Le Mali a un nouveau groupe armé. Il s’agit de l’Alliance Nationale pour la Sauvegarde de l’Identité Peulh et la Restauration de la Justice (ANSIPRJ). Elle a été portée sur les fonts baptismaux ce samedi 18 juin.
Annoncé par le jeune Oumar Aldjana, âgé de 27 ans, président de l’association Kawral Poulakou et qui se présente comme le secrétaire général de l’ANSIPRJ, ce nouveau mouvement ne serait ni djihadiste ni indépendantiste.
Son objectif : la protection des peulhs contre l’armée malienne et les milices. Pour lui, l’armée malienne armerait des milices contre les peulhs ; voilà pourquoi elle est leur premier ennemi.
INCOHERENCES.
Un mouvement politico-militaire et purement ethnique qui se réclame « non djihadiste et non indépendantiste ». Ça sert à quoi ce genre de mouvement si ce n’est que pour semer à nouveau la graine de la division et de la confusion dans ce pays qui en souffre déjà. Aussi, l’ANSIPRJ dit avoir pour cible l’armée malienne qu’elle accuse d’armer des milices contre des civils peulhs. Une organisation ethnique-armée qui a pour ennemi principal l’armée républicaine du pays auquel elle revendique l’appartenance n’est ni plus ni moins qu’une rébellion, peu importe la nature de sa revendication.
UN MOUVEMENT AFFAIRISTE.
On le sait bien, le chantier du Désarmement, de la Démobilisation et de la Réintégration (DDR) des groupes armés du Mali, né de l’accord d’Alger, s’avère extrêmement difficile. Le décompte des effectifs exacts et la naissance de nouveaux mouvements rendent la tâche encore plus complexe. L’on se rappelle qu’en mai dernier, les jeunes de Gao, à travers le conseil communal de la ville, exigeaient leur intégration au processus des DDR pour leur résistance face aux djihadistes pendant la crise. Cela leur permettrait d’intégrer la fonction publique ou l’armée. C’est au moment où le processus de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) doit bientôt débuter que le mouvement ethnique-politico-militaire, l’Alliance Nationale pour la Sauvegarde de l’Identité Peulh et la Restauration de la Justice (ANSIPRJ) est portée sur les fonts baptismaux.
Coïncidence ou affairisme de la part de l’organisation du jeune Oumar Aldjana ? La deuxième option semble être plus plausible. Pour intégrer le processus de DDR, il faut être un groupe armé possédant effectivement des armes. Bien qu’il ait moins d’informations sur cette organisation, elle remplirait, à entendre les détails livrés par son secrétaire général, les conditions pour le processus de DDR.
Le Mali est dans un processus de vérité et réconciliation qui peine à aboutir. Les raisons sont diverses et diversifiées. Elles s’identifient du côté du pouvoir actuel que dans le camp des groupes armés. L’ANSIPRJ vient gonfler le nombre de ces groupes. Au regard de ces objectifs et de son orientation, cette organisation doit être considérée comme une rébellion, un mouvement sécessionniste, affairiste et doit être traité comme tel.
Ismaël COMPAORE