La mise en œuvre de l’Accord, une occasion pour «dynamiser le développement à travers toutes les régions du Mali, avec le concours important de la communauté internationale».
Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a affirmé que la deuxième année de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de la réconciliation nationale au Mali, doit être l’occasion de réaliser des résultats «concrets» avec un «impact» sur la vie quotidienne des Maliens.
«La deuxième année de la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger doit être l’occasion de réaliser des résultats concrets qui auront, surtout, un impact sur la vie de tous les jours des populations du Mali», a-t-il déclaré à la presse, à l’issue de l’audience que lui a accordée le Premier ministre malien, Modibo Keïta. Ces résultats qui doivent refléter, selon lui, les engagements qui ont été «librement contractés» par la communauté internationale, qui est appelée, a-t-il souligné, à plus d’effort dans l’aide pour l’avènement de la paix au Mali.
M. Lamamra a plaidé, à cette occasion, pour davantage d’efforts dans la lutte contre le terrorisme et l’économie criminelle, affirmant, à ce sujet, que cette lutte doit «se renforcer du fait de l’adhésion des populations du nord à l’action de l’État malien». Il a également préconisé de faire de la deuxième année de la mise en œuvre de l’Accord une occasion pour «dynamiser le développement à travers toutes les régions du Mali, avec le concours important de la communauté internationale».
«Nous avons tenu une véritable séance de travail, dans l’esprit des discussions qui nous avaient souvent regroupé à Alger, en sa qualité de représentant du Président de la République malienne pour le processus des négociations», a souligné Lamamra dans son appréciation de la teneur de ses discussions avec Modibo Keita. Il a ajouté, dans le même cadre, que l’audience a été une occasion pour «jeter un regard rétrospectif sur les difficultés que le processus a eu à affronter durant cette 1re année de sa mise en œuvre».
«Nous avons surtout échangé des idées sur le fait que le 1er anniversaire du parachèvement de la signature de l’Accord, le 20 juin 2015, devrait être l’occasion d’un nouveau départ qualitatif, un nouveau départ également en ce qui concerne l’accélération du processus de mise en œuvre de l’Accord», a-t-il encore souligné. Il a affirmé, dans le même sillage, que «cette première année doit être perçue comme une année d’apprentissage pour les uns et les autres». Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué, par ailleurs, que l’audience a été également une occasion pour traiter d’autres sujets, «y compris naturellement les relations bilatérales entre les deux pays voisins, frères et amis, dont le destin a été toujours partagé à travers les siècles». «Le partage du destin s’est illustré à l’indépendance du Mali par l’autorisation donnée à l’Armée de libération nationale à ouvrir un front au territoire malien, un front dirigé par le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika», a souligné Lamamra, qui a indiqué que l’Algérie «a un sentiment très fort par rapport à cette solidarité que nous témoignons en toute circonstance à l’endroit du Mali». Évoquant la préparation de la tenue de la grande commission gouvernementale mixte, qui sera présidée par les deux premiers ministres, il affirme qu’il a discuté avec Keïta sur les moyens susceptibles d’accélérer cette préparation, afin, a-t-il dit, de tenir cette réunion sous le slogan de «La solidarité naturelle entre l’Algérie et le Mali».
Un excellent développement
La signature du document d’entente entre les parties signataires de l’Accord de la paix et de la réconciliation au Mali, pour l’installation des autorités intérimaires au nord du Mali, constitue «un excellent développement qu’il faut mettre en œuvre», a affirmé Ramtane Lamamra. «Il s’agit d’un excellent développement qu’il faut mettre en œuvre. Les autorités intérimaires constituent véritablement le premier niveau d’autorité et là où la population doit ressentir un changement dans sa vie quotidienne. «En procédant conformément au calendrier qui a été arrêté par les parties signataires, je crois que nous donnons de la consistance à ce nouveau départ», a-t-il ajouté, à propos de la signature par les différentes parties de l’Accord de paix, dimanche à Bamako, d’un document d’entente sur les modalités de l’installation des autorités intérimaires dans les cinq régions du nord du Mali. Il s’agit, pour Lamamra, «d’aller maintenant à sa mise en œuvre», estimant que cette mise en œuvre doit être «minutieuse et consensuelle, afin que les parties travaillent véritablement en équipe de la même manière que nous voyons aujourd’hui la coordination "CMA" et la plateforme travailler la main dans la main comme il s’agissait de la même entité». Il rappelé, à ce sujet, que les mouvements politico-militaires du nord du Mali «n’ont pas été toujours en bons termes, pendant le processus de négociations que nous avons vécu à Alger», estimant qu’il faut aujourd’hui évoluer vers une équipe tripartie (gouvernement-plateforme-coordination). Il a, cependant, souligné que cette évolution vers une composition tripartie doit se faire «avec le rôle imminent qui est celui de l’État. Un rôle d’impulsion qui doit pourvoir consister en une vision stratégique d’ensemble et la mise œuvre des attributs universels qui reviennent à la mission de l’État».
Un espoir
Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a déclaré que le document relatif à l'entente entre les parties maliennes à l'Accord de paix et de réconciliation au Mali est porteur d'un espoir pour le processus de paix au Mali mené par la médiation internationale, dont l'Algérie est chef de file.
