Il ne se passe pas une semaine sans qu’on ne parle de violences inter communautaires au Mali, particulièrement dans sa partie centrale composée d’une partie des régions de Ségou et de Mopti. Dans ces zones, y vivent deux principales communautés : l’une sédentaire pratiquant l’agriculture et l’autre nomade, pratiquant l’élevage. Avec le brassage des populations, ce clivage n’est jamais net car, un individu peut-être à la fois agriculteur et éleveur.
C’est dire que ces conflits ont toujours existé mais il y a toujours eu au sein des différentes communautés des personnes bien éclairées pour les aplanir.
L’absence de l’Etat à certains endroits depuis plus de dix ans, la crise de 2012 et la prolifération des armes légères, voire de guerre, sont venues accélérer un processus d’étiolement du pays. Abandonnées à elles-mêmes, les populations n’ont d’autres choix que de s’auto défendre. Il n’est donc pas étonnant qu’on assiste çà et là à des créations de milices et à des règlements de compte entre communautés. Le dernier en date étant celui intervenu à Douentza dans la commune de Gandamia où des peuls et des éléments du Gatia se sont affrontés. Le bilan est lourd : plus de 10 morts principalement des peuls.
On se rappelle que dans le même cercle, il y a moins d’un an, six paysans dogons avaient été assassinés par des pasteurs peulhs qui seraient originaires du Niger.
En 2012, à Sari, arrondissement de Dinangourou dans le cercle de Koro, un affrontement dogons – peulhs avait fait plusieurs victimes. Ce qui a conduit certains peulhs de la zone à s’exiler au Burkina voisin. Aujourd’hui, quatre ans après, ils souhaitent revenir et le gouvernement n’a rien entrepris pour leur retour. Partout ce sont des foyers de tension. A ce rythme, je ne suis pas sûr que la classe politique qui s’agite à Bamako, ignorante du pays réel, ait un jour un pays à diriger.
Pendant que le pays réel s’étiole, qu’assiste-t-on dans le pays virtuel ? Le monde politique de Bamako, coupé des réalités nationales, englué dans des calculs politiciens, se complait à cogiter pour obtenir les faveurs du chef de l’Etat. On migre allègrement vers le parti au pouvoir. On dirait que chaque responsable s’échine à profiter le maximum de sa position pour engranger le maximum de profit.
Les gouvernants ont si bien compris le slogan « la famille d’abord », qu’il existe en leur sein une frénésie d’accaparement de tout ce qui leur tombe entre les mains.
Nous sommes en présence d’une atmosphère apocalyptique où les principaux acteurs, censés porter l’espoir, ne croient plus en leur dessein régalien. Sommes-nous à l’époque du « bè bi babolo ? » autrement dit « du sauve qui peut ? »
…sans rancune
Wamseru A. Asama