Le ministre de l’Agriculture, Kassoum Denon, était devant la presse (à la Maison de la presse) le mardi 14 juin 2016 pour faire le point des dispositions prises pour la réussite de la campagne agricole 2016-2017 et échanger avec les journalistes sur leurs préoccupations. Pour la circonstance, il était accompagné par son homologue de l’Elevage et de la Pêche, Nango Dembélé.
Dans son introduction, le ministre de l’Agriculture, Kassoum Denon, a rappelé la place de l’agriculture dans l’économie malienne. De par la diversité de ses potentialités, le secteur agricole, selon le Ministre Denon, est considéré comme le levier de l’économie nationale. “Il constitue un secteur-clé pour le développement économique et social de notre pays, compte tenu de la population rurale qui en dépend directement, de sa dimension stratégique en matière de sécurité alimentaire et enfin de sa contribution dans la régulation de la balance commerciale”, a-t-il indiqué, avant d’ajouter que la politique agricole de notre pays tend vers une véritable économie rurale devant valoriser l’homme et protéger son milieu, cherchant par la proximité et l’approche participative à opérer un équilibre stable entre la maîtrise totale de l’eau, l’aménagement des terres, la diversification de la production, le renforcement de la productivité, le véritable développement de l’agriculture.
“Aujourd’hui encore, le secteur agricole reste fondamental grâce aux nombres d’opportunités qu’il est à même d’offrir en termes d’amélioration de revenus, d’emplois, de recul de la pauvreté et de croissance économique. Il est le gage pour l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle “, a-t-il dit avant de rappeler que le secteur agricole a fourni des performances significatives ayant contribué à la croissance du secteur primaire qui est de 7,6 % contre 8,7 % en 2014 et une croissance de 8,3 % contre 9,9 % en 2014.
A ses dires, cette situation est due à la baisse de la production des cultures industrielles tirées par le coton qui a baissé de 5,8 % contre une augmentation de 22,6 % en 2014. Dans ce tableau, l’agriculture vivrière a connu une augmentation de 16,1 % en 2015 contre 13,8 %. “Cette performance liée à la production des cultures vivrières s’explique par la bonne pluviométrie, malgré une installation tardive qui a été rattrapée suite à une prolongation en octobre et début novembre.
Elle s’explique aussi et surtout par la volonté du gouvernement de poursuivre sa politique de soutien à l’agriculture”, a-t-il déclaré, avant de rappeler la vision incarnée par le Projet de société du président Ibrahim Boubacar Kéita dans le vaste domaine de l’agriculture qui constitue “une haute priorité” pour le gouvernement du Mali. Ce qui, selon le Ministre, a valu d’affecter par le gouvernement plus de 15 % des ressources budgétaires au secteur agricole et d’ériger au rang des priorités absolues toutes initiatives susceptibles d’amorcer le décollage véritable de ce secteur.
“C’est ainsi qu’il s’est engagé à fond dans la mise en œuvre du vaste Programme gouvernemental d’aménagement (Pga) qui portera sur l’aménagement de 100 000 hectares sur la période 2014-2018. A ceci, il faut ajouter le démarrage d’un programme de mécanisation agricole portant sur la mise à disposition de 1 000 tracteurs aux producteurs pour une phase pilote 2015-2016, les subventions des intrants agricoles consacrées au budget d’Etat pour l’exercice 2016 sont estimées à 38 milliards Fcfa. Dans le même temps, le Fonds national d’appui à l’agriculture (Fnaa) a été doté pour toutes les activités de soutien aux activités agricoles”, a-t-il expliqué.
Faisant le bilan de la campagne 2015-2016, le Ministre Denon dira que cette campagne a enregistré une production céréalière de 8 045 669 tonnes, soit une hausse de 15,25 % comparée aux 6 980 733 tonnes de la campagne 2014-2015. Sur la base de ces résultats, le bilan céréalier établi en fonction de la norme annuelle de consommation de la Fao (214 Kg/personne/an) dégage un excédent de 1 588 000 tonnes dont 1 391 000 tonnes de céréales sèches et 197 000 tonnes de riz.
Les préoccupations des journalistes répondues
Après cette présentation, le Ministre Kassoum Denon s’est prêté aux questions des journalistes. Les préoccupations des confrères ont tourné autour du contrôle de la qualité des engrais, les normes des abattoirs frigorifiques, la gestion des conflits agriculteurs-éleveurs par les deux ministères de l’Agriculture d’une part, de l’Elevage et de la Pêche de l’autre ; la baisse de la production du coton.
Réagissant à la question sur les engrais “frelatés”, le ministre de l’Agriculture a précisé qu’il y a des engrais hors norme et non des engrais frelatés. Car, à ses dires, l’engrais hors norme peut être utilisé. Mais, a-t-il argumenté, “il ne répondra pas aux besoins nutritionnels de la plante” avant d’ajouter que son Département est à la tâche pour assainir le secteur. “Nous sommes là-dessus. Des bureaux d’études ont été commis pour ce travail. Des échantillons ont été prélevés et analysés et des résultats ont été obtenus. Nous allons jouer notre rôle à fond. Toutes les dispositions sont prises pour que les engrais hors norme ne soient pas utilisés par les paysans. Tous les contrevenants seront sanctionnés. Il n’y aura pas d’état d’âme”, a-t-il prévenu.
Parlant des conflits agriculteurs-éleveurs, le Ministre Denon répondra que ces conflits sont une dualité. Car, à ses dires, avec le changement climatique, il n’y a pas beaucoup de pâturages. “Nous arrivons de façon intelligente à gérer ces conflits”, a-t-il souligné.
Par rapport à la question sur la baisse de la production du coton, Kassoum Denon dira que cette baisse est due aux paysans mêmes qui, par exemple, au lieu de mettre 10 sacs à l’hectare, ne mettaient que 8 sacs pour ensuite revendre le reste des deux sacs. Tout simplement parce que l’engrais est subventionné par l’Etat. “Nous allons nous attaquer à toutes les questions relatives à la productivité du coton avec l’utilisation judicieuse du coton qui est la matière première pour la recette de l’économie nationale”, a-t-il affirmé.
Répondant à la question sur les difficultés dans le secteur de l’élevage, le Ministre Nango Dembélé dira que le secteur de l’élevage est étouffé par les champs, les concessions rurales. Ce qui fait que l’espace pastoral se rétrécie progressivement. “Il faut des espaces réservés aux éleveurs. Des dispositions doivent être prises pour sécuriser et préserver les domaines de l’élevage. La solution des difficultés des éleveurs se trouvera dans la Charte pastorale. Ensuite, seule la productivité intensive peut freiner l’envahissement et les occupations anarchiques des espaces pastoraux.
Il faut aussi créer des stations d’embouches pour approvisionner les abattoirs dont la plupart ont des problèmes d’équipements et d’hygiène. Des mesures urgentes doivent être prises pour moderniser les abattoirs qui doivent sortir du portefeuille de l’Etat. En plus de tout ça, il faut aussi former des vétérinaires. Tous les secteurs de l’élevage sont vieillissants. Il faut aussi des suivis des animaux pour des aspects sanitaires, avec la modernisation des moyens de transport des viandes”, a-t-il préconisé.
Siaka Doumbia