On ne cessera de le dire et d’alerter, les conflits fonciers font plusieurs morts d’hommes dans la région de Mopti chaque année. Ces conflits sont surtout provoqués par les activités socioprofessionnelles à orientations divergentes, comme l’agriculture extensive et l’élevage extensif. Ils sont aussi exacerbés par les facteurs sociaux coutumiers de droits fonciers.
Les conflits fonciers ne sont pas plus graves en milieu urbain qu’en milieu rural comme certains responsables veulent nous faire croire aux côtés du droit dit « positif » importé du colonisateur français.
Le foncier rural, sur lequel l’ensemble des activités de survies et de résilience sont pratiquées, n’est pas une simple marchandise comme en ville. Même si les populations rurales polarisées par certaines villes ne sont plus des physiocrates, mais bien devenues de véritables mercantiles en vendant à double usage leur terre sous pression de spéculateurs citadins.
A Mopti, ces conflits sont toujours latents et se réveillent au début des campagnes agricoles à la tombée des premières pluies ou pendant la petite transhumance locale. Des dispositifs de veille existent tant au niveau de l’Etat à travers des commissions inefficaces et non fonctionnelles de la loi d’orientation agricole qu’au niveau des systèmes coutumiers.
Mais ces veilles sont inefficaces à plus d’un titre, dans la mesure où elles n’ont jamais su anticiper sur ces conflits qui continuent à faire des morts et réduire la production et la productivité agricoles. Les exemples sont assez nombreux dans les communes de Koporo-Pen, Dourou, Koporo-Na et même dans la zone inondée, désormais abandonnée par l’Etat du Mali.
Ainsi, le gouverneur et le Président du conseil régional de Mopti doivent mettre un dispositif d’alerte précoce dans toutes les communes et y mettre les moyens (humains compétents et financiers). Si la mission de la Minusma, est la stabilisation du Mali, elle doit aussi s’impliquer davantage dans cette veille afin d’éviter de subir et faire le sapeur-pompier. La réponse de ces structures est connue d’avance : « on n’a pas les moyens ».
Oui, l’Etat doit mettre les moyens dans la prévention et gestions des conflits fonciers surtout en milieu rural s’il veut une véritable base de développement de l’agriculture. « Un peuple qui a faim n’entend rien », dit-on. Les faux projets de l’agriculture doivent être mis en moratoire afin de faire l’état des lieux.
La question de l’agriculture ou de sécurité alimentaire n’est pas une question de finance, mais de stratégie, de gestion et de sécurisation foncière en république du Mali. Au lieu que les responsables s’agitent autour de Bamako sur le foncier, dont les problèmes et les solutions sont connus, il faut aller au-delà de Bamako. C’est-à-dire vers Marcacoungo, Badguineda… Mais surtout, il chercher une solution durable pour tout le Mali à travers des perspectives consensuelles.
Là aussi il ne faut pas vite copier le système du « blanc », mais prendre les leçons apprises du « noir » qui a aussi construit sa résilience multiséculaire.
ATT a bien voulu adopter la Loi d’orientation agricole, une première en en Afrique. Sa mise en œuvre incombe désormais aux successeurs que nous sommes dans un esprit de continuité renforcée que de déni mal propre.
Dans la région de Mopti, deux axes de prévention et de résolutions des conflits fonciers peuvent être adoptés : l’un étant basé sur le système, l’exploitation agricole et l’élevage en zone inondée en chassant le plus vite possible le fameux Amadou Kouffa et clics.
Tandis que l’autre se base sur le système d’exploitation agricole et d’élevage de la zone exondée qui est éprouvée toujours par les attaques de tout genre.
Nous voulons tout simplement que les autorités politiques, administratives et coutumières se donnent la main dans la gestion du foncier sur le fonds d’accès d’égal à la terre pour tous les maliens et maliennes.
C’est encore et toujours l’approche systémique qui peut résoudre durablement la problématique foncière au Mali comme dans tous les pays du monde sans exclusion d’acteurs. Nos textes de loi doivent être adaptés aux contextes variés et dynamiques des populations maliennes.
Un jour, lorsque les paysans affirmeront leur pouvoir de gestion du pays, tout ira mieux : « Na laara an saara ».
SDF