Jusqu’au jeudi dernier, date de la signature d’un protocole d’accord, ces deux villages du cercle de Kangaba se regardaient encore en chiens de faïence depuis quatre ans. Au cœur de cette brouille fratricide: la gestion d’un site d’orpaillage. Le principal artisan de cette paix retrouvée est un homme: Sékou Zana Traoré, juge de paix de Kangaba. Celui là même qui passe désormais pour un magistrat atypique au regard de son sens très élevé de la quiétude sociale.
La date du 16 juin 2016 restera certainement gravée en lettres d’or dans la mémoire collective des populations de Tombola et Dioulafoundo, deux bourgades situées non loin de la frontière guinéenne, dans le cercle de Kangaba. En effet, à cette date, ces villages ont, sous la houlette du juge de Kangaba, accompagné d’une forte délégation, signé un protocole d’accord. Cette paix des braves fut matérialisée à travers une rencontre entre le juge de Kangaba et les populations des deux villages sur le site objet du conflit: Kounkouroufouga. Ce protocole est, faut-il le rappeler, le couronnement de 16 séances de travail effectuées en seulement 2 mois par le juge Traoré et les représentants de Tombola et Dioulafoundo.
Ainsi, lors de la cérémonie, Sékou Zana Traoré a rendu grâce à Allah, et salué les populations des deux villages pour leur sens de la responsabilité qui a fait que sa médiation fut couronnée de succès. Il les a ensuite appelés à cultiver davantage le pardon et la cohésion sociale, gages du développement de notre pays. Tout en insistant sur le respect strict du présent protocole, le magistrat a précisé que cette cérémonie ne remet nullement en cause la décision gouvernementale de fermer temporairement les sites d’orpaillage en cette période hivernale. Décision dont il a invité les orpailleurs au respect.
Au nom respectivement de Tombola et Dioulafoundo, Boua Camara et Bérémadjan Magassouba ont loué l’esprit de clairvoyance de Sékou Zana Traoré qui, pour eux, est un magistrat unique en son genre. De mémoire des populations des deux villages, jamais un juge de Kaganba ne s’est aussi engagé dans la recherche de la quiétude sociale en dehors du prétoire. D’où leur engagement, au nom de leurs populations respectives, à accompagner la démarche du juge Traoré et au respect strict du protocole d’entente.
Sékou Zana Traoré tient sa promesse
Il importe de rappeler que la signature du protocole d’accord entre Tombola et Dioulafoundo n’est pas un acte isolé. En effet, le 30 mai dernier, sous la houlette du juge Traoré (encore lui), les villages de Samaya, Niaouléni et Kobada avaient signé un protocole de même nature. Lors de cette cérémonie, le juge Traoré avait été chaleureusement salué par les autorités judiciaires présentes, en l’occurrence le chef de cabinet du ministère de la Justice et le Procureur de la République près la Cour d’appel de Bamako. En marge de cette rencontre, le jeune juge avait pris l’engagement de ne ménager aucun effort pour arriver à de tels protocoles partout où cela est nécessaire dans le ressort de sa juridiction. La paix scellée entre Tombola et Dioulafoundo n’est donc que la suite logique de cette démarche qui, du reste, suit son cours. Soulignons que le juge Traoré, depuis ce samedi 18 mai 2016, est déjà sur le terrain pour concilier d’autres villages dans une zone où l’orpaillage met fréquemment les populations aux prises. Puisse sa démarche faire tâche d’huile chez d’autres juges de notre pays.
Bakary SOGODOGO