« Une posture renforcée de la Minusma s’impose. » Le chef de la Mission onusienne dans notre pays, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, attirait ainsi l’attention du Conseil de sécurité de l’Onu dans un vibrant plaidoyer lors d’une réunion consacrée à la crise malienne. C’était hier à New York au siège des Nations unies. Ce renforcement de la Minusma, a-t-il argumenté, est nécessaire pour faire face à la détérioration de la situation sur le terrain qui se traduit par des attaques de plus en plus meurtrières contre les forces militaires et les civils.
Pour mieux attirer l’attention des décideurs de l’Onu sur la gravité de la situation, il a fait un décombre macabre des pertes, faisant un total de 27 personnes tuées entre février et mai 2016 parmi le personnel de l’Onu. Ce chiffre ne tient pas compte des pertes de l’opération française Barkhane et celles de FAMA et les civils. « On ne peut continuer à accepter l’insupportable. Il est temps de s’engager dans une profonde introspection accompagnée par des mesures tangibles, car il est indéniable que certaines pertes auraient pu être évitées si nos contingents étaient mieux formés, mieux équipés, particulièrement en véhicules blindés », a-t-il souligné en appui à son plaidoyer.
Pour le chef de la Minusma, il serait souhaitable que le prochain mandat de la Mission tienne compte des défis. Il a ensuite rappelé que les recommandations de la revue stratégique formulées dans le rapport du secrétaire général Ban Ki-Moon vont dans le sens de cet objectif. « A ce titre, il est nécessaire d’accroître les capacités à la fois de la Force militaire et de la police en termes de personnel, d’équipements et de couverture aérienne. L’absence de ces capacités, pourtant sollicitées à maintes reprises, a cruellement fait défaut et entravé la Mission. Leur mise à disposition sauvera des vies », a encore plaidé le chef de la Minusma.
Mahamat Saleh Annadif a également souligné qu’il « faudrait, par ailleurs, davantage expliciter que le mandat de la Mission l’autorise à mener des opérations proactives et préventives pour s’acquitter de ses responsabilités en termes de protection des civils et de son personnel ».
La Minusma n’étant pas conçue pour résoudre l’ensemble des défis sécuritaires, il est indispensable de favoriser une montée en puissance des FAMA. « D’où l’appui sollicité en termes de soutien au forces maliennes. Le rétablissement de l’autorité de l’Etat en dépend », fera-t-il remarquer.
Le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu a par ailleurs rappelé les avancées du processus de paix en soulignant le respect du cessez-le-feu par toutes les parties maliennes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. A ce propos, il a ajouté la poursuite des efforts consentis par le gouvernement dans la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel solide. Notamment par la création du Conseil national pour la réforme du secteur de sécurité, des Commissions DDR et Intégration et l’élaboration de la loi sur les administrions intérimaires. Mahamat Saleh Annadif rappellera aussi l’achèvement de près de 8 sites de cantonnement. « Ces éléments, parmi tant d’autres, constituent une base solide pour aller de l’avant », s’est réjoui le chef de la Minusma qui a invité au renforcement de la confiance entre les parties signataires.
B. TOURE