vous avez fait de moi un homme de chance car je suis convaincu que si j’ai été choisi pour parrainer cette cérémonie, ce n’est pas parce que je suis le meilleur, mais parce que j’ai eu la chance d’être à la convergence de points de vue.
Aujourd’hui est un jour important pour moi. Demain en sera de même car, ce diplôme que vous décrocherez à la fin du cycle est un accomplissement, une réussite et je voudrai d’avance vous féliciter pour cette future belle étape qui marquera le début de votre carrière professionnelle.
Les années que j’ai passées ici m’ont profondément marqué et transformé. Elles ont été pour moi, une aventure humaine pour avoir rencontré et fréquenté divers professeurs et élèves venant de tous les horizons. De sa création à nos jours, cette école n’a cessé de croire et de s’ouvrir sur le monde par le nombre important d’éducateurs qu’elle a formés.
Mesdames, messieurs
Chacun imagine le bonheur qui nous envahit aujourd’hui. Après 2 à 4 années de durs labeurs, le moment est à la fête, vous le méritez bien. Vous êtes jeunes, vous êtes pleins d’énergie. Les défis qui vous attendent sont nombreux et impressionnants. Je vous demande ce matin, pour le pays, pour vos parents, pour vos aînés, pour vous-mêmes et surtout pour les générations montantes de ne pas laisser tomber la flamme. Ne vous laisser jamais rattraper par la routine qui asphyxie, qui dépersonnalise, qui rapetisse, qui banalise, qui déprécie l’avenir.
Oui innovez, oui faites preuve d’esprit d’initiative ! Oui partez à l’assaut du futur, faites en votre royaume comme le dit le poète ! Il y a tout juste moins d’une cinquantaine d’années, en 1968, le slogan des jeunes français, inquiets de l’avenir qui se dessinait devant eux était : « Camarades, soyez réalistes, demandez l’impossible ! ». Ce mot d’ordre sorti de la bouche des jeunes les posait en irresponsables car ils faisaient des autres la cause de leur désenchantement.
Et Gandhi, le Mahatma, dans sa sagesse insondable répond : « Soyez le changement que vous voulez voir chez les autres ». Ne perdez jamais votre curiosité, votre soif d’apprendre, votre énergie, votre envie d’avancer. N’oubliez jamais que le métier d’enseignant est un sacerdoce et que vous devez, par conséquent, prendre du plaisir à l’exercer.
Chers élèves maîtres terminalistes « promotion Bourama Coulibaly», je vous prie de bien vouloir vous mettre débout, en levant la main droite pour répéter après moi le serment : « Je m’engage, devant Dieu et surtout la nation, pour les générations montantes, à faire tout ce qui dépend de moi, par mes paroles ou par mes actions, à contribuer ou à laisser un pays meilleur que celui que j’ai trouvé et dans lequel j’ai grandi. »
Que Dieu vous accompagne et vous protège !
Je vous remercie !
Ainsi, les futurs maîtres sont désormais sous le serment de Bourama Coulibaly ! Bonne chance à la promotion Bourama Coulibaly et vivement pour la prochaine
Alfousseini Togo
Source: Le Canard de la Venise
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