Des lenteurs étaient constatées notamment dans le processus de DDR (désarmement, démobilisation et réintégration), mais l'espoir est permis avec la validation, au cours de la 9e session du comité de suivi de la mise en œuvre de l'Accord, tenue à Bamako, les 13 et 14 juin 2016, du document relatif à l'entente «entre les parties maliennes à l'accord», a jugé M. Diop dans un entretien qu’il a accordé à notre journal. Cette entente qui porte sur les conditions de mise en place des autorités intérimaires, constitue «une avancée significative dans le processus de paix», a souligné le ministre, assurant que la mise en œuvre de l'accord se poursuit et que celle-ci fait partie des premières priorités du gouvernement malien malgré certaines difficultés. Il a cité, à ce titre, la non disponibilité du financement nécessaire à la réalisation des projets et programmes prévus dans l'accord, la complexité des procédures pour la mise en œuvre de certaines mesures et à la persistance de l'insécurité ambiante qui freine la relance des actions de développement, notamment au nord du pays.
«Nous ne devons pas céder, mais il nous faut agir vite. Plus nous perdons de temps, plus les groupes terroristes et narcotrafiquants s'installeront dans la région. Il importe donc de maintenir le dialogue et de renforcer la confiance entre le gouvernement et les mouvements signataires de l'accord», a souligné le ministre. «Le phénomène terroriste est une menace à la paix et à la sécurité au niveau national et international. Les interconnexions entre les groupes avec Boko Haram, l'organisation autoproclamée «État islamique» (EI/Daech), le terrorisme et l'extrémisme violent constituent une réelle menace», a-t-il ajouté. Certaines dispositions de l'accord, rappelle le ministre, demandent à ce que les mouvements signataires coupent tout lien avec les groupes terroristes et unissent leurs forces avec l'armée malienne pour lutter ensemble contre ce phénomène, notamment à travers les patrouilles mixtes, en coordonnant le partage du renseignement. Il est clair que les attaques des terroristes contribuent à ralentir le processus de paix et de réconciliation au Mali, d'où l'urgence d'aller encore plus vite dans l'application des dispositions de l'accord, a-t-il insisté.
«Nous pouvons aussi compter sur l'accompagnement et l'engagement de la communauté internationale, de la CEDEAO de l'Union africaine et de l'ensemble de nos partenaires», a-t-il noté. Nous attendons de nos partenaires, l'Algérie notamment, un pays ami et frontalier, un appui dans le domaine de la logistique et du renseignement, pour nous permettre de mieux combattre ce fléau qu'est le terrorisme. Aussi, soutient-il, (Barkhane, l'opération française au Sahel et la Mission des Nations unies au Mali, MINUSMA) doivent mieux se coordonner avec les parties maliennes pour agir ensemble et efficacement.
Le mandat et les règles d'engagement de la MINUSMA méritent d'être adaptés à la nouvelle situation sécuritaire. Aussi, l'accord a connu des avancées. En matière de défense et de sécurité, il a été procédé à la création du cadre institutionnel de la Réforme du secteur de la sécurité. Pour ce qui est du développement économique, social et culturel, la poursuite des actions de développement sur le terrain à travers, notamment, les projets et programmes sectoriels en cours. S'agissant du domaine de la justice, de réconciliation nationale et des questions humanitaires, la relance des services sociaux de base par le gouvernement dans les régions du Nord, en rapport avec la Plateforme et la Coordination. En matière de réformes politiques et institutionnelles, il y a eu la nomination et l'installation des gouverneurs des nouvelles régions de Taoudénit et Ménaka, l'amorce du processus de révision de la Constitution, l'élaboration du chronogramme de travail, notamment pour prendre en charge les dispositions de l'accord relatives à la mise en place de la 2e chambre du Parlement (Sénat) et la mise en place par le gouvernement d'une commission chargée de la relecture de la loi électorale.
Des signes positifs
M. Ramtane Lamamra a reçu l’équipe de la médiation internationale pour le Mali, élargie aux représentants diplomatiques au Mali des cinq pays du Conseil de sécurité des Nations unies. À l’issue de cette rencontre qui a eu lieu au siège de l’ambassade de l’Algérie, le responsable de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, Mohamat Salih Annadhif, a indiqué à la presse que cette rencontre a été une occasion pour «évaluer» la mise en œuvre de l’Accord de paix et de la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. «Nous nous réjouissons de la venue du ministre algérien. Il nous a réuni pour qu’on puisse faire le point de la situation», a-t-il souligné.
Il a mis en relief, à cette occasion, la présence à Bamako de l’un des «grands» responsables de la coordination de l’Azawad (CMA), Chérif Ag Ghali, signataire, a-t-il dit. Il a affirmé que la présence d’Ag Chérif, qui ne s’est jamais rendu dans la capitale malienne, constitue un événement «d’une extrême importance» pour la dynamique de la relance de la mise en œuvre de l’Accord. M. Annadhif s’est réjoui, ensuite, de la signature du protocole d’entente pour la mise en place des autorités intérimaires qui constitue, a-t-il estimé, un autre pas en avant dans le processus de paix au Mali. Il a exprimé, dans le même contexte, son optimisme face à «la nomination d’un haut représentant du Chef de l’État malien pour la mise en œuvre de l’accord». Il s’agit, pour lui, d’«autant de signes positifs» plaidant pour le maintien de cette dynamique dans la mise en œuvre de l’Accord. Tout en soulignant les pas positifs réalisés à l’occasion du 1er anniversaire de la signature de l’Accord, il a loué «le rôle de l’Algérie entant que chef de file et celui du ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, pour son action en tant que présidant du Comité du suivi de la mise en œuvre de l’Accord «CSA».
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