Le Mali a ressuscité, vibré à l’unisson, retrouvé sa physionomie des grands jours, le samedi 2 février, à la faveur de deux évènements heureux : la visite de quelques heures du président français, François Hollande, à Tombouctou et à Bamako et la qualification des Aigles face aux Bafana Bafana aux demi-finales de la CAN 2013 se déroulant en Afrique du Sud.
Saouti Labass Haïdara, Dirpub L’Indépendant
Dans la cité des 333 saints dont M. Hollande est désormais le 334e saint par la volonté de ses habitants comme dans la ville des trois Caïmans, des milliers de gens sont sortis spontanément pour saluer et fêter l’homme qui, à l’appel du Pr Dioncounda Traoré, a réagi avec promptitude en déployant les moyens militaires et humains appropriés pour faire échec à l’avancée des hordes terroristes vers le sud et enclencher avec prouesse la reconquête des vastes régions du nord Mali soumises à leur tyrannie durant neuf mois. Du coup, il est devenu le sauveur, le libérateur, celui qui a redonné dignité, honneur et confiance au peuple malien frappé de désarroi.
C’est à travers la joie qui éclairait leurs visages, les cris d’allégresse qui sortaient de leurs gorges, les applaudissements frénétiques sans cesse recommencés, les drapeaux français et maliens mêlés qui flottaient au-dessus de la marée humaine, les slogans laudatifs inscrits sur les pancartes et les banderoles hâtivement confectionnés que le peuple de la capitale, qui avait pris d’assaut la place de l’indépendance, est venu à la rencontre de M. Hollande pour lui exprimer sa reconnaissance. L’un de ces slogans était libellé ainsi : « Merci Papa Hollande, merci tontons Le Drian et Fabius ».
Il traduit l’immense gratitude des Maliens de tous âges et de toutes conditions à l’endroit de ces trois hommes qui ont joué un rôle déterminant dans la sauvegarde de la liberté, de l’indépendance, de la souveraineté et de la laïcité de l’Etat malien.
Une nouvelle page vient sans doute de s’ouvrir dans l’histoire de la relation franco-malienne, vieille d’environ 150 ans si l’on situe son point de départ à l’entame de la pénétration coloniale vers le milieu du 19è siècle. Nul doute qu’elle sera marquée par une amitié plus forte, une solidarité plus renforcée, une estime plus grande entre les deux pays.
Avec l’humilité qui le caractérise, M. Hollande a dit qu’en se portant au secours du Mali, la France n’a fait que rembourser une dette qu’elle avait contractée auprès de l’Afrique et du Mali. Une allusion à la participation à ses côtés, lors des deux guerres mondiales (1914-18 et 1939-45) de contingents venus d’Afrique noire – dont le plus important a été fourni par l’ex-Soudan français devenu Mali - qui se sont illustrés par leur bravoure sur les champs de bataille.
Il a répété que « la France restera au Mali le temps qu’il faudra pour la libération totale de son territoire » mais qu’elle « n’a pas vocation d’y rester ». Ce qui serait « une insulte à la souveraineté malienne ». Elle devrait, de notre point de vue, y rester aussi longtemps qu’il ne sera pas pacifié, sécurisé, stabilisé, réconcilié avec lui-même et avec la communauté internationale dans un Etat de démocratie et de droit. Quitte à ce que cela soit fait dans le cadre de la MISMA transformée en mission de paix onusienne, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire voisine. Elle ne sera pas alors accusée d’occupation néocoloniale et ne sera pas seule à supporter des frais onéreux.
Quant à la brillante victoire des Aigles sur leurs adversaires sud-africains à l’issue d’un match époustouflant, qui a tenu les Maliens en haleine plus de deux heures d’horloge, elle augure le vœu exprimé par le président Dioncounda Traoré en recevant nos soldats du football avant leur départ au pays de Mandela : «Comportez-vous de façon à procurer du bonheur à votre peuple qui en a besoin ».
Puisse la suite confirmer l’exploit du samedi 2 février.