Le groupe Etat Islamique également appelé DAECH est bel et bien à nos portes. Ce, après sa débandade en Syrie, en Irak et plus récemment en Libye. La particularité du cas malien vivement encouragée par la présence de nombreux protagonistes et surtout l’hypocrisie de certains acteurs risque bien de profiter à l’envahisseur.
C’est en effet parce qu’il a perdu, le contrôle de Syrte, la ville portuaire hautement stratégique de Libye et située à 450 kilomètres de la capitale Tripoli, que le groupe Etat Islamique a jeté son dévolu sur l’Ouest africain en général et le Mali en particulier. Syrte, faut-il le rappeler, était aussi et surtout le fief des envahisseurs en question, venus d’Irak et de Syrie depuis maintenant plusieurs mois.
Iyad et Belmockar, les points focaux
Pour tout dire, DAECH cherche territoire après avoir perdu son fief en Syrie, en Irak, en Libye et le Mali s’avère à ses yeux, la meilleure opportunité, en tout cas, dans cette partie du continent d’ores et déjà confrontée à des conflits régionaux et intercommunautaires délibérément entretenus. Bref, un terrain propice ! Ceci peut expliquer ses motivations.
Disons-le tout de suite: la crise ici (au Mali) est délibérément entretenue et nourrie à cette fin par des acteurs de la tentative de sécession (MNLA et HCUA) aux ordres des groupes jihadistes à l’image d’Ançar-dine d’Iyad Ag Aly et du MUJAO. Est-ce à dire alors que la jonction tant redoutée entre DAECH et AQMI est en passe de se concrétiser au Mali ? Hélas, et pour cause !
Cette jonction s’explique, d’une part, par la question de survie des deux organisations terroristes (DAECH et AQMI) toutes deux confrontées à une offensive généralisée des coalitions anti-DAECH, mais aussi, par le souci pour certains acteurs, (dont les têtes sont mises à prix et de facto exclus des négociations pour être cités dans des cas de crimes de guerre), d’échapper à la machine judiciaire internationale.
En somme, les chances de survie, aussi bien des deux groupes terroristes que des acteurs, en l’occurrence, Iyad Ag Aly et Belmocktar dépendent désormais en garde partie de la fusion des deux entités, à savoir AQMI et DAECH lesquels jusqu’à, ce jour, étaient confrontés entre, eux dans un conflit territorial et de leadership. L’un et l’autre savent désormais qu’ils constituent la cible de grandes puissances ayant décidé, pour la circonstance, de faire fi de leurs divergences au profit d’une union sacrée à leurs détriments.
Bref, ce qui est arrivé à DAECH en Syrie, en Irak et en Libye peut bien arriver à AQMI dans le Sahel. D’où la probable jonction entre les deux groupes. Et Iyad et Belmockar apparaissent comme les éléments catalyseurs de l’interconnexion en cours. Mais d’abord, qu’est-il arrivé à DAECH et susceptible de frapper AQMI à son tour et à l’origine d’une probable fusion des deux groupes ?
DAECH, l’ennemi public N° 1 à abattre
C’est une coalition de 65 pays dirigée par les Etats-Unis qui a mené des frappes contre les positions de DAECH depuis août-septembre 2014 en Irak et en Syrie. Et depuis septembre 2015, ce sont les forces aérospatiales russes qui sont entrées dans la danse avec des opérations aériennes d’envergure en compagnie des armées Syrienne et iranienne.
Et selon Loukianov, vice-secrétaire du Conseil de sécurité de Russie, les Forces aérospatiales russes et les troupes de l’Armée régulière syrienne ont éradiqué près d’un tiers des terroristes de DAECH.
C’est, en tout cas, à l’issue de ces bombardements aussi bien de la coalition Américaine que Russe que les autorités irakiennes on a annoncé la mort probable, le 10 juin dernier, d’Al-Baghdadi (chef de l’Etat Islamique) à la frontière irako-syrienne. L’information n’a été ni infirmée ni confirmée par DAECH lui-même.
Ce qui ne prête cependant point à confusion, c’est la débandade de DAECH à Mossoul et à Falloujah où les militaires irakiens et les milices tribales ont désormais pris le contrôle. Rappelons que La ville de Falloujahs située à 65 kilomètres de la capitale Bagdad se trouvait sous le contrôle de DAECH depuis début 2014.
Quant à Mossoul, elle fait office de deuxième plus grande ville irakienne et doit sa libération à l’armée irakienne, mais aussi et surtout aux groupes de peshmergas kurdes et aux milices populaires chiites irakiens.
