Qui est le journaliste ? Que veut le journaliste et que doivent faire les forces de sécurité ? En répondant à ces questions, les forces de sécurité ont non seulement compris le rôle du journaliste mais aussi le cadre de collaboration avec lui. Cet échange entre journalistes et forces de sécurité a eu lieu, mercredi, lors des débats de l’atelier de formation sur le thème : « Promouvoir la liberté de la presse », à travers « la formation des forces de sécurité sur la liberté d’expression et la sécurité des journalistes ». Cette formation vise à renforcer les compétences des forces de sécurité pour garantir le droit des citoyens à la liberté d’expression et d’information, en améliorant la sécurité des journalistes.
La formation, initiée par le bureau de l’Unesco à l’École de maintien de la paix de Bamako, en partenariat avec EUCAP Sahel Mali et le ministère de la Sécurité et de la Protection civile, regroupe une cinquantaine de participants issue de toutes les régions du Mali.
Les deux parties (homme de medias et forces de sécurité) ont jugé instructives les réponses, au cours des débats modérés par le Commandant de police canadienne, Ian Lafrenière, expert de l’Unesco.
Les participants à cette formation ont su faire la différence entre propagande, militantisme et journalisme. Les éléments des forces de sécurité ont demandé aux hommes de médias de la patience pendant qu’il y a une enquête en cours. En retour, les confrères ont déploré la lenteur dans la communication et la réaction des forces de sécurité lors du recoupement d’information. Les porteurs d’uniforme ont rappelé aux journalistes que les enquêteurs sont tenus par un devoir de secret de l’enquête en cours. Ils ont aussi demandé à la presse plus de traitement de fonds des sujets qu’ils traitent, en évitant le sensationnalisme.
Les deux corps ont jugé nécessaire de travailler ensemble. Un chargé de communication d’un département de la gendarmerie a reproché aux médias de ne pas publier le compte-rendu des conférences de presse.
En réponse à cette préoccupation, les journalistes ont répondu qu’ils ne sont pas obligés de publier des informations qu’ils ne jugent pas nécessaires. Mais, ils reconnu qu’il y a une pléiade de journaux qui couvrent les cérémonies ou points de presse, sans paraître régulièrement. Les journalistes ont demandé aux organisateurs de conférences de presse de faire la part des choses, en évitant d’inviter les « médias fantômes ».
Certains éléments des forces de sécurité ont du mal à accepter les critiques faites par les journalistes au sujet des évènements ou enquêtes. Il leur a été rappelé que la critique fait partie du journalisme. Elle a pour but d’améliorer la situation ou pour attirer l’attention des personnes interpellées.
Pour briser la glace entre journalistes et forces de l’ordre, les deux parties sont tombées d’accord que tout passe d’abord par le respect mutuel, la spécialisation des journalistes sur les questions de défense et de sécurité. Cette amélioration du climat entre les deux parties requiert un certain nombre d’exigences qui sont l’honnêteté, la volonté de transparence, la disponibilité, l’humilité, l’écoute et la crédibilité.
Et le directeur général de la police nationale, le contrôleur général Moussa Ag Infahi, de conclure que la communication entre les forces de sécurité et les populations ne peut passer sans les journalistes. Pour souligner que la presse a un rôle très important à jouer, en collaborant avec les forces de sécurité. C’est pourquoi, il souhaite qu’après cette formation entre journalistes et forces de l’ordre, le climat de la collaboration sera amélioré.
Le représentant du chef de mission de mission d’Eucap Sahel Mali, Philippe Perez, s’est dit satisfait de la formation et les débats entre les forces de sécurité et les journalistes. Il a souhaité que cet espace d’échange ne soit qu’un début d’une série de formation entre les deux corporations.
A. DIARRA