A Bamako, les restaurants, les maquis, les bars et autres boîtes de nuit ne tournent plus à 100% depuis le 6 juin dernier, date du démarrage du ramadan. Les quartiers les plus animés de Bamako, notamment Badalabougou, Faladjié et l’Hippodrome, qui affichent habituellement le plein, de jour comme de nuit, sont désemplis, même pendant les week-ends.
«L e mois de ramadan est une période où nous enregistrons, non seulement moins de clients, mais aussi la chute de nos affaires», a confié avec amertume Isabelle, gérante de restaurant. A l’en croire, la majorité de ses clients sont les conducteurs de gros transporteurs qui viennent des pays voisins pour décharger des marchandises au port sec de Korofina. «Tout ce beau monde qui remplissait de jour comme de nuit nos bars restaurants et maquis sont presque tous des pays d’Afrique où les prescriptions de la religion musulmane sont respectées à la lettre», a-t-elle souligné, rappelant que le jeûne est l’un des cinq piliers de l’Islam. Et Isabelle de préciser le nombre de clients enregistrés dans son restaurant pendant la nuit est légèrement supérieur au nombre de visiteurs pendant le jour. «Pour rompre leur jeûne, certains de nos clients pensent quand même à nous, en venant dîner dans nos restaurants. Mais l’effectif que nous enregistrons est toujours inférieur à celui des autres périodes, où personne ne pratique le jeûne», reconnait-elle. A en croire Marcelin, tenancier de maquis, il y a tout juste une légère baisse dans les recettes, car une fois la nuit tombée, son maquis est pris d’assaut. Si pour Marcellin les choses bougent, cela n’est pas le cas pour d’autres comme Dramane, propriétaire d’une buvette à Sotuba. Ce dernier a préféré fermer pour faire rénover en vue de mettre sa clientèle dans des conditions idéales après le mois béni. Comme Dramane, ils sont nombreux, les promoteurs de ces espaces d’évasion, a effectuer des travaux de réhabilitation en cette période. Au maquis «le Réservoir», d’ordinaire grouillant de monde, les clients se comptent du bout des doigts. A Faladjié, plus précisément aux halles de Bamako, des maquis reconnus pour leur affluence tournent au ralenti depuis le début du jeûne musulman. «Depuis le début du mois de Ramadan, ma recette journalière qui s’élevait à 200.000 FCFA a chuté presqu’au tiers. Or les charges sont là : l’électricité, l’eau, le personnel. J’ai demandé aux employés qu’on ferme toute la journée pour rouvrir le soir», se plaint un propriétaire de bar à Yirimandjo. Pour ceux qui entretiennent l’illusion de poursuivre leurs activités en ces temps de vache maigre, c’est la croix et la bannière. «C’est vrai, avec le Ramadan, la clientèle s’est réduite, mais on fait avec. Si tout le monde ferme, et les autres clients, où iront-t-ils ? Bien que je reconnais la chute des affaires qui ne couvrent même plus la moitié des charges», accuse Dougnon, patron de deux maquis. Pour le moment, les tenanciers de restaurants et de buvettes prient pour que le mois béni de Ramadan prenne fin afin que leurs affaires retrouvent le rythme normal.
Paul N’GUESSAN