Les représentants des agences de voyage de la filière privée ont fait part de leurs griefs contre les préparatifs du Hadj 2016, lors d’une conférence de presse, jeudi, au Haut conseil islamique (HCI) du Mali.
« Avant la création du ministère des Affaires religieuses et du Culte, la répartition du quota de pèlerins de la filière privée n’a jamais été l’affaire d’aucune administration. Maintenant, nous sommes confrontés à l’intrusion partisane du ministère en charge du culte dans cette opération », accuse Mme Cissé Fatim Kouyaté, coordinatrice des agences de voyage de la filière privée.
La répartition 2016 du quota a été « des plus scandaleuses par l’administration du hadj», ajoute-t-elle, avant de poursuive : « En effet, ce sont les accointances d’une agence de voyages qui déterminent l’importance de son quota. C’est dans cette atmosphère délétère que se tient l’organisation du Hadj 2016, avec une frustration généralisée et sans précédent des agences de voyages ».
Initialement prévue dans une salle de la Maison du Hadj, la conférence de presse, suite à un malentendu a été interrompue, quelques minutes après avoir débuté. La direction de la structure explique qu’elle n’a pas été saisie officiellement par les organisateurs. Alors qu’elle avait prévu une autre réunion dans la même salle et à la même heure. Après des discussions entre les deux parties, la conférence de presse fut transférée au siège du HCI.
Mme Cissé, dans son exposé liminaire a expliqué que chaque année une mission préparatoire se rend en Arabie Saoudite, afin de faire avec les autorités saoudiennes une évaluation de la campagne passée et s’enquérir des nouvelles dispositions éditées par les autorités saoudiennes pour la présente campagne. En prélude à cette mission, des journées de réflexion sur le pèlerinage sur les Lieux saints de l’Islam ont eu lieu les 9 et 10 février 2016. Elles ont permis essentiellement de discuter de la relecture du cahier des charges à remplir par les agences de voyages. Ces journées ont mis en exergue l’indispensable nécessité de créer un cadre de concertation sur les modalités d’organisation et la partition à jouer par chaque structure ou partie concernée par le Hadj.
A son retour, la mission préparatoire a fait part des nouvelles dispositions de l’Arabie Saoudite en terme de modus operandi : quota alloué au Mali (9.000 pèlerins), obligation d’ouvrir par chaque organisateur un compte bancaire en Arabie Saoudite, obligation de chaque organisateur de faire transporter ses pèlerins par un transporteur saoudien ou ayant une compagnie régulière desservant l’Arabie Saoudite etc… L’ouverture du compte Mali a posé problème compte tenu des créances dues par l’Etat malien à des prestataires saoudiens, notamment les agences unies. Pour gérer cette situation, le ministère des Affaires religieuses et du Culte s’est engagé à régler la somme due en trois tranches.
Selon la Coordinatrice de la filière privée, les agences de voyages qui ont été pointées du doigt sont à l’aise d’affirmer qu’aucune agence de voyage ne doit un centime à aucun prestataire saoudien. Car elles sont obligées de tout payer cash sur place. Afin d’accéder à la qualité d’organisateur du Hadj, ajoute-t-elle, les agences de voyages doivent montrer patte blanche, en s’acquittant totalement des frais et caution. « Le cas du quota supplémentaire de 2.000 pèlerins accordé par l’Arabie Saoudite au dernier moment de l’édition 2015 a été géré dans la plus grande transparence et nous sommes heureux de montrer les bordereaux de paiement du quota supplémentaire. Les sommes ont été versées sur un compte, à nous, indiqué par l’administration du Hadj » a-t-elle déclaré.
Quant au projet de loi qui doit assurer une bonne organisation du Hadj, les représentants des agences de voyage indiquent avoir appris l’information dans les médias, car ils n’ont, « en aucun moment, été saisis et n’ont donc contribué en rien ».
Les agences de voyage prônent le retour à une gestion classique du Hadj avec l’implication d’autres départements ministériels. Mieux, elles réitèrent leur ancienne revendication de voir « l’Etat rester dans son rôle de contrôle et de réglementation, comme cela se passe dans presque tous les pays, au lieu de continuer à faire de la concurrence aux privés ».
Y. DOUMBIA
Source: Essor