Cette maladie peut avoir pour conséquence la lésion, la perte d’enfants, l’exclusion sociale, la marginalisation, l’isolement, l’exclusion religieuse, l’abandon par le mari, le divorce
L’ONG IAMANEH-Mali a organisé le 30 mai dernier, dans le cadre de la Journée internationale de la fistule obstétricale, (célébrée le 23 mai de chaque année) une conférence-débat sur la prévention de la fistule obstétricale animée par le Dr Badian Togola, médecin chargé de la santé de la reproduction au Centre de santé de référence de Diéma. La cérémonie était placée sous la présidence du préfet de cercle, Baréma Diallo.
Initiée par IAMANEH-Mali et financée par l’Agence catalan pour la coopération et le développement (ACCD), l’Agence espagnole pour la coopération internationale et le développement (AECID) à travers l’ONG espagnole Coopéraccio, cette journée a drainé plus d’une centaine de femmes, de jeunes venus des 15 communes du cercle de Diéma.
A la cérémonie d’ouverture, le préfet de cercle a salué la tenue de cette journée qui permettra, à son entendement, de mieux éclairer la lanterne des femmes sur la fistule obstétricale, une maladie considérée dans notre société comme une fatalité, avec son cortège d’humiliation.
Le préfet a invité les femmes à poser des questions sans taboue afin de connaître toutes les mesures de prévention et de lutte contre la fistule qui affecte quotidiennement leur santé.
Il a remercié IAMANEH-Mali et ses partenaires dont les actions contribuent au développement sanitaire et social du cercle de Diéma, avant d’inviter les radios de proximité à relayer des messages de sensibilisation de nature à contribuer à minimiser les risques de la fistule obstétricale dans la circonscription.
Pour sa part, la chargée de programme d’IAMANEH-Mali, Mme Keïta Mariam Maïga a présenté sa structure, une association apolitique à but non lucratif dénommée « Association pour la promotion de la santé de la mère et de l’enfant au Mali ».
IAMANEH-MALI, a-t-elle poursuivi, a été érigée en organisation non gouvernementale le 6 janvier 2011. Elle a défini les objectifs de son organisation qui visent à réduire les problèmes de santé maternelle et infantile, créer des conditions visant à réduire la mortalité maternité et infantile, assurer la prise en charge médicochirurgicale des cas de fistule obstétricale au Mali, participer à la lutte contre les maladies touchant la mère et l’enfant, participer à la réflexion sur les problèmes de santé maternelle et infantile, appuyer l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de santé de la mère et de l’enfant, renforcer la position de la femme dans la société et dans la famille.
Le conférencier, Dr Badian Togola, s’est félicité du choix porté sur sa personne. Il a défini la fistule obstétricale comme une communication acquise entre le vagin et les organes de voisinage survenant lors d’un accouchement prolongé ou dystocique ayant pour conséquence une perte permanente des urines ou des matières fécales à travers le vagin. Il a expliqué les facteurs favorisant la fistule obstétricale notamment les erreurs médicales (la césarienne, les forceps, l’hystérectomie, les pratiques traditionnelles néfastes telles que l’excision, le mariage précoce, le recours tardif aux soins de santé, la pauvreté, l’inaccessibilité géographique aux services de santé, l’âge maternel précoce (moins de 18 ans) et la malnutrition.
Le conférencier a évoqué les conséquences de la fistule obstétricale qui sont la lésion, la perte d’enfants, l’exclusion sociale, la marginalisation, l’isolement, l’exclusion religieuse, l’abandon par le mari, le divorce, la séparation de corps, la réduction du temps du travail et du pouvoir d’achat et le traumatisme psychologique entre autres.
Il a expliqué les trois types de prévention de la fistule obstétricale à savoir la prévention primaire à savoir l’alphabétisation et/ou la scolarisation des enfants, l’engagement des autorités politiques, des leaders d’opinions dans la lutte contre le mariage précoce et les mutilations génitales féminines (MGF) et l’amélioration des conditions de vie des populations ; la prévention secondaire notamment le renforcement des compétences des prestataires des soins obstétricaux Néonataux d’urgence(SONU),http://bamada.net l’amélioration de l’accessibilité des structures de santé aux communautés et enfin la prévention tertiaire qui concerne le suivi de toute femme enceinte guérie de la fistule dans un milieu médicalisé avec des prestataires compétents, et l’accouchement par césarienne.
A ce propos, une ancienne fistuleuse, originaire de Diangounté Camara qui a voulu garder l’anonymat, a confié son expérience. « En 2011, se souvient-elle, lorsque j’ai attrapé la fistule, suite à un accouchement difficile, ce fut dur pour moi. J’avais perdu tout espoir. Durant plusieurs jours, je ne pouvais plus me déplacer. Je restais cloitrée dans la maison. J’étais comme entre la vie et la mort. J’étais devenue la risée du village. Les mauvaises langues s’étaient vite déliées. C’est dans cette tourmente que mon père est allé voir l’animatrice de notre village. Aussitôt on m’a évacuée à l’hôpital du Point G où ma prise en charge médicale et psychologique a été effectuée. Tout s’est bien passé. Je remercie IAMANEH-Mali qui, pour moi, m’a sauvée la vie ». Cela démontre toute l’attention à porter aux femmes malades de la fistule et le suivi médical.
O. BA
AMAP Diéma
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