Depuis quelques années, « l’épicerie du coin » est passée aux mains des commerçants maures. Les « souraka boutiki » ont essaimé dans tous les quartiers de la capitale, où elles concurrencent de plus en plus les petites échoppes « koroboro boutiki ».
On y trouve généralement de tout. Des couches pour bébé au riz en gros et détail, en passant par l’huile, les conserves et autres denrées du quotidien. Les « Souraka boutiki » ou « Mauritanien », comme on les appelle communément, font désormais partie du paysage et ont conquis les consommateurs. Dans une boutique de Baco-Djicoroni ACI, un jeune Maure remet la monnaie à un client.
« Depuis qu’il a ouvert, je fais tous mes achats ici. On y trouve de tout, en gros et en détail et le prix n’est pas le même que chez les autres boutiquiers », confie ce dernier. Le jeune commerçant, Ali Abdeljellil, gère depuis un an cette boutique achalandée comme un petit supermarché avec des étagères le long des murs.
Une boutique en tout point pareil à cette autre, au carrefour de Daoudabougou, de plus grande envergure cependant. Curieusement, le vendeur ici aussi se prénomme Ali, et explique que sa boutique fait partie d’un groupe de six autres établissements, « appartenant à un oncle venu de Léré ». « Il a ouvert cette boutique et me laisse la gérer pendant qu’il s’occupe d’autres affaires », explique-t-il.
Petites marges, gros profits. C’est ce fonctionnement que dénoncent les autres acteurs de la petite distribution, les « koroboro boutiki». Depuis des décennies, ce sont ces boutiquiers sonrhaï et peulh, venus pour la plupart des régions de Gao et Tombouctou, qui avaient en main le secteur. Aujourd’hui, leurs petites échoppes disparaissent et ils accusent les concurrents de faire du « dumping ».
« Ils cassent les prix, et je ne sais même pas d’où ils sortent leurs marchandises. C’est normal qu’ils raflent tous les clients pendant que nous, nous en perdons tous les jours ! », peste Ahmadou Maïga, dont la boutique se trouve à deux pas de celle d’un Mauritanien. Ce qu’Ahmed Ould, installé à Kalaban Coro depuis deux ans, réfute en disant que c’est plutôt parce que « les gens n’ont pas d’argent, les temps sont très durs ».
Pour que les clients continuent de venir, « on ne met pas beaucoup de marge. Comme ça, les produits sortent et nous, on s’y retrouve », explique Ali de Daoudabougou, qui comme Ahmed Ould, peut réaliser plus de 150 000 francs CFA de recette par jour, et assure payer ses taxes et impôts comme il se doit. Et même économiser pour ouvrir à son tour une autre « souraka boutiki ».
Source: Journaldumali