Le Premier ministre du Mali, Modibo Kéïta, a rencontré mercredi à New York, au siège de l’Union Africaine (UA) pour les Nations unies, les représentants des trois pays africains membres non-permanents (l’Egypte, l’Angola et le Sénégal)
Cette rencontre, dans l’après-midi du deuxième jour de la visite du chef du gouvernement a été riche en échanges diplomatiques de haut niveau par la qualité des interlocuteurs rencontrés. C’était en présence du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de l’Intégration africaine, Abdoulaye Diop, du conseiller diplomatique du président de la République, Mahamadou Nimaga et des autres membres de la délégation.
D’entrée de jeu, le Premier ministre – visiblement étreint par l’émotion – a exprimé « sa fierté de pouvoir compter sur les dignes fils de l’Afrique que sont ces trois pays parmi les membres du Conseil de sécurité ». A ses interlocuteurs, il a fait la genèse de la crise sans précédent que notre pays a connue depuis 2012 jusqu’à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. De nos jours, a-t-il fait observer, il y a deux camps : ceux qui se sont prononcés pour la paix (le gouvernement et les mouvements signataires) et ceux qui ont juré qu’il n’y aurait plus la paix au Mali (les terroristes).
N’ignorant pas les écueils dans la mise en œuvre de l’accord, Modibo Kéïta préfère – en fin pédagogue – voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Et de citer, sans être exhaustif, les efforts du gouvernement au chapitre des réformes politiques et institutionnelles contenues dans l’accord : mise en place des Agences régionales de développement, nomination des gouverneurs des nouvelles régions de Ménaka et de Taoudéni, processus de mise en place des autorités intérimaires, conforté par la toute récente approbation d’un protocole d’entente entre les mouvements armés et le gouvernement. Sans oublier la désignation du Haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’accord, en la personne du général Mahamadou Diagouraga. « Le gouvernement assure de sa volonté de mettre en œuvre intégralement cet accord et d’honorer tous ses engagements », a assuré Modibo Kéïta devant les diplomates africains.
En dépit de tout cela, reconnaît le chef du gouvernement, il existe des difficultés surtout d’ordre sécuritaire. Que faut-il faire alors ? S’est-il interrogé. Ebauchant des pistes de solutions, il a estimé qu’il est important de renforcer le mandat de la Minusma afin de mieux sécuriser les populations et lutter contre les groupes terroristes ; de renforcer la collaboration avec les Forces armées du Mali (Famas) dans le sens qu’elles puissent lutter contre le terrorisme et sécuriser les populations et, enfin, de favoriser l’émergence des organisations régionales notamment le G5 Sahel afin de lutter efficacement contre les groupes terroristes. Pour ce faire, l’aide de la Minusma pour la mise en place de la force d’intervention du G5 Sahel est cruciale, a souligné le Premier ministre.
Face aux cas de violation des droits humains qui sont légion, Modibo Kéïta a aussi annoncé la nécessité de créer un cadre de concertation entre le département de la Justice et la division des Droits de l’homme de la Mission onusienne pour « honorer tous nos engagements dans le cadre du respect des Droits de l’homme ».
Le représentant de l’Union Africaine et les ambassadeurs se sont engagés à s’inscrire dans la vision du Premier ministre, en réitérant leur soutien à notre pays.
Envoyé spécial
M. SIDIBÉ
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LA FRANCE FAVORABLE AU RENFORCEMENT DES MOYENS DE LA MINUSMA
Assurément la Journée du mercredi a été chargée pour le Premier ministre, Modibo Kéita, en visite de quatre jours à New York. A peine sorti de sa rencontre avec les représentants des trois pays africains membres non-permanents du Conseil de sécurité, il a reçu, en son lieu de résidence, François Delattre, ambassadeur, représentant permanent de la France auprès des Nations unies. L’audience s’est déroulée en présence du ministre Abdoulaye Diop et d’autres personnalités.
A sa sortie, le diplomate a déclaré être très impressionné par la présentation faite par le Premier ministre sur l’engagement du Mali pour la pleine mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, à un moment où le Conseil de sécurité s’apprête à décider du renouvellement du mandat de la Minusma.
François Delattre considère que c’est un message très important de détermination, d’engagement. « Le fait que le Premier ministre du Mali soit là en personne pour parler devant le Conseil de sécurité est un geste très fort que la France, toujours aux côtés du Mali, valorisera au maximum vis-à-vis de ses partenaires du Conseil de sécurité pour soutenir les efforts du gouvernement malien et du Mali dans son ensemble », a-t-il promis.
Le représentant de la France auprès des Nations unies assure que son pays est derrière le Mali pour la mise en œuvre de l’accord qui est aujourd’hui bien engagé avec la mise en place des autorités intérimaires, des patrouilles mixtes qui sont des mesures extrêmement importantes. La France soutient également le Mali pour que « la Minusma voit ses moyens renforcés en matière d’engins blindés, en matière d’accompagnement logistique afin qu’elle soit aux côtés des populations maliennes de manière plus efficace», a-il-indiqué.
M. S