À travers un communiqué diffusé hier, la Coordination des Mouvements de l'Azawad affirme qu’elle sera présente à Bamako à travers ses secrétaires généraux des mouvements qui la composent pour marquer le premier anniversaire de sa signature de l'accord prévue ce lundi 20 juin.
Cette délégation qui doit rencontrer le président de la République demain 17 heures au palais de Koulouba, sera accompagnée par le ministre des affaires étrangères algérien qui les avait reçue en Algérie pour faire le point de la mise en œuvre de l'accord. Nous a confié une source au sein de la CMA.
Les représentants des groupes signataires de l'accord ont signé aujourd'hui un document intitulé "Entente", qui porte sur les conditions de mise en place des autorités intérimaires. Ce document n'est pas un nouvel accord, mais il fixe les modalités de mise en place de ces autorités intérimaires.
En plus des responsables de la CMA, le président de la République reçoit demain en audience à Koulouba tous les acteurs signataires de l'accord d’Alger.
Pour mettre définitivement fin aux problèmes de mise en place des autorités intérimaires, qui avaient provoqué la suspension des récentes réunions du CSA, le gouvernement du Mali et les mouvements signataires de l'accord ont signé ce matin un protocole d'entente sur la mise en place des autorités intérimaires.
La partie gouvernementale a exhorté les mouvements à respecter leurs engagements consignés dans ledit document.
Hamadou Konaté, ministre de la reconstruction du nord, est au micro de Ayouba Sow :
« Il est conforme à notre dispositif législatif et réglementaire. C'est un élément qui va être accélérateur de la mise en œuvre des accords. C'est un document qui va nous permettre de garantir l’existence effective des dividendes de la paix au niveau de nos populations et au niveau de nos communautés. Il va enfin et cela est le plus important, déterminer le démarrage du processus de préparation pour un retour à la normale dans toutes nos collectivités. Parce qu'il doit s'achever par l'organisation des élections générales dans notre pays. Le plus important commence maintenant et le plus important, c'est le respect des engagements consignés dans ce document, notamment en ce qui concerne le retour de l'administration et le démarrage du MOC ».
Les responsables de la plateforme précisent que « le document signé n'est pas un nouvel accord, mais un document d'entente entre les parties sur la mise en place des autorités intérimaires ». Me Harouna Toureh, porte-parole de la plate forme explique le fond de ce document. Il est au micro de Ayouba Sow :
« Pour éviter toute confusion, il ne s'agit pas d'un nouvel accord. Il s'agit d'une entente entre le gouvernement et les mouvements armés dans le cadre de la mise en œuvre des autorités intérimaires. Elles devraient être installées 30 jours après la signature de l'accord, mais ça n'a pas été le cas. Nous avons connu beaucoup de difficultés certes, mais nous venons de franchir un grand pas. Cette installation des autorités intérimaires, nous l’espérons, va nous apporter plus de crédibilités et nous pensons qu'au plus tard le 1er juillet, on serait en état d'avancer sur le terrain ».
Quelles sont les conditions de mise en œuvre de ces autorités intérimaires ?
« Il y a plusieurs modalités, on a d'abord parlé pour que tout soit entrepris de façon consensuelle avec le gouvernement du Mali et les mouvements. Elles bénéficieront d'une formation adéquate pour leur permettre de gérer en toute responsabilité les missions qui leur seront confiées ».
La CMA se dit fière d'avoir pu signer ce document d'entente qui est le fruit d'un travail de huit mois. Ses responsables précisent que la société civile sera représentée au sein des autorités intérimaires.
Sidi Mohamed Ibrahim Ould Sidatt est le signataire du document au nom de la CMA. Il est au micro de Ayouba Sow :
« On est très fière d'avoir signé cette ''entente''. Il faut le dire, c'est le fruit d'un travail de huit mois. Cette entente, nous l'avons signé parce que nous pensons qu'elle est à peu près conforme à l'accord que nous avons signé à Alger. Ce qui nous a retardé à signer, c'est parce que dans toutes les versions proposées par le passé, il me semblerait qu'on n'était pas proche de l'accord. Cette entente qu'on vient de signer est la plus proche possible à l'accord.»
La mise en œuvre serait pour quand ?
« Nous espérons croire que très rapidement les situations vont s’accélérer. On va très rapidement mettre en place les autorités intérimaires, le retour de l'État. Je pense que les choses vont aller vite, pour que nous puissions vraiment revenir dans une situation dite normale. Les autorités intérimaires, comme le texte le prévoit, c'est tout le monde, la société civile, les conseillers sortants, c'est toutes les populations qui sont recensées dans la région, dans le cercle ou dans la commune où les autorités seront en place ».
Pour certains observateurs, ce nouveau document signé est une avancée pour les groupes armés dans leur logique de partition du pays.
Selon Me Abdouramane Touré, avocat au barreau, il n'apportera qu'une illusion d'avancement dans la mise en œuvre de l'accord. Il est joint au téléphone par Moumine Sindébou :
« Ce document va apporter deux choses. La première, c'est une illusion d'accalmie, une illusion d'avancement en ce qui concerne les partenaires. Et aussi, ça va permettre au gouvernement malien de souffler, parce qu'il est pressé de tous les côtés. De l'autre côté, ce qu'il va apporter, c'est une avancée pour les groupes armés dans leur logique de partage de ce pays. Donc, on va fragmenter encore ce fragile État, tout en ayant l'impression que nous sommes en train d'aller vers la mise en œuvre d'un accord qui consacre l’unité de ce pays.
En réalité, un accord qui a été signé il y a 1 an, qui a du mal à être mis en place, ce n'est pas la commémoration qui est la bonne chose. Ce qu'on aurait dû organiser, c'est vraiment cette conférence d'entente nationale. Il faut revenir aux questions essentielles de base; on ne peut pas diriger ce pays-là, sans pour autant avoir la volonté des populations du nord qui se trouvent là-bas ».