Le blocus économique
Le conflit ici, n’est pas que guerrier. Il est aussi économique et financier. Suite des manœuvres stratégiques des deux coalitions, les sources de financements et de ravitaillement de l’Etat Islamique semblent connaître elles-aussi des difficultés. De nombreux observateurs ont révélé des cas de défection dans les rangs des combattants de DAECH suite à la cessation des paiements de leurs salaires. C’est, en tout cas, ce que relèvent les autorités financières américaines, à savoir, Daniel Glaser, sous-secrétaire américain au Trésor: «Suite à ces efforts (blocage des voies de financement et de frappes aériennes détruisant l’infrastructure pétrolière), DAECH éprouve des difficultés à payer ses combattants. Nous avons vu que de nombreux combattants de DAECH quitter le champ de bataille pour cause de n’avoir pas reçu leur paie. La plupart d’entre eux ont été éliminés ou arrêtés».
Par ailleurs, ce ne sont pas seulement les coalitions armées américaines et russes qui s’acharnent désormais contre DAECH. Le destin aussi semble s’y mêler (lire encadré: «Quand le sida fait rage au sein des combattants de DAECH»).
En tout état de cause, le nombre des combattants de DAECH est en baisse suite aux bombardements et défections. «Le nombre de combattants étrangers entrant en Irak et en Syrie pour rejoindre le groupe Etat islamique (EI) est en forte baisse depuis environ un an, a justement déclaré le Général américain Peter Gersten. Selon lui, quand il est arrivé à Bagdad il y a un an, de 1.500 à 2.000 combattants étrangers rejoignaient les rangs de l’EI chaque mois. A présent, «nos estimations sont tombées à environ 200 par mois et nous voyons davantage de désertions parmi ces combattants», a-t-il dit. (Source Belga).
En somme, l’on se rend compte que les coalitions (américaine et russe) sont presque parvenues à leurs fins en mettant DAECH à genoux ou presque. La messe est donc dite. La prochaine cible s’avère indubitablement AQMI. D’où la tentative de jonction d’avec ce qui reste de DAECH et ses démarches conciliateurs d’Iyad Ag Aly et Mocktar Belmocktar.
Une question de survie …
Le saviez-vous ? Iyad Ag Aly et Moktar Belmocktar sont inscrits sur la liste noire du FBI américain et de l’ONU ! Ils sont recherchés morts ou vifs; un «wanted» à concurrence de plusieurs centaines de millions de francs CFA.
Aussi, ils ne pourront être concernés par aucun armistice, leurs crimes étant imprescriptibles. Bref, ils sont condamnés à rester d’éternels jihadistes et à périr tels pour avoir commis, faire commettre et revendiqué les pires attentats perpétrés en Afrique de l’Ouest (Mali, Burkina, Côte d’Ivoire, etc.). C’est dire que leur marge de manœuvre est sérieusement réduite. Vue sous prisme, la venue de DAECH ne peut représenter pour eux qu’une issue heureuse.
Il s’agit aussi bien pour eux ainsi que pour leurs organisations respectives, d’un dernier baroud d’honneur. De sources bien introduites, avec DAECH, ils préparent en effet une grande offensive dans tout le sahel et particulièrement au Mali. Les cibles potentielles : la MINUSMA, les FAMAS, l’Opération française Barkhane… Sur ce dernier point, ils envisagent faire le maximum de victimes dans les rangs des troupes françaises afin de susciter une réaction de l’opinion publique du pays dans la perspective d’un retrait pur et simple du contingent français.
Et selon toute évidence, tous les protagonistes, s’attendent au pire dans les jours à venir. Ce n’est évidemment pas un hasard si la MINUSMA et Barkhane ont décidé de renforcer leurs capacités en termes d’effectifs et de logistiques. La guerre a bel et bien commencé !
Batomah Sissoko
Encadré
Quand le sida fait rage au sein des combattants de DAECH
L’hôpital d’Ibn Sina de Mossoul dans le nord de l’Irak voit de plus en plus affluer des terroristes de Daech atteints du sida.
Actuellement, une chambre de l’hôpital accueille 23 personnes qui ont contracté le VIH, a précisé à Sputnik une source au sein de l’hôpital. Tous ces patients appartiennent à Daech, et leur nombre ne cesse d’augmenter.
A consulter les données archivées datant de 23 août 2015, l’hôpital avait enregistré seulement trois patients parmi les djihadistes d’origine asiatique. A l’heure actuelle, le nombre de personnes demandant un test et ayant découvert leur séropositivité atteint la barre de 23. Récemment, l’hôpital a accueilli six djihadistes très jeunes et novices.
Dans l’hôpital d’Ibn Sina, Daech a pris le contrôle d’un centre médical où l’on assure la chimiothérapie des personnes atteintes du sida. Les combattants grièvement blessés lors des combats ou des frappes aériennes sont soignés dans le même centre.