Le Centre du Mali présente toutes les prémisses d'une prochaine insurrection dans le Sahel. International Crisis Group (Icg) l'a révélé dans un rapport présenté ce jeudi 16 juin à Dakar, lors d'une table ronde tenue dans les locaux d'OSIWA sur « Des foyers djihadistes en mutation ». Cette nouvelle donne met à nu les limites de la résolution de la crise malienne jusque-là concentrée sur la région Nord.
La crise malienne est loin de connaitre son épilogue. Au moment où la région Nord, seul foyer de tension jusque-là cité dans le pays, cherche à renouer avec une paix durable, la zone centre montre des foyers de turbulence.
International Crisis Groupe (Icg), dans un rapport qu'il vient de présenter sur la situation de cette zone, décrit une crise sans précédent avec la montée de l'intégrisme. Ce document d'Icg examine une zone dont les dynamiques sont très peu comprises, une zone qui a été négligée dans le processus de l'Accord de Bamako de juin 2015 où la tension grandissante pourrait affecter la stabilité de tout le pays.
Ce groupe de recherche de rappeler que depuis que Khadafi a été chassé du pouvoir en Libye, la prolifération des armes et des mercenaires ont contribué au déclenchement de la crise malienne de 2012. Dès lors, déplore la même source, le Nord Mali a fait l'objet de toutes les attentions contrairement à certaines zones du centre.
Ce qui, à l'en croire, a été à l'origine de la naissance d'un mouvement nouveau, notamment le Front de Libération du Macina (Flm).
International Crisis Group attire l'attention sur le fait que les réponses jusque-là apportées à la violence armée grandissante ont été plus axées sur la sécurité et on a plus cherché à faire le lien entre les groupes djihadistes et leurs supposées accointance avec Ansar Dine, al Qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi) et d'autres groupes qui exploitent les espaces sous-administrés dans le Sahel et au Sud de la Libye.
Que ces accointances soient prouvées ou pas, estime ce groupe de réflexion, les acteurs nationaux et internationaux doivent aussi se focaliser sur un certain nombre de facteurs qui ont longtemps caractérisé cette partie du Mali longtemps négligée et marquée par l'absence d'une justice effective, le détournement du pouvoir coercitif par les élites ; la manipulation du droit foncier.
International Crisis Group se désole de la faiblesse du nombre d'analyse consacrée à cette partie de la région qui présente toutes les prémisses d'une insurrection dans le Sahel.
Ce qui fait dire à Jean-Hervé Jézéquel, Directeur Adjoint du projet Afrique de l'Ouest à l'Icg que la réponse militaire jusque-là privilégiée face à l'extrémisme religieux dans la région ne semble pas suffisante. « Le constat est qu'il y a une extension des zones de violence ».
Auteur du rapport sur le centre du Mali, M. Jézéquel explique que cette partie en question, grand oublié des négociations inter-maliennes d'Alger, voit se développer des formes préoccupantes de violences armées et notamment « des noyau djihadistes certes encore mal structurés mais qui se développent en instrumentalisant les fortes frustrations locales ».
Après son rapport général sur le phénomène Boko Haram récemment publié, International Crisis Group prévoit de rendre public deux autres études sur le « djihadisme en Afrique de l'Ouest ». Des travaux de recherche qui traitent du lien entre les conflits locaux au centre du Mali et le radicalisme au Cameroun. Trois documents qui, selon M. Rinaldo Depagne, Directeur de projet, Bureau Afrique de l'Ouest d'Icg, décrivent les mutations de plusieurs foyers djihadistes dans la sous-région.
Entre autres questions, les équipes de chercheurs ont analysé « l'insurrection de Boko Haram au Cameroun et dans le Bassin du Lac Tchad » mais aussi la position de « défensive » dans lequel se trouve ce groupe armé qui, non seulement, a fini de semer la terreur au Nigéria, au Niger et au Tchad, mais fait acte d'allégeance à l'Etat islamique en continuant de revendiquer le statut de son représentant en Afrique de l'Ouest.
Par Bacary Dabo
Source : fr.allafrica.com