La question de la promotion du genre est devenue un enjeu mondial depuis plusieurs décennies. L’agenda 2030 des Nations unies adopté en septembre 2015 à la faveur des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) a fait de la promotion du genre le cinquième des 17 Objectifs de développement durable. « Réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ». L’atteinte de la plupart des OMD identifiés passe nécessairement par une prise en compte de cette dimension genre qui serait plus que transversale. Cette nécessité de la prise en compte du genre est déclinée également dans la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et dans le protocole de Maputo. De nos jours, bien que le Mali ait ratifié ces différents textes et conventions sur l’égalité entre les hommes et les femmes et que des progrès aient été accomplis, la participation des femmes dans les instances de décision reste encore un défi. Le taux de femmes dans les institutions ou dans les instances décisionnelles au Mali reste toujours bas : 5 maires sur 703 ; 118 conseillères communales sur 10.505 ; 11 femmes députés sur 117. Dans le gouvernement actuel, elles sont 6 sur 32 ministres.
Fort de ce constat, le Centre malien pour le dialogue interpartis et la démocratie CMDID) a organisé jeudi passé à la Maison du partenariat une journée d’échanges interpartis sur l’appropriation de la loi instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives. Présidée par le conseiller technique au ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Moussa Guindo, la rencontre s’est déroulée en présence du président par intérim du CMDID Dazié Sogoba. La modération était assurée par le directeur exécutif de la fondation Moumouni Soumano. La rencontre a enregistré la participation des représentants de plusieurs partis politiques.
Selon Dazié Sogoba la journée d’échanges interpartis répond à 2 impératifs. D’abord, elle est en phase avec l’orientation stratégique de la politique nationale genre du Mali qui entend promouvoir la participation équitable des hommes et des femmes à la gestion du pouvoir. Ensuite, elle est en lien avec le plan d’actions 2016 de la fondation CMDID qui dans son axe 4 « genre et inclusivité » vise l’intégration des questions de genre dans la prise de décision à travers la sensibilisation pour encourager la pleine participation des femmes et des jeunes aux processus électoraux et à la gestion de la vie publique.
Pour le représentant du ministre Moussa Guindo, le leadership féminin s’affirme davantage dans notre pays à la faveur des initiatives du gouvernement, de la détermination, du courage croissant des femmes et de l’ouverture progressive de notre société à une plus grande participation des femmes. La loi du 18 décembre 2015 constitue une étape importante franchie pour accroitre de manière significative le nombre de femmes dans les sphères décisionnelles. Cependant, une chose est d’adopter une loi, une autre est d’assurer sa mise en œuvre effective qui, on peut s’y attendre, prendra du temps. En tout état de cause, la présente loi est une véritable avancée, car pour Guindo, l’égalité femmes-hommes est un impératif éthique et politique. C’est aussi une condition d’efficacité de nos politiques en faveur du développement durable.
S. DOUMBIA