Le gouvernement malien excelle toujours dans l’improvisation. C’était le 21 décembre à 48 heures de la tenue du Maouloud, que Ladjibourama avait convoqué son gouvernement dans la plus extrême urgence à Koulouba, pour un conseil de ministres extraordinaire.
A voir le défilé des limousines ministérielles en direction de Koulouba, ou aurait jugé que l’armée malienne venait de rentrer à Kidal et capturer Iyad Ag Ghali. Mais le but de ce conseil extraordinaire n’était pas cela. Il s’agissait plutôt de décréter l’Etat d’urgence à la suite d’informations données par une puissance étrangère dont le nom n’a pas été révélé. Par cet acte nous religieux avions pensé que le gouvernement entendait, comme en France interdire les rassemblements lors des fêtes de fin d’année dont le Maouloud. Immédiatement les états-majors des groupes religieux ont montré leur muscle. Ayant senti le mécontentement dans les états-majors des religieux et pour expliquer, que le sens de l’état d’urgence n’était pas celui compris par les musulmans, plusieurs Ministres de la République se sont succédés au parloir de l’ORTM pour dire qu’il a pour but de ne rien empêcher.
Pourquoi, diable, les foules se seraient-elles gênées quand le ministre de la Sécurité lui-même assure en conférence de presse, le 23 décembre 2015, que le ‟Maouloud”, n’avait pour but d’empêcher la tenue de Noël ou de la Saint-Sylvestre ?
Cela a contribué à baisser la tension dans les Etats-majors des groupes religieux, qui ont expliqué leur non adhésion à ce décret, du fait qu’il est venu trop tard, dans la mesure où toutes les dépenses ont été faites pour les veillées nocturnes.
Donc pour eux, pas question de renoncer aux festivités du Maouloud qu’advienne que pourra. En ce qui concerne le guide des Ançardines il a affirmé que: ‘’le Maouloud fait partie de l’Islam. Nul ne pourra nous empêcher de pratiquer notre religion. Pour nous, le Maouloud équivaut à la prière : le gouvernement ne peut pas l’empêcher’’.
De plus sentant la tenue du ‘’Maouloud’’ en péril, les leaders religieux impliqués dans son organisation se sont réunis au domicile de Haïdara. Ils ont décidé de maintenir la célébration du ‘’Maouloud’’. Cette information a été relayée par plusieurs radios et chaînes de télévision, dont Cherifila télé, une chaîne appartenant au guide spirituel Ousmane Cherif Madane HAÏDARA.
Après quoi, les leaders religieux se sont succédé au micro pour dire que:
‘’Nous sommes conscients de la situation du pays. Mais avant de décréter l’état d’urgence, le gouvernement aurait dû nous en parler. Nous ne pouvons comprendre que l’état d’urgence soit décrété 48 heures seulement avant le démarrage des festivités du ‘’Maouloud’’, alors que des dizaines de millions de F CFA ont été injectés dans l’organisation et que des milliers de fidèles sont venus du monde entier. Par conséquent, le ‘’Maouloud’’ ne sera ni annulé ni reporté’’. L’état d’urgence venait d’être pris à contre-pied par les religieux.
Le Chérif Haïdara dans sa conférence de presse relative au Maouloud dont la célébration a failli être empêchée, a dit ceci :
‘’Partout où IBK passe, ne dit-il pas qu’il doit son élection aux musulmans ? Comment alors pourrait-il ignorer ceux qui l’ont élu ?
Si les autorités ne font pas attention, les musulmans prendront le pouvoir. Nous ferons en sorte que nul ne devienne Président de la République s’il n’est pas de nos imams ! Je jure au nom d’Allah que nous le ferons si les autorités ne font pas attention ! Pour qu’on n’en arrive pas là, respectons-nous mutuellement’’. Le même scenario est en voie de se répéter relatif à l’organisation du Hadji 2016.
Le jeudi 9 juin 2016, le Premier ministre Modibo KEITA a présidé un Conseil de Cabinet regroupant plusieurs ministres dans la salle de réunion de la Primature. Au menu de la rencontre gouvernementale figuraient deux projets de loi sur le pèlerinage musulman.
Le gouvernement entend mettre de l’ordre à deux mois et demi dans le pèlerinage à la Mecque. Pour cela, il faudra mettre fin à la prolifération d’agences de voyage dans ce domaine. Pour le gouvernement, il y a une grande pagaille qui s’est installée dans le transport et l’hébergement des pèlerins parmi lesquels plus de 80% se plaignent de la mauvaise organisation depuis des années déjà. Bien que le drame de MINA, ne met pas directement mis en cause l’organisation, le Mali a été la seconde nation qui a perdu plus de pèlerins.
Le gouvernement a été obligé de mettre la main à la poche pour secourir les agences privées, et les familles endeuillées. C’est justement, pour parer à tout cela que le gouvernement a préparé une série de lois portant organisation du pèlerinage, tout en fixant un cahier de charge rigoureux pour les agences de voyage.
Le constat est que le gouvernement est en retard déjà pour faire un travail d’approfondissement concernant les deux lois, à deux mois et demi du pèlerinage 2016. Il est prévu par le gouvernement de la création d’une entité technique dédiée uniquement aux activités du pèlerinage. La question que l’on se pose est celle-là : Pourquoi le gouvernement a-t-il attendu presque 10 mois pour prendre de telles initiatives ?
Des rapports sur le pèlerinage de 2016 ont été fournis à temps au gouvernement sans réaction de sa part jusqu’à deux mois et demi du pèlerinage de cette année. Le gouvernement veut-il refaire le même scenario de l’année dernière relatif aux manifestations du Maouloud ? Et si les musulmans se révoltaient encore, n’ont-ils pas raison, vu le temps imparti pour la règlementation que le gouvernement voudra faire ?
Cette décision tombée en catimini a-t-elle été discutée avec les Agences de voyage et les groupes religieux ? Si ce n’est pas le cas, il faudra donc s’attendre à une nouvelle crise avec la Ouma islamique. Ça sera une autre bourde du gouvernement malheureusement.
Moussa DIAKITE
Source: CARREFOUR